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<h3 class="s2">Atlantico : Education nationale, universitaires, fédération CGT des services publics mais aussi appels à la grève dans plusieurs entreprises du privé... Quelle sociologie peut-on faire des personnes qui manifestent aujourd&#39;hui contre la loi El Khomri ? PME, grandes entreprises, services publics... Qui sont-ils ?</h3><p><strong>Eric Verhaeghe : </strong>Majoritairement des actifs qui ne relèvent pas du secteur privé ni du code du travail. Parmi eux, on trouve un grand nombre de fonctionnaires peu concernés par la réforme du marché et du droit du travail (et même pas concernés du tout), épuisés par une politique salariale publique qui n&#39;a ni queue ni tête. Rappelons ici qu&#39;en 2012 la gauche a arrêté le plan de suppression d&#39;emplois lancé par Nicolas Sarkozy, avec son non-remplacement des départs à la retraite. La même gauche a même décidé de recruter de manière totalement dogmatique et populiste 60 000 enseignants en plus, sans se poser la question de l&#39;intelligence de cette mesure. Résultat : face à la contrainte budgétaire, il a fallu rémunérer ces nouveaux venus en gelant les salaires pendant plusieurs années. Même si diverses stratégies de contournement ont été mises en place pour &quot;dégeler&quot; en partie la situation, il n&#39;en reste pas moins que les fonctionnaires sont désespérés par une situation bloquée pour longtemps.&nbsp;</p><p><strong>Hubert Landier : </strong>On trouvera dans la rue trois types de manifestants.</p><p>D&rsquo;abord, les conservateurs&nbsp;; pour eux, tout changement au code du Travail, dès lors qu&rsquo;il remet en cause certaines protections légales, apparaît comme un danger, voire comme une profanation. Et cela même s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;adapter le droit à l&rsquo;évolution des réalités économiques et de favoriser la création d&rsquo;emplois. Et même si ces protections légales sont plus formelles que réelles. Les conservateurs sont installés derrière des textes et ils craignent que leur remise en cause ne débouche sur la fin de leur tranquillité. Ce sont des rentiers qui défendent leur rente.</p><p>Viennent ensuite ceux qui sont animés par une intention idéologique ou un projet politique. Il s&rsquo;agit pour eux de dénoncer &quot;les cadeaux aux entreprises&quot;, ou &quot;la dérive libérale du Gouvernement&quot;. Certains sans doute sont sincères dans leur indignation, mais ils ne s&rsquo;aperçoivent pas qu&rsquo;ils sont manipulés par des leaders soucieux d&rsquo;abord de faire tomber le Gouvernement afin de prendre sa place.</p><p>Viennent enfin les réformistes, pour lesquels il s&rsquo;agit d&rsquo;obtenir des améliorations et qui reprochent au Gouvernement de n&rsquo;avoir pas laissé davantage de place au point de vue des syndicats avant de présenter son projet.</p><p>Vous amalgamez tout ça, vous y rajoutez les revendications salariales à la SNCF et à la RATP, et ça vous donne la journée d&rsquo;action du 9 mars.</p><h3 class="s2">Parmi les salariés qui défilent contre la loi El Khomri, combien sont réellement concernés par une réforme du droit du travail ?</h3><p dir="ltr"><strong>Eric Verhaeghe : </strong>A ce stade, très peu et pour une raison simple : les salariés du privé savent que des adaptations sont indispensables. Chaque jour, ils mesurent l&#39;absurdité des situations qu&#39;ils connaissent en interne. Les protections souvent absurdes que le Code du Travail offrent aujourd&#39;hui servent régulièrement les tire-aux-flancs et désespèrent les &quot;travailleurs&quot; qui jouent le jeu du collectif. Rien n&#39;est plus agaçant pour un collègue que de devoir faire le boulot de ceux qui utilisent le Code du Travail comme une arme pour protéger leur paresse ou se défiler au maximum des tâches qui leur reviennent. L&#39;idée que le Code du Travail n&#39;est pas assez protecteur est une posture de ceux qui ne connaissent rien à la vie de l&#39;entreprise. Il y a donc peu de chances pour que les salariés du privé se &quot;retournent&quot; véritablement contre le projet de loi. En revanche, il existe un risque évident de voir les &quot;troupes&quot; étudiantes servir d&#39;idiots utiles pour une contestation dont ils seront les premières victimes.