<img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u83086/2016/10/mitterrand_2.png" style="font-size: 12px; width: 480px; height: 576px;" /><h3 class="s2">Atlantico : Quels sont les principaux enseignements de ce sondage sur le rapport des Français à Mitterrand et à son héritage ?</h3>Frédéric Dabi : &nbsp;Ce que montre ce sondage de manière éclatante, et c&#39;était le cas aussi pour un sondage fait en décembre 2010 pour les 30 ans du 10 mai 1981, c&#39;est que François Mitterrand n&#39;est plus du tout appréhendé comme un homme politique avec un bilan mais comme un personnage historique. Entre deux tiers et trois quarts des Français interrogés gardent un bon souvenir de François Mitterrand. Il est frappant de constater une sorte d&#39;affadissement des clivages : François Mitterrand, qui était haï par la droite, est salué par près d&#39;un sympathisant de droite sur deux (47%), François Mitterrand, qui a été parfois honni par le Parti communiste français, voit son bilan approuvé par une majorité énorme des sympathisants du Front de gauche.Est-ce de la nostalgie ? Est-ce lié à un bon souvenir rétrospectif d&#39;une époque où les présidents arrivaient à changer la vie et à peser sur le cours des événements, chose que ni la présidence de Nicolas Sarkozy, ni celle de François Hollande n&#39;ont réussi à faire ?Dernier point important : ce bilan n&#39;est pas figé. Entre le bilan perçu en juillet 1996 trois jours après la mort de François Mitterrand, celui fait en 2010 et celui fait en 2015, même si on retrouve toujours la peine de mort, la retraite et la 5e semaine de congés payés, il est intéressant de voir qu&#39;en 2010, quelques mois après les mouvements contre la réforme de la retraite, la retraite à 60 ans figurait parmi les éléments les plus importants du bilan de François Mitterrand aux yeux des Français.&nbsp;<img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u83086/2016/10/mitterrand_5.png" style="width: 480px; height: 573px;" /><h3 class="s2">Dans quelle mesure l&#39;héritage de François Mitterrand est-il très différemment perçu de celui de François Hollande ?</h3>Une différence très forte entre François Mitterrand et l&#39;actuel locataire de l&#39;Elysée est que le premier a un bilan extrêmement marqué, connu des Français, notamment ce qu&#39;il a fait au cours de la première année de son premier septennat : congés payés, abolition de la peine de mort, retraite, 39h. Si comme François Mitterrand avec la peine de mort, François Hollande a aussi pris une mesure sociétale avec le mariage pour tous, il ne l&#39;a pas accompagné de mesures économiques, ou d&#39;éléments de bilan qui auraient été positivement salués ou reconnus par les Français.<img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u83086/2016/10/mitterrand_8.png" style="font-size: 12px; width: 480px; height: 458px;" /><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u83086/2016/10/mitterrand_9.png" style="width: 480px; height: 621px;" /><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u83086/2016/10/mitterrand_16.png" style="font-size: 12px; width: 480px; height: 518px;" /><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u83086/2016/10/mitterrand_17.png" style="width: 480px; height: 644px;" />

