<p class="first"><strong>Un des rôles des banques centrales est d&#39;adoucir les crises économiques et les récessions en augmentant la quantité de monnaie en circulation dans l&#39;économie lorsque celle-ci subit un choc.</strong></p><p>C&#39;est pour cela que, avec la crise économique de 2008, les banques centrales du monde entier ont baissé leurs taux directeurs à zéro, ou presque, et, lorsque cette démarche n&#39;a pas été suffisante, ont embarqué dans des politiques d&#39;achat d&#39;obligations avec de la monnaie créée.</p><p>Ce genre de politiques, du moins en théorie, n&#39;est censée durer qu&#39;un temps, le temps que l&#39;économie se remette en bonne marche. Or, notamment aux Etats-Unis, la croissance est revenue et le chômage a baissé. Les marchés s&#39;attendent donc tous à ce que la Fed, la banque centrale des Etats-Unis, aie une politique plus contraignante - surtout maintenant qu&#39;elle a indiqué qu&#39;elle pensait, à moyen terme, abaisser son soutien à l&#39;économie.</p><p>La plupart des experts pensaient qu&#39;hier, à sa dernière réunion trimestrielle, ce serait le jour où la Fed remonterait ses taux directeurs. Elle a surpris les marchés en refusant de le faire.</p><p>Pourquoi ? Et est-ce une bonne décision ?</p><p>La réponse à la deuxième question est, tout simplement, oui.</p><p><strong>En effet, quelle est la raison pour laquelle une banque centrale devrait réduire la quantité de monnaie dans l&#39;économie ? Il n&#39;y en a qu&#39;une : l&#39;inflation.</strong></p><p>Le mécanisme est assez simple à comprendre. A chaque instant T, dans une zone monétaire donnée, il y a une certaine quantité de monnaie en circulation, et une certaine capacité de l&#39;économie à produire des biens et des services. Que se passe-t-il si la quantité de monnaie est inférieure à la capacité de l&#39;économie à produire des biens et des services ? Tout simplement, les gens n&#39;ont pas assez d&#39;argent pour acheter tous les biens et services qu&#39;ils voudraient acheter, et donc, en clair, il y a une récession et du chômage, puisque l&#39;économie est en sous-capacité.</p><p>A l&#39;inverse, que se produit-t-il si la quantité de monnaie est trop importante par rapport à la capacité de production de l&#39;économie ? Il y a trop d&#39;argent pour acheter des biens et des services, donc, par le mécanisme de l&#39;offre et de la demande, le prix des biens et services va augmenter - c&#39;est l&#39;inflation.</p><p>L&#39;inflation est le seul signe certain qu&#39;il y a trop de monnaie qui circule dans l&#39;économie. Or, à l&#39;heure actuelle, aux Etats-Unis, l&#39;inflation reste au plus bas. Il n&#39;y a donc aucune raison de réduire la quantité de monnaie en circulation.</p><p>Pour être plus prosaïque : oui, le chômage aux Etats-Unis est de retour à des niveaux bas, mais c&#39;est autant un artefact du retour à l&#39;emploi que du départ de nombreuses personnes hors du marché du travail. Aux chiffres du chômage il faudrait rajouter toutes les personnes qui voudraient travailler si elles pouvaient trouver un emploi, mais ont renoncé. <strong>L&#39;économie américaine reste en sous-capacité.</strong> Et un des problèmes de l&#39;économie américaine depuis 15 ans est la stagnation des salaires pour les classes ouvrières et moyennes, une stagnation qui est à peu près garantie dès lors que la banque centrale décide de stopper net tout début d&#39;inflation (la hausse des prix influant aussi sur les salaires).</p><p>Certains disent que les politiques généreuses de la Fed créent des bulles spéculatives. Tout d&#39;abord, c&#39;est très difficile à prouver, et ce n&#39;est pas certain. Mais ensuite, si il se crée une bulle spéculative alors même que, mesurée par l&#39;inflation, la quantité de monnaie reste inférieure ou proche de la capacité de l&#39;économie à produire, ce n&#39;est pas un problème de politique monétaire, c&#39;est un problème de politique économique.</p><p>La baisse des taux occasionnée par le passage à l&#39;euro a très certainement créé une bulle spéculative immobilière en Espagne. Une des idées du passage à l&#39;euro était que les pays de l&#39;euro entreprendraient des réformes structurelles pour encourager l&#39;investissement productif, mais ces réformes n&#39;ont jamais été faites - peut-être que si elles l&#39;avaient été, toute cette nouvelle monnaie se serait retrouvée dans des activités productives plutôt que dans une bulle spéculative. Ou peut-être pas ! Mais en tous les cas, quelque soit le moyen d&#39;encourager la monnaie à se diriger vers les activités plus productives, ce n&#39;est pas quelque chose qu&#39;une banque centrale peut décider. La seule chose qu&#39;elle peut décider, c&#39;est quelle est la quantité de monnaie qui correspond à la capacité de production de l&#39;économie à un instant T, et comment se rapprocher de cet objectif.</p><p>Pour le reste, c&#39;est aux décideurs politiques et économiques de faire leur travail - et là, il y a du pain sur la planche...</p><p>&nbsp;</p>