&nbsp;</p><div dir="ltr"><h3 class="s2">Quel point peut-on faire aujourd&#39;hui de la légitimité des syndicats représentants les salariés, nombreux à se positionner contre les intentions de la loi El Khomri ?</h3><p><strong>Eric Verhaeghe : </strong>Il existe deux blocs distincts. Les réformistes se focalisent aujourd&#39;hui contre deux ou trois mesures, comme la barémisation des indemnités de licenciement, mais ne contestent pas vraiment le fond de la loi. Celle-ci propose de déroger au Code du Travail par accord d&#39;entreprise. C&#39;est un dispositif qui aide surtout les grandes entreprises mais les amateurs du genre trouveront que le texte va dans le bon sens. La victoire du Gouvernement est d&#39;éviter le débat sur ces points-là et de le concentrer, somme toute, sur des points mineurs par rapport à l&#39;économie d&#39;ensemble. On notera que ce pôle réformiste est le plus représentatif du secteur privé : il regroupe les confédérations syndicales qui sont dominées par les fédérations du privé (CFDT, CGC, CFTC). L&#39;UNSA fait exception parmi eux.</p><p>L&#39;autre bloc, celui des &quot;contestataires&quot;, qui demande le retrait global du texte, regroupe les syndicats dominés par les fonctionnaires ou les entreprises publiques. C&#39;est évidemment le cas de la CGT et de FO, qui détiennent des bastions dans les services publics. Ceux-là ne craignent évidemment rien du chômage, ni du marché de l&#39;emploi. Ne pas le réformer leur convient donc très bien.&nbsp;</p><p><strong>Hubert Landier : </strong>Les syndicats représentatifs des salariés au niveau national sont au nombre de 5. Deux d&rsquo;entre eux, la CGT et FO, réclament le retrait du texte et trois autres, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, veulent des modifications, ce qui n&rsquo;est pas la même chose.</p><p>Les autres, soit n&rsquo;ont qu&rsquo;une faible influence, soit ne sont pas concernés, ce qui est le cas des syndicats d&rsquo;étudiants, de magistrats ou d&rsquo;enseignants. Ils sont là pour faire nombre mais cela ne doit pas faire illusion.</p><h3 class="s2">Comment évoluer le potentiel contestataire de l&#39;articulation du mouvement social contre la réforme ferroviaire et de celui contre la loi El Khomri ?</h3><p><strong>Eric Verhaeghe : </strong>C&#39;est la grande inconnue, et la grande crainte du Gouvernement ! La peur de voir un &quot;mouvement social&quot; éclaté de façon fortuite, mais qui surferait sur la grogne latente dans le pays, traverse le pouvoir depuis la crise de 2008. C&#39;est le réflexe bien connu du : &quot;Et si les Français descendaient dans la rue pour préparer le Grand Soir&quot; ? Chaque conjonction de mouvement social donne lieu à la même crainte. Rien n&#39;exclut qu&#39;elle ne se produise, mais cette idée est forcément biaisée par la reconstruction<em> a posteriori</em> de l&#39;histoire de la Révolution Française. Des générations d&#39;historiens marxistes nous l&#39;ont dépeinte comme un basculement brutal de l&#39;ombre vers la lumière, conduit par des bourgeois et réalisé par des foules en colère. La réalité de la Révolution est très différente. Elle s&#39;est plutôt produite par une série de basculements de petite ampleur, et par des réactions politiques désordonnées, aléatoires, qui ont fini par &quot;faire Révolution&quot;. Nous pourrions assister à un phénomène de ce genre dans les jours à venir, mais il faut se souvenir qu&#39;il a déjà commencé. Rappelons qu&#39;un Français sur dix a manifesté le 11 janvier 2015 pour une forme d&#39;unité nationale. Cette aspiration n&#39;a pas tardé à être déçue. De mon point de vue, le potentiel contestataire se trouve plus de ce côté-là que du mouvement &quot;social&quot;.</p></div>