Comment François Mitterrand est enfin devenu le président de tous les Français

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<h3 class="s2">Atlantico : Lors de la chute du Mur de Berlin en 1989, François Mitterrand n&rsquo;est pas là et brille par son absence. Comment l&rsquo;expliquez-vous&nbsp;?</h3>Marion Gaillard : Il l&rsquo;a lui-même expliqué par le fait qu&rsquo;il n&rsquo;avait pas nécessairement été invité. Les Allemands eux-mêmes ne l&rsquo;avaient pas prévu, donc c&rsquo;est logique que Mitterrand ne le savait pas. Ensuite, on lui a reproché de ne pas avoir effectué le déplacement. Il l&rsquo;a justifié en expliquant que c&rsquo;était un événement germano-allemand et qu&rsquo;il n&rsquo;avait pas nécessairement sa place. C&rsquo;est vrai qu&rsquo;en même temps, au vu de l&rsquo;étroitesse des relations entre lui et Helmut Kohl et entre la France et l&rsquo;Allemagne à ce moment-là, on aurait pu attendre de lui qu&rsquo;il y aille. J&rsquo;estime à titre personnel qu&rsquo;effectivement, cela aurait pu être bien qu&rsquo;il y aille pour marquer symboliquement l&rsquo;approbation de la France dans le processus de réunification, ou simplement la joie de la France de voir les Allemands se retrouver physiquement avec la chute du Mur. En même temps, il avait la responsabilité d&rsquo;être le chef de l&rsquo;Etat français et il a dit lui-même qu&rsquo;il se serait réjoui&nbsp;en tant qu&rsquo;Allemand mais qu&rsquo;il était français et que sa place n&rsquo;était pas forcément là-bas. Cela peut se discuter, mais cela se comprend. C&rsquo;est avant tout un événement entre les deux Allemagnes.<h3 class="s2">Y a-t-il une inquiétude de sa part, soit vis-à-vis de l&rsquo;inconnu de la réunification, soit vis-à-vis de l&rsquo;avenir des relations entre la France et l&rsquo;Allemagne&nbsp;?</h3>Marion Gaillard :&nbsp;Une inquiétude, oui. C&rsquo;est une inconnue, cela bouleverse un ordre qui n&rsquo;était pas forcément juste mais qui était connu, stable, et dans lequel s&rsquo;était réalisée la construction européenne. C&rsquo;était un cadre stabilisé qui avait garanti la paix pendant de nombreuses décennies, donc l&rsquo;inconnu angoisse toujours un petit peu. Par ailleurs, comme beaucoup de Français, il n&rsquo;a pas forcément un bon souvenir des périodes où l&rsquo;Allemagne a été un pays grand et puissant, et on peut difficilement lui en faire le reproche. Je rappelle qu&rsquo;à l&rsquo;époque, Valéry Giscard d&rsquo;Estaing s&rsquo;opposait complètement à la réunification, affirmant qu&rsquo;elle ne pourrait avoir lieu que lorsqu&rsquo;on aurait une Europe fédérale. On n&rsquo;y serait toujours pas aujourd&rsquo;hui&hellip; Donc il est inquiet, c&rsquo;est sûr. Il se demande quel va être le poids de l&rsquo;Allemagne dans cette nouvelle Europe. Est-ce qu&rsquo;elle va rester fidèle à ses engagements européens&nbsp;? Est-ce qu&rsquo;elle aura moins besoin de l&rsquo;Europe, sur le point économique mais aussi sur un plan plus symbolique&nbsp;? On ferme une période historique avec la réunification, donc cela peut laisser penser que l&rsquo;Allemagne aura quelque part soldé les comptes de la Seconde Guerre Mondiale et n&rsquo;aura plus besoin de se montrer comme le gentil allié de tout le monde au sein d&rsquo;une Europe unie.<h3 class="s2">N&rsquo;y a-t-il pas également la peur de voir l&rsquo;Europe s&rsquo;éloigner et glisser légèrement vers l&rsquo;Est&nbsp;?</h3>Marion Gaillard :&nbsp;Bien sûr. Il y a toujours cette angoisse française (qui est quelque part un mythe) d&rsquo;une Allemagne qui aurait un tropisme &quot;Mitteleuropa&quot;&nbsp;avec un chemin solitaire vers l&rsquo;est. Alors que ce n&rsquo;est pas du tout dans l&rsquo;esprit des dirigeants allemands. Pour eux, l&rsquo;ancrage de l&rsquo;Allemagne à l&rsquo;ouest dans ses relations avec son voisin la France dans le cadre de la C.E.E. est quelque chose qui n&rsquo;est ni discutable, ni discuté. Les Français ont ce fantasme-là, qu&rsquo;on retrouvait d&rsquo;ailleurs chez Georges Pompidou quand Willy Brandt a développé l&rsquo;Ostpolitik. Du coup, François Mitterrand arrive à transcender cette inquiétude réelle en gérant étroitement les événements avec Helmut Kohl, puisqu&rsquo;ils s&rsquo;entendent très bien depuis 1982 et que ces sept années d&rsquo;amitié leur permettent de laisser passer l&rsquo;orage. Il disait notamment que c&rsquo;était le propre d&rsquo;un couple de se disputer mais qu&rsquo;on mesurait sa solidité à la façon de résoudre ses disputes. Et surtout, Mitterrand conçoit la réunification de l&rsquo;Allemagne dans un cadre européen, donc en renforçant l&rsquo;Union européenne. Dans ce sens, Kohl est d&rsquo;accord puisqu&rsquo;il rappelle la phrase d&rsquo;Adenauer&nbsp;: l&rsquo;unité allemande et l&rsquo;unité européenne sont les deux faces d&rsquo;une même médaille. Donc au final, il y a des inquiétudes qui sont normales pour un homme français de cet âge-là, et qui sont gérées non pas en se tournant vers le passé mais plutôt vers l&rsquo;avenir, à savoir l&rsquo;Union européenne.<h3 class="s2">Est-ce qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas une peur de l&rsquo;Allemagne au niveau économique et monétaire, avec le souci d&rsquo;une union monétaire mal pensée vis-à-vis de cette réunification&nbsp;?</h3>Marion Gaillard : Il y a l&rsquo;angoisse d&rsquo;une domination économique de l&rsquo;Allemagne, et donc la volonté de Mitterrand (qui est très nette dans les archives) d&rsquo;accélérer le processus en cours d&rsquo;unification monétaire. Le mythe du deal &quot;réunification contre euro&quot; n&rsquo;est pas vrai. Les premières traces de réflexion sur l&rsquo;union monétaire qui mènent à Maastricht, c&rsquo;est en 1988. Le processus est déjà en cours, puisqu&rsquo;on a eu le comité Delors depuis juin 1988 et le rapport Delors en juin 1989. Il n&rsquo;y a donc pas de deal. En revanche, Mitterrand veut clairement accélérer le processus. De son côté, Kohl est beaucoup plus réticent. Non pas qu&rsquo;il soit opposé à l&rsquo;unification monétaire, mais il sait qu&rsquo;en Allemagne cela aura du mal à passer. Il a donc tendance à freiner le mouvement que Mitterrand, lui, veut accélérer. Du coup, il va mettre la pression en profitant de la présidence française de la C.E.E. au second semestre 1989 et en affirmant qu&rsquo;il allait mettre la question de l&rsquo;union monétaire à l&rsquo;ordre du jour du Conseil européen qui clôture la présidence européenne à Strasbourg en décembre 1989. Kohl tergiverse et Mitterrand lui dit qu&rsquo;il posera quoi qu&rsquo;il arrive la question. Au moment où il pose la question, Kohl se rallie à l&rsquo;idée de l&rsquo;ouverture d&rsquo;une conférence inter-gouvernementale sur l&rsquo;Union Economique et Monétaire à l&rsquo;automne 1990, juste après la réunification. Le but était d&rsquo;obtenir un engagement ferme de l&rsquo;Allemagne sur le chemin de l&rsquo;union monétaire avant la réunification.Nicolas Goetzmann : Il s&rsquo;agit surtout d&rsquo;une triste histoire, faite d&rsquo;incompréhension totale de ce qu&rsquo;est une politique monétaire mêlée à un contexte économique bien particulier. Sur la compétence relative à la politique monétaire, le pardon peut être justifié, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une &laquo;&nbsp;science&nbsp;&raquo; encore jeune. Sur le contexte, c&rsquo;est autre chose. Depuis le tournant de la rigueur de 1983, la France s&rsquo;est battue contre une inflation à deux chiffres et elle a obtenu le retour de la croissance, le réflexe naturel était alors de penser &laquo;&nbsp;c&rsquo;est facile, la lutte contre l&rsquo;inflation permet le retour de la