Pourquoi la Fed maintient ses taux directeurs à zéro

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<p class="first">Depuis une semaine, les marchés financiers du monde entiers font des tours, avec d&#39;énormes baisses, ensuite remontées, ou pas.</p><p>Que se passe-t-il ?</p><p>Cela a commencé en Chine. Depuis des décennies, la Chine pompe de l&#39;argent dans son économie pour financer la croissance - dévaluations compétitives, prêts encouragés par les banques publiques, etc. Tout le monde sait que ça ne peut pas durer indéfiniment. La question n&#39;est pas : est-ce que ça va finir, mais comment ? <strong>Est-ce que le gouvernement chinois va pouvoir orchestrer un passage à un autre modèle économique et un ralentissement ordonné, ou est-ce que le château de cartes va s&#39;effondrer ?</strong></p><p>Cette tension explique que le moindre mouvement du gouvernement chinois soit sur-analysé et puisse mener à des grands mouvements dans les marchés chinois, qui sont particulièrement susceptibles à l&#39;action du gouvernement chinois. Et ainsi, lorsque la Banque centrale chinoise n&#39;a pas annoncé une baisse de taux attendue, la panique a commencé.</p><p>Comment cette panique s&#39;est-elle répandue au reste du monde ?</p><p><strong>Il y a une raison évidente : la Chine est une très grande économie, intégrée dans la mondialisation, et donc si l&#39;économie chinoise va mal, les conséquences pour le reste de l&#39;économie mondiale sont mauvaises.</strong></p><p>Mais ça n&#39;explique pas tout.</p><p><strong>Aux Etats-Unis, aussi, on attend un ralentissement.</strong> La Banque centrale américaine a dit qu&#39;elle comptait bientôt remonter ses taux d&#39;intérêts, mais nul ne sait quand et comment. Puisqu&#39;on sait qu&#39;il va y avoir un dos-d&#39;âne, mais pas où ou de quelle taille, il y a forcément de la nervosité.</p><p>Mais ça va plus loin. Depuis la crise financière, les marchés financiers ont connu une montée considérable. Pourtant, les économies qui sous-tendent ces marchés financiers, même si elles ont dans l&#39;ensemble renoué avec la croissance, ne vont pas aussi bien que les indices boursiers l&#39;indiqueraient.</p><p>Cette hausse des indices boursiers se justifie en partie : les grandes entreprises mondiales ont connu une explosion de leurs profits depuis le début de la crise. Mais le problème est que cette explosion de profits est due, principalement, non à la découverte de nouveaux marchés ou au de nouvelles innovations, mais à la capacité de ces entreprises à maîtriser et baisser leurs coûts tout en produisant autant.</p><p><strong>Le problème fondamental sous-jacent est celui-là : au-delà des chiffres du PIB trimestre après trimestre, l&#39;économie mondiale, si elle ne stagne pas vraiment, n&#39;est pas non plus entrain de découvrir de grands et nouveaux sommets d&#39;innovation. Même sept ans après la crise, la reprise semble toujours fragile.</strong></p><p>Comment régler ce problème, comment avoir une vraie croissance durable ? Cela, justement, personne ne le sait.</p><p>Normal, ensuite, que les investisseurs soient nerveux.</p>