Les manifestentants représentent-ils ceux qui sont concernés par la loi Travail

Politico Scanner

<p>Selon les résultats d&#39;un sondage TILDER / LCI / OPINIONWAY publié ce jeudi, 57% des Français interrogés approuvent la démarche des syndicats étudiants qui appellent manifester le 9 mars contre le projet de loi El-Khomri.&nbsp;</p><p>&quot;Il pourrait s&rsquo;agir d&rsquo;un événement banal tant les appels à la grève estudiantins ont été nombreuses naguère dans le cadre des modifications de règles régissant le droit du travail. On peut notamment citer les grèves qui avaient accompagné les tentatives de mise en œuvre de contrats ad hoc pour les jeunes entrants sur le marché du travail : le CIP en 1994, le CPE en 2006 (&hellip;) le gouvernement Hollande avait jusque-là été assez épargné par les appels massifs à la grève. A ce titre, le soutien de l&rsquo;opinion publique à l&rsquo;appel à la grève doit être interprété comme un signe supplémentaire de l&rsquo;impopularité du gouvernement et de la défiance des Français à l&rsquo;endroit de l&rsquo;exécutif&quot;, observe Nicolas Boudot, associé chez Tidler.</p><p>Cette enquête révèle par ailleurs que 41% des Français sollicités sont favorables à un retrait du projet El-Khomry (40% préféreraient une modification du projet et 18% souhaiteraient qu&#39;il soit maintenu).</p><p>&quot;Ce résultat est la conséquence directe d&rsquo;une erreur de communication de la part de l&rsquo;exécutif. En effet, c&rsquo;est le manque de pédagogie et surtout le décalage temporel entre l&rsquo;annonce d&rsquo;une réforme du Code du Travail qui expliquent ce mauvais résultat. Une réforme aussi importante avec des enjeux qui touchent chaque Français nécessite un temps de préparation de l&rsquo;opinion publique, a fortiori lorsque le gouvernement qui souhaite porter une réforme est impopulaire&quot;, analyse également Nicolas Boudot.</p><p><strong><a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/loi-travail-c-est-reforme-non-sire-c-est-revolution-et-docteur-sylvestre-dit-pourquoi-jean-marc-sylvestre-2596799.html" target="_blank">&gt;&gt;&gt;&gt; à lire aussi : Loi sur le travail : &quot;C&lsquo;est une réforme ? Non sire, c&rsquo;est une révolution&quot; et le Docteur Sylvestre nous dit pourquoi</a></strong></p><div>&nbsp;</div></p>

code du travail 

Loi Travail : 57% des Français soutiennent la manifestation étudiante du 9 mars

Opinion

Loi Travail : 57% des Français soutiennent la manifestation étudiante prévue le 9 mars 

<p>Pas de retrait mais &quot;beaucoup de choses à modifier&quot;<em>. </em>Martine Aubry a répété que &nbsp;la réforme du Code du travail ne lui convenait pas en l&rsquo;état, mais elle n&rsquo;a pas réclamé le retrait pur et simple du projet de loi. Lundi 7&nbsp;mars au soir, Myriam El Khomri a défendu son avant-projet de loi sur le droit du travail devant le bureau national du Parti socialiste. La discussion a duré trois heures avec quelque 35 interventions, et les participants ont qualifié le ton de &quot;courtois&quot;. En face de la ministre du Travail, figurait notamment une des plus farouches opposantes à sa réforme&nbsp;: Martine Aubry.</p><p>&quot;J&rsquo;ai expliqué à Myriam El Khomri que sa réforme du code du travail n&rsquo;améliore pas la compétitivité des entreprises et qu&rsquo;elle n&rsquo;accroît pas la protection des salariés, elle est extrêmement dangereuse&quot; a expliqué la maire de Lille à l&rsquo;issue de la réunion, ajoutant&nbsp;: &quot;Il y a beaucoup de choses à changer, on ne peut pas se contenter de deux ou trois petites modifications, en disant <em>:</em> -Vous voyez, on l&rsquo;a amélioré, on a écouté tout le monde-.<em>&quot;</em></p><p>&quot;Qu&#39;on se donne encore un peu de temps&quot;, a encore plaidé l&#39;ancienne secrétaire du PS, qui avait provoqué une tempête médiatique il y a&nbsp; quelques jours <a class="Colorbox" href="http://A l"issue d'une réunion au siège du Parti socialiste lundi soir, la maire de Lille a expliqué que cette réforme était en l'état &quot;extrêmement dangereuse&quot;." target="_blank">en publiant dans Le Monde une tribune au vitriol contre l&rsquo;exécutif</a>. &quot;Que nous retravaillions pour faire que ce projet de loi soit un vrai projet moderne qui, à la fois, améliore la compétitivité des entreprises et crée de nouvelles protections pour les salariés&quot;. Selon elle, il faut &quot;mettre le paquet sur la formation, sur la recherche, sur l&#39;innovation. Il faut que les salariés se sentent bien dans l&#39;entreprise si l&#39;on souhaite qu&#39;ils y soient attachés et qu&#39;ils améliorent encore leur compétitivité&quot;.</p><p>Les différences entre socialistes sont-elles réconciliables ? Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du parti, a estimé que &quot;la philosophie globale du texte, avec plus de souplesse pour les entreprises et plus de sécurité pour les salariés, est partagée par tous les socialistes&quot;. Il a toutefois concédéqu&#39;il fallait &quot;des modifications&quot;.<br />&nbsp;</p>

martine aubry regarde derrière elle

Loi El Khomri : Martine Aubry exige "beaucoup de modifications" mais pas le retr

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Loi El Khomri : Martine Aubry exige "beaucoup de modifications" mais pas le retrait du texte


France

Politique

Journée de grève et de mobilisation : les manifestants anti loi El Khomri sont-ils les plus concernés par la réforme du code du travail ?