croissance&nbsp;&raquo;. En conséquence, les européens ont choisi cette voie de lutte exclusive contre l&rsquo;inflation, mais ils ont oublié la crise déflationniste de 1929. Le résultat est d&rsquo;avoir gravé dans le marbre, au-delà des âges, la lutte contre l&rsquo;inflation comme objectif prioritaire de la Banque centrale européenne. Malheureusement, cette obsession a rendu possible le retour d&rsquo;une crise de type 1929. Et si une crise inflationniste est destructrice, une crise à tendance déflationniste, comme celle que nous connaissons depuis 2008, produit des ravages. Mais les institutions européennes de base ont été construites sur un modèle inverse, et ont ignoré cette possibilité. Par ignorance, la construction européenne a été bâtie sur la seule jambe de la lutte contre l&rsquo;inflation en oubliant totalement le volet emploi et chômage. Le résultat, nous pouvons le voir tous les jours. Mais l&rsquo;euro n&rsquo;est pas &laquo;&nbsp;mauvais&nbsp;&raquo; en lui-même, il est simplement mal construit, l&rsquo;euro est unijambiste. Le drame, finalement, c&rsquo;est que cette situation est évidente depuis 2008, mais que personne ne semble vouloir réagir pour donner sa deuxième jambe à l&rsquo;euro. Il pourrait en mourir. Mais l&rsquo;inscription&nbsp; de la recherche du plein emploi comme objectif de la BCE est une priorité, au même titre que l&rsquo;inflation. Sans cela, ce déséquilibre perdurera.<h3 class="s2">Il y a eu un choix de la part des dirigeants européens, dont François Mitterrand, de laisser l&rsquo;Allemagne poursuivre son orthodoxie budgétaire avec des politiques économiques favorables à la compétitivité allemande. N&rsquo;est-ce pas une erreur ou un manque de clairvoyance dans le sens où on pourrait dater de cette époque le début de la domination économique allemande&nbsp;?</h3>Marion Gaillard : J&rsquo;ai tendance à nuancer quelque peu ce propos parce qu&rsquo;il faut toujours se rappeler quel était l&rsquo;objectif quand on a voulu faire ce qui est devenu l&rsquo;euro. Du point de vue français, le but était de bénéficier de la force du deutsche mark. On ne voulait pas l&rsquo;euro pour avoir la peseta, la drachme ou le franc. On voulait l&rsquo;euro pour avoir un deutsche mark européen. On avait des monnaies faibles, on voulait une monnaie forte. Si on la voulait, il fallait alors un modèle allemand&nbsp;! Bien sûr, l&rsquo;Allemagne ne voulait pas sacrifier son deutsche mark sans avoir de garantie. On peut comprendre les Allemands&nbsp;: quand vous avez une Rolls Royce, vous n&rsquo;avez pas envie de finir en 2CV. Du côté français, quand vous avez une Peugeot 306, vous préférez aller vers la Rolls Royce que redescendre vers la 4L. C&rsquo;est donc un compromis entre des visions différentes, mais qui au final arrange tout le monde. Le but était d&rsquo;européaniser le deutsche mark. On a donc effectivement fait une monnaie sur le modèle allemand. Après, il est évident que l&rsquo;adoption du modèle allemand a des avantages et des inconvénients qu&rsquo;on paye aujourd&rsquo;hui d&rsquo;une certaine manière, notamment les Grecs. Je ne suis pas non plus certaine qu&rsquo;on puisse dire qu&rsquo;on a aujourd&rsquo;hui une Europe monétaire allemande. Il est complètement indéniable que l&rsquo;Allemagne a imposé lors de la crise grecque une certaine orthodoxie, mais la politique monétaire de la BCE ne ressemble pas du tout à ce que souhaitent les Allemands. Dans le cadre du conseil des gouverneurs de la BCE, le gouverneur allemand est régulièrement mis en minorité et la plupart des décisions se font contre sa volonté. On n&rsquo;a donc pas du tout une politique monétaire allemande.Nicolas Goetzmann : La politique économique allemande, depuis la réunification, a un sens. Elle poursuit ses propres intérêts. Le problème, c&rsquo;est que les autres pays peuvent ne pas avoir les mêmes intérêts mais ils suivent la même politique. Et c&rsquo;est cela qui n&rsquo;a, ici, aucun sens. Et la France avant tous les autres. Lorsque l&rsquo;Allemagne a lutté contre l&rsquo;inflation provoquée par la réunification, pourquoi tous les autres pays ont suivi le même mouvement&nbsp;?&nbsp; Pour faire comme l&rsquo;Allemagne. Cela n&rsquo;avait aucun sens, et cela a provoqué la baisse de la croissance et la hausse du chômage dans ces pays, mais le Franc ou la Lire ressemblait alors au Deutschemark. Puis, au début des années 2000, l&rsquo;Allemagne s&rsquo;est lancée dans une politique de passager clandestin, en freinant la hausse des salaires et en gavant ses entreprises, et là, les autres pays ont décidé que le &laquo;&nbsp;modèle allemand&nbsp;&raquo; était merveilleux. Et ce, sans voir que l&rsquo;Allemagne surfait sur la croissance de ses voisins. L&rsquo;erreur monumentale de la zone euro, c&rsquo;est d&rsquo;avoir pensé que le modèle allemand est supérieur à tous les autres. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un modèle moraliste mais pas d&rsquo;un modèle économique. Les dirigeants européens bavent devant l&rsquo;excédent de compte courant allemand, qui est aujourd&rsquo;hui supérieur à 8% du PIB, comme si cela était le signe que l&rsquo;économie du pays était vertueuse. Pourtant, une telle situation ne veut rien dire d&rsquo;autre que l&rsquo;Allemagne se trouve en position d&rsquo;imposer un large déséquilibre macroéconomique à toute l&rsquo;Europe. 8% de surplus de compte courant, cela veut dire que le pays est incapable de consommer ce qu&rsquo;il produit, les salariés ne sont pas capables d&rsquo;absorber leur propre production. C&rsquo;est un modèle à vocation inégalitaire. Si le projet européen ressemble à ça, il est peu probable qu&rsquo;il survive. Il est donc nécessaire de changer le modèle.<h3 class="s2">François Mitterrand a-t-il eu des regrets de ne pas avoir été présent au moment de la chute du Mur de Berlin&nbsp;?</h3>Marion Gaillard : Des regrets&nbsp;? Je ne sais pas, car je pense que Mitterrand est assez insondable, et s&rsquo;il en a eu il est bien trop malin pour l&rsquo;avoir exprimé. Dans le livre &quot;De l&rsquo;Allemagne, de la France&quot; qu&rsquo;il a écrit et qui est paru après sa mort, il cherche à se justifier. Après son mandat et à la fin de sa vie, il cherche à se justifier car il sent que le bât blesse là-dessus. On aurait pu penser qu&rsquo;il consacre les derniers mois de sa vie à écrire un livre pour justifier sa politique extérieure africaine, qui était beaucoup plus critiquable. Mais ce n&rsquo;est pas du tout ce qu&rsquo;il fait. Il choisit de consacrer son dernier livre à l&rsquo;Allemagne. Il a clairement le sentiment que les gens n&rsquo;ont pas bien compris ce qu&rsquo;il a fait. Mais il ne fait que se justifier dans son livre, il ne dit jamais qu&rsquo;il regrette ou qu&rsquo;il aurait dû faire autrement. Il explique. Il assure qu&rsquo;il a agi en tant que chef d&rsquo;Etat dans l&rsquo;intérêt de la France, et que donc il n&rsquo;allait évidemment pas sauter en l&rsquo;air comme un cabri pendant la réunification. Il gère un événement qui est quand même potentiellement déstabilisateur pour l&rsquo;Europe, il ne faut pas se leurrer. Il passe donc son temps à se justifier sans reconnaître au minimum les erreurs de communication. Ce que je pense et ce que disent d&rsquo;ailleurs ses conseillers, c&rsquo;est qu&rsquo;il manque un grand et beau discours. Il en a fait des très beaux discours, devant le Parlement européen, etc. Mais il manque un discours un peu symbolique aux côtés du chancelier Kohl avec de l&rsquo;émotion comme il savait faire. Cela ne veut pas dire qu&rsquo;il n&rsquo;a pas de regrets en lui, mais en tout cas il ne les exprime pas de manière officielle.