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<h3 class="s2">Atlantico : Les résultats des élections professionnelles dans la fonction publique ont été dévoilés mardi 9 décembre et selon les données du ministère de la Fonction publique, pour l&rsquo;ensemble des agents (Etat, Territoriale et Hospitalière), la CGT comptabilise 23,1% des voix et reste en tête devant la CFDT (19,2%), suivie de FO (18,6). L&rsquo;Unsa, à 10,3%, est le syndicat qui enregistre la plus forte progression. Les affaires qui ont secoué la CGT peuvent-elles à elles seules expliquer la baisse sensible de l&#39;organisation ?</h3><p><strong>Luc Rouban : </strong>Si l&#39;on prend les résultats d&#39;ensemble des trois fonctions publiques, le recul de la CGT est réel mais ce n&#39;est pas une catastrophe puisqu&#39;elle passe de 25,4% à 23,1% et qu&#39;elle reste en tête. Elle reste aussi largement en tête des deux fonctions publiques où l&#39;on compte le plus d&#39;agents de catégorie C, les plus modestes. Elle fait ainsi 29,5% (contre 33% il est vrai lors des élections précédentes) dans la territoriale où elle arrive largement en tête face à la CFDT (qui fait 22,3% en seconde position) et 32,1% (contre 33,6% précédemment) dans l&#39;hospitalière devançant là encore largement la CFDT (qui fait 24,8%).</p><p>La baisse de la CGT est surtout sensible dans la fonction publique de l&#39;Etat, où la proportion de cadres est de l&#39;ordre de 56% (en y incluant les enseignants) puisqu&#39;elle passe de 15,8% à 13,4% et passe de la seconde position qu&#39;elle occupait ex aequo avec la FSU à la cinquième place derrière l&#39;UNSA et la CFDT. <strong>Il faut donc prendre en considération le fait que ces données sont des agrégats statistiques qui recouvrent des situations très fragementées et diverses selon les ministères, les secteurs, les collectivités et les organisations et selon leur sociologie respective.</strong> On ne dispose pas pour l&#39;instant d&#39;enquête précise permettant de savoir ce qui a pu jouer le plus dans ce déclin relatif de la CGT. L&#39;&quot;affaire Lepaon&quot; a certainement eu un rôle car elle a mis en lumière les dérives oligarchiques qui peuvent toucher les syndicats. <strong>Ce type de polémique est très révélateur de la défiance qu&#39;un nombre croissant de fonctionnaires éprouvent à l&#39;égard de centrales confédérales qui ont été structurées pour fonctionner &quot;en haut&quot; dans le cadre de vastes négociations salariales mais qui sont assez faibles &#39;en bas&quot; c&#39;est-à-dire dans la vie concrète des services et sur le terrain des carrières</strong>. On peut également faire l&#39;hypothèse que la culture ouvrière portée par la CGT ne &quot;parle&quot; plus autant qu&#39;avant à des fonctionnaires dont même les plus modestes sont désormais souvent surdiplômés. Il se peut également que l&#39;on assiste à une fracture naissante entre générations, les plus jeunes pensant que la CGT n&#39;est plus aussi dure dans sa contestation que FO ou Solidaires. Mais tout cela reste à confirmer.</p><h3 class="s2">Lors des dernières élections la CGT (25,4%), la CFDT (19,1%) et FO (18,1%) avaient pourtant progressé au détriment de plus petites structures comme l&#39;Unsa (9,3%) alors que cette fois les petites structures semblent avoir été privilégiées. Comment expliquer l&#39;inversement de cette tendance ?</h3><p>On ne peut pas raisonner ainsi car la taille des confédérations n&#39;explique pas l&#39;implantation très différente de leurs fédérations dans chaque secteur. Là encore, les chiffres globaux agrègent des données très ponctuelles qui correspondent à des cultures syndicales particulières. Mais on peut penser effectivement que les &quot;appareils&quot; syndicaux lourds attirent plus la méfiance que des syndicats plus sectoriels. <strong>La crise financière amplifie les réflexes corporatistes et la défense du &quot;métier&quot;, ce qui peut susciter des craintes de voir les grands appareils opérer des arbitrages entre corps ou entre catégories en fonction de stratégies nationales</strong>. Cela étant, on n&#39;enregistre pas une croissance forte des petites structures de fonctionnaires : la CFTC passe de 4% à 3,3%, la CGC reste à 2,9% (là encore en moyenne car dans la police, Alliance-police CGC passe à 41% gagnant 4 points sur 2011 !), les syndicats étiquetés &quot;divers&quot; passent de 3,2% à 3,3%.