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Pourquoi la France paie cher l'attitude de Mitterrand dans la création de l'euro

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20e anniversaire de la disparition de François Mitterrand : Pourquoi la France paie très cher son erreur historique d’un deal "réunification allemande contre euro-aligné-sur-le-mark"

<div>&laquo; Auriol fait ses sept ans et il ne se représente pas&hellip; René Coty sombre avec la IVe République, il doit céder la place à de Gaulle&hellip; De Gaulle démissionne trois ans avant la fin de son second mandat&hellip; Pompidou est fauché par la maladie après quatre années à l&rsquo;Élysée&hellip; Giscard fait ses sept ans la première fois. Il croit être réélu quand je le bats. Aucun d&rsquo;entre eux n&rsquo;aura fait mieux que moi. &raquo;Puis il se repose un instant en attendant le repas (oeuf mollet, etc.) ; la fatigue, l&rsquo;émotion de la journée, tous ces comptes qu&rsquo;il a faits. À un moment, il se redresse dans son fauteuil, il considère avec étonnement la chambre vide et ces caisses qui traînent encore. Et il reprend, guilleret après avoir été si solennel :&laquo; Ce matin, en Conseil des ministres, j&rsquo;observais Édouard Balladur qui me rendait hommage. Un hommage vraiment sincère &ndash; après tout, il n&rsquo;était pas obligé&hellip; Je le regardais et je me disais qu&rsquo;il avait bien failli y arriver, que, si près du but, c&rsquo;était rageant de voir ainsi ses espoirs s&rsquo;envoler&hellip; &raquo;Le regret, s&rsquo;il est sincère, est bien tardif quand on sait comment Mitterrand a fait chuter Balladur, héros des sondages, avec cette affaire Schuller-Maréchal.On le disait mort ou presque. L&rsquo;autre (Balladur) était déjà Président. Président-bis, disait-il. Ah ! Ils allaient voir ! Durant cet épisode, l&rsquo;artiste montra son talent, poussa ses derniers feux machiavéliens. Il exécuta l&rsquo;arrogant Balladur.</div><div><div>Il reprend, avec le même air réjoui cette fois, et vaguement moqueur : &laquo; Chirac a fini par y arriver&hellip; Chirac, Président, vous imaginez ? &raquo;</div>Il n&rsquo;attend pas ma réponse, il continue à se demander à propos de Balladur : &laquo; De toute façon, Balladur est trop impopulaire&hellip; Mais avec lui ça aurait peut-être été du sérieux. &raquo;Puis il en vient à ce dont je n&rsquo;osais parler : le grand débat télévisé qui avait opposé, la veille, Chirac et Jospin. Je pensais qu&rsquo;aborder ce sujet devait sentir la mort. Nous étions entre les deux tours. Chirac gagnerait.&laquo; Hier soir, c&rsquo;était vraiment un match nul. &raquo;Il insiste sur le &laquo; nul &raquo; &ndash; j&rsquo;ai compris. Pour la première fois dans la campagne à sa succession, il a l&rsquo;air apaisé. Il n&rsquo;est plus à cran lorsqu&rsquo;on aborde le sujet, aigre à l&rsquo;égard de Jospin, trop attentif à Chirac ou ressassant la trahison de Balladur, &laquo; l&rsquo;étrangleur ottoman &raquo; ; amer dans tous les cas. Cette fois, il connaît son successeur, ce sera Chirac, et cette perspective a l&rsquo;air de le rassurer.Hier soir, après un tel &laquo; match nul &raquo; en effet, il a dû se coucher en paix. Le débat suintait l&rsquo;ennui : platitudes, technicité, manque de passion, absence d&rsquo;accrochages, assauts d&rsquo;amabilités. Mitterrand n&rsquo;avait pas participé à ce débat, mais il en était sorti grandi. On allait vite le regretter &ndash; il a dû le sentir. Alors il prend un ton nouveau, un air détaché :&laquo; Il y avait trop de chiffres, et pas d&rsquo;affrontement véritable. Chirac a été moins bon que contre moi en 1988. Il n&rsquo;était pas stimulé &ndash; il n&rsquo;en avait pas l&rsquo;air. Quant à Jospin, il s&rsquo;en est plutôt honnêtement tiré. Au bout du compte, un bon débat de ministres gestionnaires&hellip; &raquo;Il dit &laquo; ministres gestionnaires &raquo;, et c&rsquo;est terrible. Il a eu le même ton d&rsquo;ordinaire dédaigneux qu&rsquo;il prend quand il&nbsp;parle de Rocard. Un jugement sans appel, un jugement d&rsquo;expert. &laquo; C&rsquo;est le niveau d&rsquo;un bon ministre des PTT. &raquo;Passe un silence désolé. Puis il me fait signe d&rsquo;approcher. Il fronce les sourcils, l&rsquo;oeil aigu ; le nez pincé par la volonté, il attend ma totale attention, avant de souffler cette phrase qui résonne encore : &laquo; En fait, je suis le dernier des grands Présidents&hellip; &raquo;Il a dit ça vite, sans chercher ses mots, sans les classer ; grandiloquent puis aussitôt gêné ; inquiet que je le prenne pour un vieux fou. Il laisse passer un instant, et, en effet, j&rsquo;en ai besoin pour réaliser l&rsquo;énormité de l&rsquo;aveu. Peut-être saisit-il mon trouble, il tente de rationaliser :&laquo; Enfin, je veux dire le dernier&hellip; dans la lignée de De Gaulle&hellip; Après moi, il n&rsquo;y en aura plus d&rsquo;autres. &raquo;Il ordonne ses idées, et en parlant étaye sa conviction :&laquo; À cause de l&rsquo;Europe&hellip;À cause de la mondialisation&hellip;À cause de l&rsquo;évolution nécessaire des institutions&hellip;Dans le futur, ce régime pourra toujours s&rsquo;appeler la Ve République&hellip; Mais rien ne sera plus pareil. Le Président deviendra une sorte de super-Premier ministre, il sera fragile. Il sera obligé de cohabiter avec une Assemblée qui aura accumulé bien des rancoeurs et des rivalités et qui, à tout moment, pourra se rebeller. Et ce sera la cohabitation permanente, une sorte de retour à la IVe. &raquo;Je relis ces phrases vingt ans après. Comme elles résonnent.Extrait de &quot;Mitterrand : &quot;Dites-leur que je ne suis pas le diable&quot;.&quot; de Georges-Marc Benamou,&nbsp;publié&nbsp;aux&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://www.plon.fr/ouvrage/mitterrand-dites-leur-que-je-ne-suis-pas-le-diable-/9782259248617" target="_blank">éditions Plon</a>,&nbsp;2016.&nbsp;&nbsp;Pour acheter ce livre,&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://www.amazon.fr/Mitterrand-Dites-leur-que-suis-diable/dp/2259248616/ref=sr_1_sc_1?s=books&amp;ie=UTF8&amp;qid=1452172940&amp;sr=1-1-spell&amp;keywords=georges-marc+benamou+dites-leur+que+je+ne+suis+pas+le+diable&amp;tag=a0660-21" target="_blank">cliquez ici.</a><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u74711/2016/01/mitterrand.jpg" style="font-size: 12px; width: 311px; height: 500px;" /></div>&nbsp;

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François Mitterrand se considérait comme "le dernier des grands Présidents"

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Pourquoi François Mitterrand se considérait comme "le dernier des grands Présidents"

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100ème anniversaire de sa naissance : comment François Mitterrand est enfin devenu le président de tous les Français

&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.43.15.png" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.43.15.png" style="width: 500px; height: 284px;" /></a>Cliquez sur l&#39;image pour agrandir - Tous droits réservés France-politique.fr<h3 class="s2">2012&nbsp;: la majorité &nbsp;introuvable</h3>Avec un FN plus fort qu&rsquo;en 2007 mais une droite moins forte qu&rsquo;en 2002, même une hypothétique coalition entre la droite de gouvernement et le FN ne permettrait pas de réunir la majorité absolue des sièges. Affaibli par rapport à 2007, le MoDem ne permettrait pas non plus à la gauche de gouvernement ou à la droite de gouvernement de former une coalition gouvernementale majoritaire. Encore une fois, par défaut la seule solution semblerait résider dans une &laquo;&nbsp;grande coalition&nbsp;&raquo; entre la droite et la gauche de gouvernement.&nbsp;<h3 class="s2">&nbsp;</h3><a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.48.58.png" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.48.58.png" style="width: 500px; height: 278px;" /></a>Cliquez sur l&#39;image pour agrandir - Tous droits réservés France-politique.fr<h3 class="s2">2007&nbsp;: le centre au centre du jeu</h3>Si ni la droite ni la gauche n&rsquo;atteignent la majorité absolue des députés (289), une coalition entre la droite et le centre atteindrait relativement confortablement 312 sièges. Cette hypothèse serait d&rsquo;autant plus facile à mettre en œuvre que le centre, constitué par la MoDem, vient justement de la droite où sont restés une partie des anciens bayrouistes (Hervé Morin, François Sauvadet, Jean-Christophe Lagarde). Fort de ses 19% au premier tour de le présidentielle et des 49 députés de son nouveau parti, le MoDem, François Bayrou serait l&rsquo;homme fort de la nouvelle coalition, celui sans qui aucune majorité n&rsquo;est possible.&nbsp;&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.51.13.png" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.51.13.png" style="width: 500px; height: 278px;" /></a>Cliquez sur l&#39;image pour agrandir - Tous droits réservés France-politique.fr<h3 class="s2">2002&nbsp;: la tentation du FN à droite</h3>Aucune majorité ne se dégage spontanément. L&rsquo;hypothèse d&rsquo;une coalition gouvernementale entre la droite de gouvernement et le FN, qui atteindrait tout juste la majorité absolue des sièges, se heurterait certainement au refus d&rsquo;une partie de la droite, à l&rsquo;image de ce qui se passa au conseil régional de Rhône-Alpes en 1998. Resterait alors la solution d&rsquo;une &laquo;&nbsp;grande coalition&nbsp;&raquo; à l&rsquo;allemande, associant la gauche de gouvernement et la droite de gouvernement. Cette révolution culturelle en France serait sans doute l&rsquo;unique moyen d&rsquo;éviter une crise institutionnelle.Laurent de Boissieu, fondateur des sites <a href="http://www.france-politique.fr/">France-politique.fr</a> et <a href="http://www.europe-politique.eu/">Europe-politique.eu</a>&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.53.28.png" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.53.28.png" style="width: 500px; height: 277px;" /></a>Cliquez sur l&#39;image pour agrandir - Tous droits réservés France-politique.fr&nbsp;&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.54.38.png" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_04.54.38.png" style="width: 500px; height: 276px;" /></a>Cliquez sur l&#39;image pour agrandir - Tous droits réservés France-politique.fr&nbsp;&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_05.12.55.png" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u70462/2014/11/capture_decran_2014-11-05_a_05.12.55.png" style="width: 500px; height: 276px;" /></a>Cliquez sur l&#39;image pour agrandir - Tous droits réservés France-politique.fr&nbsp;Méthodologie : proportionnelle intégrale (méthode d&#39;Hondt) à l&#39;échelon national (et non départemental comme aux élections législatives de 1986); sauf rares exceptions (MRG et majorité présidentielle en 1988 et 1993), les regroupements ne correspondant pas à une alliance électorale effective (extrême gauche, divers gauche, divers droite) n&#39;ont pas été pris en compte. Un seuil de 1% des suffrages exprimés a été appliqué.Avertissement : les simulations électorales sont toujours hasardeuses, notamment parce que les comportements électoraux et la configuration politique dépendent du mode de scrutin; ces projections donnent cependant des ordres de grandeur suffisamment pertinents.&nbsp;&nbsp;<h3 class="s2">Les perdants&nbsp;: le PS et l&rsquo;UMP</h3>Les avantages et inconvénients des différents modes de scrutin sont connus. La représentation proportionnelle est la plus électoralement juste, car les sièges sont grosso modo répartis proportionnellement au nombre de voix obtenues. Le mode de scrutin majoritaire, lui, déforme la volonté mathématique du corps électoral mais permet, sauf exceptions, de dégager une majorité nette et donc d&rsquo;assurer la stabilité gouvernementale. Depuis 1988, la gauche (en 1988, 1997 et 2012) ou la droite (en 1993, 2002 et 2007) ont ainsi à chaque fois remporté une majorité absolue des députés à l&#39;Assemblée nationale.Or, si on effectue une répartition proportionnelle des sièges à partir des résultats du premier tour des élections législatives depuis 1988, il n&rsquo;y aurait eu qu&rsquo;une seule fois sur six où la gauche ou la droite de gouvernement auraient atteint la majorité absolue des sièges (en l&rsquo;espèce la gauche en 1988). Toutes les autres fois, des négociations, inédites sous la Ve République, auraient été nécessaires afin de dégager une