</p><h3 class="s2">La participation aux élections dans la fonction publique a à nouveau subi un recul, avec seulement 52,8&thinsp;% des quelque 5 millions d&rsquo;agents qui y ont voté, soit 2 points de moins que lors du scrutin précédent. Quelle a été la tendance au cours des dix dernières années ? Faut-il y voir une défiance croissante vis-à-vis des organisations syndicales ?</h3><p><strong>On assiste à un écroulement du taux de participation depuis 2011</strong>. Dans la seule fonction publique de l&#39;Etat, on est passé d&#39;un taux de participation de 53% en 2011 à 52,3% en 2014 contre 70% en 2008 mais plus de 80% dans les années 1980. Il est indéniable que la défiance des fonctionnaires à l&#39;égard des syndicats s&#39;est accentuée. Selon l&#39;Observatoire de la confiance politique du Cevipof, le niveau de confiance des fonctionnaires dans les syndicats est passé de 43% en 2012 à 31% en 2014 alors que ce niveau de confiance passait dans le même temps de 34% à 28% dans le secteur privé. <strong>Cette perte brutale de confiance dans les fonctions publiques est liée au fait que les syndicats ont été très fortement déstabilisés par l&#39;individualisation des carrières lancées par la RGPP à partir de 2008 puis par le fait qu&#39;ils ont été incapables d&#39;obtenir des revalorisations salariales très attendues après 2012.</strong></p><h3 class="s2">Cette baisse a-t-elle un sens particulier pour la fonction publique ?</h3><p>Certainement, car la fonction publique a toujours été plus syndiquée que le secteur privé et s&#39;est toujours mobilisée fortement pour des journées d&#39;action du moins jusqu&#39;à une date récente. Le fait que la participation ne soit que de 41,7% à l&#39;Education nationale, le secteur traditionnellement le plus ancré à gauche et le plus revendicatif, montre bien que <strong>l&#39;on est entré dans une période d&#39;anomie fort dangereuse où la contestation sociale risque de ne plus passer par la voie syndicale mais par la voie politique au plus grand bénéfice du Front national qui a sensiblement progressé dans les rangs de la fonction publique notamment à partir des élections de 2012 et qui gagne du terrain chez les cadres et les enseignants même si c&#39;est encore de manière marginale.</strong> Cette anomie est cependant bien plus forte dans la territoriale (où la participation est passée de 59,1% à 54,5%) car c&#39;est là que l&#39;on trouve la plus grande proportion d&#39;agents en situation de précarité (notamment des femmes à temps partiel).</p><h3 class="s2">La ministre de la fonction publique, Marylise Lebranchu avait estimé avant ces élections qu&#39;un recul de participation serait &quot;un vrai souci&quot;, craignant &quot;que la fonction publique soit emportée&quot;, comme d&rsquo;autres pans de la société, &quot;par une forme de non-reconnaissance de l&rsquo;utilité des corps intermédiaires&quot;. Peut-on interpréter ces résultats en ce sens ?</h3><p>Ces élections constituent un échec pour la ministre car elle avait appelé effectivement à une forte mobilisation. Le fait que la participation soit aussi basse signifie que le dialogue social va se faire dans des conditions très difficiles avec des syndicats peu représentatifs alors même que la loi de 2013 a ouvert de nouveaux espaces à la négociation sur les carrières, la formation, les conditions de travail, etc. Il ne faut pas oublier, par exemple, que si un syndicat obtient 20% de voix avec une participation de 50%,<strong> il ne représente en fait que 10% des agents inscrits sur les listes</strong>. Par ailleurs, et c&#39;est la seconde leçon de ces élections, il faut souligner que les syndicats réformistes ne sont pas venus détrôner les syndicats contestataires. Ces derniers sont toujours en tête, du moins en moyenne. La CFDT, par exemple, n&#39;a pas réussi à faire une percée et reste presque aux mêmes niveaux qu&#39;en 2008-2011. L&#39;idée de s&#39;appuyer sur les réformistes contre les contestataires afin de négocier dans une période de pénurie budgétaire va se révéler impraticable.</p>