majorité gouvernementale. Une situation courante dans des régimes parlementaires classiques. Mais un retour en France au &laquo;&nbsp;régime des partis&nbsp;&raquo; auquel Charles de Gaulle avait voulu mettre fin avec les institutions de la Ve République.Dès lors, tout serait envisageable. D&rsquo;autant plus que le vote comme l&rsquo;offre politique dépendent du mode de scrutin&nbsp;: nul ne sait quelle serait l&rsquo;étendue, dans la perspective d&rsquo;un scrutin proportionnel à un tour, des deux principales coalitions, celle de droite et celle de gauche. Si le Front de gauche et Europe Écologie Les Verts se sont éloignés du PS, si l&rsquo;UDI semble aujourd&rsquo;hui prendre son autonomie vis-à-vis de l&rsquo;UMP, cela n&rsquo;a pas toujours été le cas, en particulier lors des législatives passées. Il s&rsquo;agit là d&rsquo;une limite de l&rsquo;exercice de transposition des modes de scrutin. Tout au moins en ce qui concerne les rapports de force internes à la gauche de gouvernement et à la droite de gouvernement, car l&rsquo;effet d&rsquo;un changement de mode de scrutin est plus facile à appréhender pour les forces politiques qui proposent une troisième voie indépendante du PS et de l&rsquo;UMP.<h3 class="s2">Les gagnants&nbsp;: le FN et le MoDem</h3>L&rsquo;actuel scrutin uninominal majoritaire à deux tours est un scrutin d&rsquo;alliance au second tour. Les forces politiques qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas entre les deux tours s&rsquo;allier avec le pôle de gauche, dominé par le PS, ou le pôle de droite, dominé par l&rsquo;UMP, se trouvent laminées. C&rsquo;est en particulier le cas du centre, à équidistance de la droite et de la gauche, et de l&rsquo;extrême droite, isolée par le &laquo;&nbsp;cordon sanitaire&nbsp;&raquo; formé par les partis de gouvernement.Le premier bénéficiaire d&rsquo;un passage à la représentation proportionnelle intégrale serait en effet le Front national. Depuis les élections législatives de 1988, l&rsquo;extrême droite est épisodiquement représentée au Parlement, et de façon marginale&nbsp;: une députée en 1988 (Yann Piat, qui quittera le FN dès octobre 1988) puis en 1989 à l&rsquo;occasion d&rsquo;une législative partielle (Marie-France Stirbois)&nbsp;; un élu en 1997 (Jean-Marie Le Chevallier, dont l&rsquo;élection sera finalement invalidée)&nbsp;; trois élus en 2012 (Marion Maréchal - Le Pen, Gilbert Collard et Jacques Bompard). Avec la représentation proportionnelle, en revanche, le FN aurait continuellement bénéficié d&rsquo;un groupe parlementaire avec 58 députés en 1988, 82 en 1993, 101 en 1997, 71 en 2002 (auxquels se seraient ajouts six dissidents mégrétistes), 27 en 2007 et 87 en 2012.Le second bénéficiaire de ce changement de mode de scrutin serait le Mouvement démocrate. Si ce dernier s&rsquo;est rapproché depuis novembre 2013 de l&rsquo;UDI, au centre droit, le MoDem est historiquement issu de le la fraction de l&rsquo;UDF que François Bayrou a détaché de la droite entre 2005 et 2007, votant en 2006 une motion de censure déposée par la gauche contre le gouvernement de Dominique de Villepin puis refusant en 2007 d&#39;appeler à voter pour Nicolas Sarkozy entre les deux tours de l&rsquo;élection présidentielle. Avec la représentation proportionnelle, son nouveau parti, le Mouvement démocrate, aurait gagné 49 députés aux législatives de 2007, contre cinq au scrutin majoritaire&nbsp;: François Bayrou, Jean Lassalle, Jean-Christophe Lagarde (qui quittera aussitôt l&rsquo;UDF-MoDem), Thierry Benoit (qui quittera l&rsquo;UDF-MoDem dès décembre 2007) et Abdoulatifou Aly. En 2012, à la proportionnelle, le MoDem, en perte de vitesse, aurait malgré tout encore conservé 11 députés, contre deux au scrutin majoritaire&nbsp;: Jean Lassalle et Thierry Robert.<h3 class="s2">2017&nbsp;: une &laquo;&nbsp;grande coalition&nbsp;&raquo; face au FN&nbsp;?</h3>Le passage à la représentation proportionnelle intégrale pour les élections législatives de 2017, ou pour d&rsquo;éventuelles législatives anticipées en cas de dissolution de l&rsquo;Assemblée nationale, pourrait aboutir à une situation inédite en France.Si l&rsquo;on se base sur les résultats des élections européennes de mai 2014 et sur les sondages d&rsquo;intentions de vote pour la présidentielle de 2017, l&rsquo;offre politique pourrait principalement se résumer à cinq pôles&nbsp;: la gauche de gouvernement autour du PS (dont une partie d&rsquo;Europe Écologie Les Verts), la droite de gouvernement autour de l&rsquo;UMP sarkozyste (dont une partie de l&rsquo;UDI), le Front national, le Front de gauche (élargi à une partie d&rsquo;Europe Écologie Les Verts) et le centre (MoDem et une partie de l&rsquo;UDI).Dans l&rsquo;état actuel des choses, aucun de ces cinq pôles n&rsquo;obtiendrait à lui tout seul la majorité absolue des sièges de l&rsquo;Assemblée nationale. Face à un FN pesant autour de 30% des députés, l&rsquo;unique coalition gouvernementale possible consisterait à associer la gauche de gouvernement (éventuellement délestée de son aile &laquo;&nbsp;frondeuse&nbsp;&raquo; antilibérale), le centre et la droite de gouvernement (éventuellement amputée de son aile la plus droitière). Ce serait la concrétisation de l&rsquo;&laquo;&nbsp;UMPS&nbsp;&raquo; &nbsp;dénoncée par Marine Le Pen. Ce serait aussi la réalisation du rêve de François Bayrou d&rsquo;une majorité centrale, réalisant les réformes libérales découlant des engagements européens de la France mais qu&#39;au pouvoir ni l&#39;UMP ni le PS n&#39;assument jusqu&#39;au bout.<div style="text-align: right;"><div style="text-align: left;"><div><div style="text-align: right;">Propos recueillis et mis en forme par <a href="http://fr.linkedin.com/pub/franck-michel/32/b75/508/" target="_blank">Franck Michel </a>/ sur <a href="https://twitter.com/F_A_M_actu" target="_blank">Twitter</a></div></div></div></div><div style="text-align: right;">&nbsp;</div><div style="text-align: right;">&nbsp;</div>