Elections dans la fonction publique : la chute finale du dialogue social

<p>Enseignants, infirmiers, douaniers, agents des impôts, policiers... Pour la première fois, les cinq cinq millions 400 mille&nbsp;fonctionnaires français étaient tous appelés à voter en même temps, ce jeudi 4 décembre, pour désigner les organisations syndicales chargées de les représenter.</p><script async src="//platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script><p>L&#39;enjeu du scrutin est de taille puisqu&#39;il déterminera la représentativité syndicale chez les agents de la fonction publique pour les quatre années à venir et quel syndicat sera le plus important à la sortie des urnes.&nbsp;</p><p>Les regards se portent surtout sur le score de la CGT aujourd&#39;hui dans la tourmente. L&#39;image de la première force syndicale a récemment été abimée par les révélations sur les travaux menés dans l&#39;appartement de fonction et le bureau de Thierry Lepaon, son directeur général, ainsi que sur ses indemnités reçues de la CGT Basse-Normandie.</p><p><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" scrolling="no" src="//www.dailymotion.com/embed/video/x2aiodw" width="480"></iframe></p><p><br /><a href="http://www.dailymotion.com/video/x2aiodw_la-cgt-parodie-star-wars_shortfilms" target="_blank">La CGT parodie Star Wars !</a> <i>par <a href="http://www.dailymotion.com/Ecranlarge" target="_blank">Ecranlarge</a></i></p><p>Le taux de participation du vote d&#39;aujourd&#39;hui ne sera connu que vendredi soir. S&#39;il se révélait inférieur à celui enregistré lors des dernières élections (55%), cela serait un &quot;vrai souci&quot; a estimé la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu. Les résultats, quant à eux, ne tomberont que mardi prochain. Certains indicateurs seront toutefois connus avant, comme, par exemple, le résultat du vote (par voie électronique) de l&#39;Education.&nbsp;</p>

Election syndicales : plus de cinq millions de fonctionnaires appelés aux urnes 

Jour V 

Elections syndicales : plus de cinq millions de fonctionnaires appelés aux urnes 

<p>Thierry Lepaon joue gros ce mardi. Devant les 56 membres de la Commission exécutive, le leader de la CGT va devoir s&#39;expliquer à propos de ses&nbsp;dépenses coûteuses dans son appartement de fonction, dans son bureau et ses indemnités (31 000 euros) lors de son départ de la CGT Basse-Normandie. Vendredi, le patron du syndicat avait refusé de démissionner après de nombreuses &quot;affaires&quot; révélées par la presse.&nbsp;<span style="font-size: 11.8181819915771px; line-height: 1.5;">Au cours de cette réunion, un rapport financier doit être d&#39;ailleurs présenté et des propositions seront avancées pour &quot;améliorer les procédures financières dans la CGT&quot;.</span></p><p>La suite s&#39;annonce compliquée pour Thierry Lepaon qui semble de moins en moins apprécié au sein de la CGT. Une impopularité qu&#39;il avait déjà en Normandie <a class="Colorbox" href="http://www.rtl.fr/actu/politique/thierry-lepaon-un-beau-plumage-et-rien-dans-la-cervelle-attaque-une-ancienne-collegue-7775809114" target="_blank">comme le raconte</a>RTL.<span style="font-size: 11.8181819915771px; font-family: arial, sans-serif; font-weight: normal; line-height: 1.5;">&nbsp;En effet, ses anciens collègues balancent. &quot;Son nom résume tout : c&#39;était un beau plumage et rien dans la cervelle. Ce que je n&#39;aimais pas chez lui, et il le sait, c&#39;est que lorsqu&#39;il parlait des délégués de chez lui, il disait&nbsp;</span><em style="font-size: 11.8181819915771px; font-family: arial, sans-serif; font-weight: normal; line-height: 1.5;">&#39;mes boeufs&#39;</em><span style="font-size: 11.8181819915771px; font-family: arial, sans-serif; font-weight: normal; line-height: 1.5;">. Comment on peut être aussi méprisant avec ceux qui vous ont élu ?&quot; explique l&#39;un de ses ex-partenaires.</span></p><h3>&nbsp;</h3><p><strong><a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/cgt-veritables-enjeux-affaire-lepaon-eric-verhaeghe-1894873.html" target="_blank">A LIRE AUSSI - CGT : les véritables enjeux de l&#39;affaire Lepaon</a></strong></p><p>RTL explique encore que &quot;les salariés de l&#39;usine Moulinex, dont il a été licencié en 2001, ne semblent, eux, pas surpris des mésaventures de Thierry Lepaon&quot;. Ils parlent aussi d&#39;une &quot;prime à l&#39;embauche&nbsp;qu&#39;il aurait encaissée en 1983&quot; ou du &quot;whisky&nbsp;qu&#39;il partageait avec le patron de l&#39;usine&quot; ou enfin de &quot;la voiture avec chauffeur&nbsp;dont il aurait bénéficié&quot;.</p><p>Par ailleurs, Marianne révèle que l&#39;indemnité perçue par le numéro un de la CGT&nbsp;<span style="font-size: 11.8181819915771px; font-family: arial, sans-serif; font-weight: normal; line-height: 1.5;">à son départ de la fédération de Basse-Normandie s&#39;apparente à une pratique du syndicat pour compléter la retraite de certains militants du privé ayant subi des périodes de chômage</span><em style="font-size: 11.8181819915771px; font-family: arial, sans-serif; font-weight: normal; line-height: 1.5;">.&nbsp;</em><span style="font-size: 11.8181819915771px; line-height: 1.5; font-family: arial, sans-serif; font-weight: normal;">La prime que Thierry Leapon reconnaît avoir perçue s&#39;élèverait à 31 000 euros. E</span><span style="font-size: 11.8181819915771px; line-height: 1.5; font-family: arial, sans-serif; font-weight: normal;">lle correspond à un complément de retraite, dont ont déjà bénéficié plusieurs cadres de la CGT.&nbsp;</span><span style="font-size: 11.8181819915771px; line-height: 1.5; font-family: arial, sans-serif; font-weight: normal;">&quot;On connaissait les retraites chapeau du CAC 40, désormais il faudra faire avec les retraites casquette de la CGT&quot; dit le magazine qui évoque &quot;une pratique en cours depuis plus de 20 ans&quot; à la CGT.</span></p><p>ne âpre bataille politique entre les opposants au secrétaire général va donc s&#39;engager. Le rapport de force au sein de la Commission exécutive et plus globalement au sein des structures de la centrale, entre les pro et les anti-Lepaon, reste &quot;incertain&quot;. &quot;On se compte dans l&#39;organisation&quot; a expliqué&nbsp;<span style="font-size: 11.8181819915771px; font-family: arial, sans-serif; font-weight: normal; line-height: 1.5;">une dirigeante à l&#39;AFP. Thierry Lepaon est plus que jamais menacé.</span></p><p>&nbsp;</p>

CGT : les violentes critiques des anciens collègues de Thierry Lepaon

Petits mots doux

Politico scanner

Social

Résultats des élections professionnelles dans la fonction publique : la chute finale du dialogue social français