Bienvenue dans le monde "merveilleux" de la proportionnelle intégrale 

Promesse 48

Bienvenue dans le monde "merveilleux" de la proportionnelle intégrale : ce à quoi aurait ressemblé l’Assemblée nationale depuis 1988 avec ce mode de scrutin

<h3 class="s2">Atlantico : La côte de confiance de François Hollande est la plus basse jamais observée. Quelles conclusions, quels enseignements, peut-on en tirer ?</h3>Christian Delporte : Si l'on compare la popularité de François Hollande à celle de ses deux&nbsp;prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac au cours de son second mandat, les deux partaient de plus haut. Mis à part cela, les trois courbes sont presque parallèles : elles chutent très rapidement au cours des premiers mois.Le fait est qu'aujourd'hui, cette courbe de popularité chute plus rapidement qu'auparavant, notamment du fait de la crise. Si l'on compare le niveau de confiance envers François Hollande à celui d'autres dirigeants européens, de droite comme de gauche, on s'aperçoit que l'impopularité est très vive. Comme si le public attendait beaucoup, mais que très vite arrivaient les&nbsp;désillusions. <h3 class="no-margin" style="text-align: center;">Cote de confiance de François Hollande de mai 2012 à mars 2013 </h3><a href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/hollande_89.jpg" target="_blank"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/hollande_88.jpg" alt="" width="430" height="290"></a>Cliquer sur le graphique pour agrandir <h3 style="text-align: center;">Cote de confiance de Nicolas Sarkozy de mai 2007 à mars 2008 </h3><a href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/sarkozy_1.jpg" target="_blank"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/sarkozy_0.jpg" alt="" width="430" height="293"></a>Cliquer sur le graphique pour agrandir Cote de confiance de Jacques Chirac de mai 1995 à mars 1996<a href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/chirac_4.jpg" target="_blank"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/chirac_3.jpg" alt="" width="430" height="296"></a>Cliquer sur le graphique pour agrandir <h3 class="s2">Atlantico : Justement, si l'on compare ces courbes à celles de François Mitterand, ce dernier était parvenu à convaincre l'opinion publique progressivement. N'est-ce que le résultat d'éléments contextuels&nbsp;?</h3>Christian Delporte : On était franchement dans une autre période. La courbe, après ces quelques mois, chutait très rapidement en 1983-1984. C'est d'ailleurs pour cela que sont arrivés à l'Elysée les gourous du président, Gérard Colé et Jacques Pilhan. Le contexte, en tous les cas, n'était pas un contexte de crise. Il y avait déjà une défiance à l'égard de la classe politique mais elle n'était ni aussi vive ni aussi spontanée qu'elle ne l'est depuis quinze ans. Cote de confiance de François Mitterrand de mai 1981 à mars 1982<a href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/mitt_0.jpg" target="_blank"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/mitt.jpg" alt="" width="430" height="292"></a>Cliquer sur le graphique pour agrandir<h3 class="s2">Atlantico : Comment analyser cette obsession des commentateurs et des analystes pour le bas niveau de la côte de popularité de François Hollande, si elle n'est finalement que contextuelle ?</h3>Christian Delporte : Je ne crois pas qu'il y ait de l'acharnement. C'est une réalité : la popularité du président est très basse, en termes absolus. Mais l'espoir était déjà plus faible que pour ses deux&nbsp;prédécesseurs&nbsp; Il part de moins haut, donc il tombe nécessairement plus bas. La côte de popularité de François Hollande n'a jamais été très forte.Le gros problème d'un responsable politique aujourd'hui, c'est que par le passé, lorsque la popularité chutait, on pouvait espérer qu'elle remonte à un moment ou à un autre. On s'aperçoit que ce n'est plus le cas. Il suffit de regarder l'évolution de Nicolas Sarkozy : elle dégringole à partir de 2008 et ne remontera pas. Pendant tout son mandat, sa côte de popularité est très faible.<h3 class="s2">François Hollande est-il condamné à voir sa cote de popularité continuer de s'enfoncer, même en proposant des mesures ou des réformes populaires ?</h3>Je ne sais pas s'il est condamné, tout dépendra de ses résultats : si la courbe du chômage ne s'inverse pas, s'il n'y a pas de satisfaction sur le plan économique et social... il n'y a absolument aucune raison que sa popularité ne remonte. Son&nbsp;prédécesseur&nbsp;a eu le même problème. Les Français sont aujourd'hui exigeants, très rapidement déçus et ils souffrent de la crise. L'impopularité de l'exécutif est l'expression de cette souffrance collective. Elle montre que le sentiment général tend vers une impuissance des politiques pour résoudre les problèmes du quotidien. Ce n'était pas le cas à l'époque de François Mitterand.<h3 class="s2">Quelles sont les conséquences de cette impopularité ?</h3>Toute la politique repose sur la confiance. Il est plus difficile dans ce contexte, pour le président, d'être crédible. Le public a confiance... ou pas. Au début d'un mandat, les électeurs ont confiance en l'élu, même s'ils n'ont pas voté pour lui initialement. Mais très vite, ils perdent cette confiance.Les conséquences risquent d'être avant tout électoral. Il peut y avoir une droite qui gagne les prochaines élections, municipales, régionales ou encore européennes, par défaut de la gauche. Ca ne veut pas dire que ceux qui votaient à gauche vont voter à droite, mais qu'ils risquent de se démobiliser, au profit du camp adverse. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé pendant le mandat précédent, dans le sens inverse.Graphiques réalisés <a href="http://www.tns-sofres.com/popularites/cote2/" target="_blank">grâce à l'outil TNS Sofres / Cotes de popularité des présidents.</a>

Comment interpréter le record d'impopularité de François Hollande ?

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Record d'impopularité de François Hollande : ce que les expériences de ses prédécesseurs révèlent de la gravité de sa situation

1960 : Les premiers voeux présidentiels du général de Gaulle se déroulent dans son bureau de l'Elysée. Une grande partie de son discours est consacré à l'actualité internationale : la France est en effet en pleine guerre d'Algérie, et ce discours précède de quelques jours le référendum sur l'autodétermination de ce pays, finalement accepté par les Français le 8 janvier 1961. Son discours soutient également les mouvements de décolonisation en Afrique et en Asie, sans oublier une critique de l'Union Soviétique (nous sommes en pleine Guerre froide) "qui asservit musulmans et peuples qui lui sont étrangers".<iframe src="http://www.ina.fr/video/embed/I00012295/1067526/261206535691f382575c0dc286d6c4bd/480/360/0" frameborder="0" height="360" scrolling="no" width="480"></iframe>1969 : Georges Pompidou privilégie la simplicité (le discours ne dure que trois minutes) et revient longuement sur l'après-mai 68 : "Je souhaite que 1970 soit l'année du renouveau, après les épreuves subies, les périls surmontés. Que notre pays puisse reprendre dans le calme son effort vers le progrès, le bien-être, la justice".<iframe src="http://www.ina.fr/video/embed/CAF88041702/1067526/261206535691f382575c0dc286d6c4bd/480/360/0" frameborder="0" height="360" scrolling="no" width="480"></iframe>1974 : Valéry Giscard d'Estaing s'attelle, pour la première fois, à dépoussiérer cet exercice des voeux. Il ne les effectue pas dans un bureau de l'Elysée mais près d'un feu crépitant (il sera le seul à le faire), et veut en changer la portée : "Je ne souhaite pas vous ennuyer en vous présentant les actions à conduire dans la politique française, ni vous attrister en vous rappelant les difficultés et les risques réels du monde dans lequel nous vivons". Sa conclusion - "Adieu donc 1974, et salut à toi, 1975" - est restée une formule célèbre.<iframe src="http://www.ina.fr/video/embed/CAF88035705/1067526/261206535691f382575c0dc286d6c4bd/480/360/0" frameborder="0" height="360" scrolling="no" width="480"></iframe>1994 :&nbsp;A la veille de la dernière année de son second mandat présidentiel, François Mitterrand adresse à "ses chers compatriotes" ses voeux, où il souhaite une meilleure répartition des richesses, une meilleure politique sociale et salariale. Pour finir, il assène quelques recommandations d'ordre moral : "Je crois aux forces de l'esprit, je ne vous quitterai pas".<iframe src="http://www.ina.fr/video/embed/CAB95000121/1067526/261206535691f382575c0dc286d6c4bd/425/319/0" frameborder="0" height="360" scrolling="no" width="480"></iframe>1995 : Les voeux de Jacques Chirac se déroulent dans un contexte particulier, après trois semaines de manifestations contre le plan Juppé sur les retraites : "Il n'est pas facile de réformer, je le sais. Je connais vos inquiétudes et vos angoisses face au chômage et à un avenir incertain". Le président de la République s'attèle néanmoins à ne pas changer de cap : "Il n'est plus possible de gouverner aujourd'hui comme on l'a fait ces vingt dernières années: esquiver les vrais problèmes, poser des pansements sur des blessures qu'on ne soigne jamais, remettre à demain ce qu'il faut faire sans délai".<iframe src="http://www.ina.fr/video/embed/CAB96000119/1067526/261206535691f382575c0dc286d6c4bd/480/360/0" frameborder="0" height="360" scrolling="no" width="480"></iframe>2007 : Le discours pré-crise de Nicolas Sarkozy montre des résurgences de celui de Jacques Chirac douze ans plus tôt : "Notre pays a trop attendu, le temps presse si nous voulons rester maîtres de nos destins". Il rappelle "l'urgence des réformes qui attendent depuis vingt ou trente ans". Il parle également d'une "politique de civilisation pour&nbsp;bâtir les codes et la ville du XXIe siècle : intégration, diversité, justice, droits de l'homme, environnement, goût du risque et de l'aventure, sens de la responsabilité, respect, solidarité".<iframe src="http://www.ina.fr/video/embed/3523000001045/1067526/261206535691f382575c0dc286d6c4bd/480/360/0" frameborder="0" height="360" scrolling="no" width="480"></iframe><h3 class="s2">Atlantico&nbsp;: Le président de la République a adressé lundi soir ses premiers voeux présidentiels aux Français. Un exercice auquel tous les chefs d'Etat de la Vème République se sont pliés. Peut-on faire des comparaisons entre la prestation de François Hollande et celle de ses prédécesseurs&nbsp;? Etait-il à l'aise dans cet exercice&nbsp;?</h3>Jacques Charles-Gaffiot&nbsp;: Malgré un décor très sobre (ouvert sur le jardin de l'Elysée) et qui reprend celui choisi par Jaques Chirac à plusieurs reprises, François Hollande n'est pas apparu aussi à l'aise qu'il voulait le faire croire. Son discours était extrêmement haché, à la différence de ses prédécesseurs, qui s'exprimaient plus lentement et donc avec plus de solennité.A noter que le chef de l'Etat s'est exprimé environ 8 minutes, soit une durée comparable à celle de ses prédécesseurs (sauf pour le général de Gaulle qui s'était exprimé 15 minutes en 1968).&nbsp;Par ailleurs, on a vu un président s'adressant plus à lui-même qu'aux Français. En témoigne l'utilisation massive du pronom «&nbsp;je&nbsp;», là où François Mitterrand par exemple utilisait beaucoup le «&nbsp;nous&nbsp;».<h3 class="s2">Justement, les politologues ont déjà tenté à plusieurs reprises de comparer les présidences de François Mitterrand et de François Hollande. On sait que le premier président socialiste de la Vème République a servi de modèle et a fortement inspiré l'actuel chef de l'Etat. Peut-on trouver des points de comparaison entre les deux hommes dans la manière de présenter leurs vœux aux Français&nbsp;?</h3>En 1981, les vœux de François Mitterrand s'ouvrent sur la «&nbsp;Symphonie pour les soupers du Roi&nbsp;» de De Lalande et non sur «&nbsp;La Marseillaise&nbsp;». François Mitterrand est assis derrière un bureau tandis que Hollande est debout. Au-delà de ces petites différences de style, il en existe une autre de taille&nbsp;: lorsque François Mitterrand présente ses vœux, on a véritablement l'impression qu'il s'adresse à la nation. Il dit «&nbsp;nous l'avons fait&nbsp;» en parlant des réformes entreprises. Et pour justifier la lenteur des réformes qui ne sont pas encore achevées, François Mitterrand évoque très habilement les lenteurs de l'Histoire. Ce qui lui permet par là même de replacer son action dans l'Histoire de France.Or, si on reprend le discours de François Hollande, la France n'est la France que si elle marche en avant. L'Histoire ne compte plus, c'est l'avenir qui fait la France. Peu importe où l'on va, l'important c'est d'avancer. L'activisme prend le pas sur la direction à suivre, même si elle mène vers un précipice.&nbsp;Il est aussi important de souligner l'utilisation de mots comme «&nbsp;nous&nbsp;» ou «&nbsp;ensemble&nbsp;» que n'a pas utilisés François Hollande. Les anciens chefs d'Etat, qu'il s'agisse de Mitterrand ou de Pompidou, soulignaient ainsi que le bien-être de la nation se construisait avec les chefs du gouvernement et de l'Etat. Avec Hollande c'est le «&nbsp;je&nbsp;» qui l'emporte le plus souvent.<h3 class="s2">Plus proche de nous, quelles différences et quels points de comparaison peut-on faire entre les vœux de Nicolas Sarkozy et ceux de François Hollande&nbsp;?</h3>Lors de ses premiers vœux, Nicolas Sarkozy est debout dans la cour de l'Elysée. Son propos est extrêmement posé. Comme François Hollande, il utilise beaucoup le «&nbsp;je&nbsp;», mais il parle à deux reprise de «&nbsp;l'intérêt général&nbsp;».Surtout – on voit que les services de communication sont passés par là – il tient ses mains avec les doigts croisés. Sans doute pour éviter un débordement avec des gestes trop précipités comme on le lui reprochait. Dans ses discours, Hollande est très expansif&nbsp;: il agite les deux bras de manière un peu saccadée. Lorsqu'il a présenté ses vœux le cadrage de la caméra ne permettait pas de voir cette gestuelle habituelle. Tout cela, sans doute dans le but d'ajouter de la solennité à ce moment.<h3 class="s2">Quelle importance spécifique ont ces premiers voeux, pour un président de la République ?</h3>François Hollande l'a dit lui-même&nbsp;: présenter ses vœux aux Français lorsqu'on est président de la République est un bon exercice. C'est un bon exercice parce qu'il sort du cadre de la politique. Le temps de Noël reste, en France et en Occident, le temps de l'intimité familiale&nbsp;: on quitte son emploi du temps quotidien pour retrouver de vraies valeurs. Je pense que les vœux présidentiels restent un moment attendu des Français qui espèrent une attention particulière de la part du chef de l'Etat.&nbsp;

Petite histoire des vœux présidentiels

Mes chers compatriotes...

Petite histoire des vœux présidentiels, ces révélateurs des forces et faiblesses de ceux qui les prononcent 