<h3 class="s2">Atlantico&nbsp;: Alors qu’en 2010, 53% des Français déclaraient avoir confiance dans les syndicats, 48% de nos concitoyens ont aujourd’hui une mauvaise image de la CGT qui a été accusé par les médias d’être faite de "professionnels de la casse" et d’ "opposants stériles". Comment expliquer que le premier syndicat de France ait une telle image&nbsp;? Dans quelle mesure peut-on la lier à la crise&nbsp;?</h3><p style="text-align: center;">La cote d'opinion de la CGT</p><p><a href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/graph1_59.jpg" target="_blank"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u22376/graphe1.png" alt="" width="480" height="292"></a></p><p style="text-align: center;"><em>Cliquer pour agrandir</em></p><p><strong>Hubert Landier&nbsp;: </strong>Il est certain que depuis 2008 les Français sont soumis à un approfondissement de la crise qui provoque beaucoup de licenciements et donc de tensions sociales. Le problème de la CGT est que nous ne la percevons qu’à travers les nombreuses restructurations ou négociations qui se sont mal passées comme chez Citroën à Aulnay-sous-Bois ou chez Goodyear. C’est cela qui finit par donner de la CGT une image radicale et jusqu’au-boutiste. Pourtant, certains syndicats CGT au sein des entreprises s’efforcent bien souvent de trouver des solutions constructives mais les plus modérés ne sont pas les plus visibles et les plus visibles sont les radicaux.</p><h3 class="s2">Quelles sont les conséquences de cette dégradation d’image&nbsp;? La CGT est-elle une sorte d’indicateur du rapport des Français à leurs syndicats&nbsp;?</h3><p>Le caractère dominant de la CGT fait que son image rejaillit en général sur l’ensemble du syndicalisme français. Le principal reproche qui est fait à ce dernier est le fait qu’il soit trop politisé, ce qu’il a effectivement longtemps été notamment par le biais de la relation quasi organique entre la CGT et le PCF. Cela a donc laissé un certain nombre de réflexes de lutte de classes et d’accusation envers le patronat qui ne sont peut-être plus tout à fait approprié à la situation actuelle qui n’est pas une crise du capitalisme mais une crise du monde industriel et de l’Occident, ce qui est complètement différent. Il y a une malgré tout une grande différence entre les affaires qui créent l’image de la CGT et ce qui se passe dans les entreprises qui bien souvent entre dans le jeu de la négociation et des accords. Mais c’est beaucoup moins visible.</p><h3 class="s2">La perte de confiance des Français dans les syndicats est-elle structurelle&nbsp;?</h3><p style="text-align: center;"><a href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/graph2_45.jpg" target="_blank"><em><img src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u22376/graphe2.png" alt="" width="480" height="540"></em></a></p><p style="text-align: center;"><em>Cliquer pour agrandir</em></p><p><em></em>Ce qui est frappant dans la situation actuelle, c’est le niveau de résignation dont font preuve les Français dans leur comportement face à celle-ci. Ainsi, seuls se révoltent ceux qui sont bénéficiaires de statuts&nbsp; ou de rentes de situation&nbsp; qu’ils ont peur de prendre, et d’autres part, il y a ceux qui n’ont rien à perdre et qui ont déjà perdu leurs emplois et qui ont peur, bien souvent à juste titre, de ne jamais en retrouver. Entre les deux, il y a de la résignation qui ne débouche pas à une action collective et les syndicats sont donc paralysés par ce phénomène. On l’a notamment constaté avec la manifestation du 5 mars dernier organisée avec FO qui n’a pas vraiment rempli les rues. Il y a donc un désengagement croissant des employés, une sorte de "chacun pour soi" qui ne peut pas donner lieu à une action collective qu’elle soit de position, comme à la CGT, ni de construction ou de solution comme c’est le cas au sein de la CFDT.</p><h3 class="s2">Peut-on retrouver celle-ci en réinventant le syndicat&nbsp;?</h3><p>Cela ne pourra passer que par une action à très long terme car le syndicalisme français est aujourd’hui prisonnier de ses traditions, de ses habitudes et de ses certitudes. Il faudra au moins une voire plusieurs générations pour arriver à cette renaissance tant le syndicalisme de demain devra être autre que celui d’aujourd’hui. Le syndicalisme est mort, vive le syndicalisme de demain. Celui-ci devra passer par les réseaux sociaux, par de nouveaux services et surtout par des solutions différentes de celles proposée depuis des dizaines d’années qui aujourd’hui ne font plus recette et ne correspondent plus au contexte socio-économique.</p><p style="text-align: center;">&nbsp;</p><h3 class="first s2" style="text-align: left;">Méthodologie</h3><p>Ce document présente les résultats d'une étude réalisée par l'Ifop. Elle respecte fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l'enquête par sondage. Les enseignements qu'elle indique reflètent un état de l'opinion à l'instant de sa réalisation et non pas une prédiction.</p><p>Aucune publication totale ou partielle ne peut être faite sans l'accord exprès de l'Ifop.</p><p style="text-align: center;"><a href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u22376/methodo1.png" target="_blank"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u22376/methodo1.png" alt="" width="507" height="250"></a><em>Cliquer pour agrandir</em></p><p><a href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u22376/methodo2.png" target="_blank"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u22376/methodo2.png" alt="" width="477" height="263"></a></p><p style="text-align: center;"><em>Cliquer pour agrandir</em></p><h3 class="s2">Précision relative aux marges d’erreur</h3><p>La théorie statistique permet de mesurer l’incertitude à attacher à chaque résultat d’une enquête. Cette incertitude s’exprime par un intervalle de confiance situé de part et d’autre de la valeur observée et dans lequel la vraie valeur a une probabilité déterminée de se trouver. Cette incertitude, communément appelée « marge d’erreur », varie en fonction de la taille de l’échantillon et du pourcentage observé comme le montre le tableau ci-dessous :</p><p style="text-align: center;"><a href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u22376/marge1_0.png" target="_blank"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u22376/marge1.png" alt="" width="478" height="273"></a><em>Cliquer pour agrandir</em></p><p>&nbsp;</p>

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