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La Chine et la folie des marchés : explications

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Pourquoi la Fed maintient ses taux directeurs à zéro malgré un retour de croissance aux États-Unis

<p class="first">O<strong>n l'a vu, ce qui maintient l'économie mondiale en sous-régime c'est l'inaction des banques centrales.</strong> On a vu que l'outil principal des banques centrales, les taux directeurs, est devenu inefficace parce qu'à zéro, et que dans ce cas-là l'outil principal est la communication.&nbsp;</p><div>Les banques centrales peuvent-elles encore faire quelque chose ?</div><div>&nbsp;</div><div><strong>Il y a un outil que pourraient utiliser les banques : le ciblage de PIB nominal.&nbsp;</strong></div><div>&nbsp;</div><div>De quoi s'agit-il ? x</div><div>&nbsp;</div><div>Le PIB est la somme de toutes les transactions (ou dépenses) sur une année. Le plus souvent, les statisticiens le pondèrent du taux d'inflation pour obtenir le chiffre du PIB dit réel. Le PIB nominal mesure donc à la fois l'activité économique réelle et l'inflation.&nbsp;</div><div>&nbsp;</div><div>Une autre manière de dire que le PIB nominal est la somme de toute les dépenses (sur une zone et une période données) est que le PIB nominal est le produit de la quantité de monnaie et de la vélocité de la monnaie, c'est-à-dire la moyenne de la fréquence de dépense de chaque quantité de monnaie. C'est intuitif : la somme de toutes les dépenses sur une année sera égale à la quantité de monnaie disponible multipliée par le nombre de fois où cette monnaie est utilisée. Imaginons une économie avec deux personnes, Pierre et Paul, et un euro de quantité de monnaie : Pierre achète à Paul pour un euro, puis Paul utilise cet euro pour acheter à Pierre. Le PIB nominal de cette économie sera 1 (la quantité de monnaie) fois 2 (le nombre de transactions), soit 2.&nbsp;</div><div>&nbsp;</div><div>Pourquoi est-ce important ?</div><div>&nbsp;</div><div><strong>Parce que si le PIB nominal dépend de la quantité de monnaie et que la banque centrale contrôle la quantité de monnaie, ça veut dire que la banque centrale peut contrôler le PIB nominal.&nbsp;</strong></div><div>&nbsp;</div><div>D'où l'idée avancée par de nombreux économistes de dire que <strong>la banque centrale devrait cibler publiquement un taux de croissance du PIB nominal.&nbsp;</strong></div><div>&nbsp;</div><div><strong>Pourquoi est-ce une bonne idée? Parce que c'est un mécanisme intelligent qui assure toujours les conditions optimales à l'économie.&nbsp;</strong></div><div>&nbsp;</div><div>On a vu qu'il y a une complémentarité entre croissance et inflation. S'il n'y a pas assez d'inflation, il n'y a pas assez de croissance.&nbsp;</div><div>&nbsp;</div><div>Imaginons que le taux de croissance du PIB nominal fixé par la banque centrale soit de 5%. À rythme de croisière, ça pourrait donner 3% de croissance réelle et 2% d'inflation - conditions idéales pour un pays riche. Si l'économie passe en surchauffe, puisque le PIB nominal est plafonné, l'inflation freine et donc l'économie aussi, pour reprendre un meilleur rythme.&nbsp;</div><div>&nbsp;</div><div>Et que se passe-t-il dans une situation comme la nôtre, où la croissance est à 0?</div><div>&nbsp;</div><div>Si le PIB nominal reste à 5%, 0% de croissance réelle veut dire 5% d'inflation. Que se passe-t-il alors ? Si l'inflation est élevée, les ménages et entreprises chercheront à dépenser leur argent qui perd sa valeur - créant ainsi de l'activité économique. L'économie reviendra alors naturellement à son rythme de croisière et l'inflation baissera à mesure que la croissance reviendra.&nbsp;</div><div>&nbsp;</div><div><strong>Bref : le ciblage du PIB nominal est l'arme secrète, l'outil qui permettrait enfin de mettre fin à la crise.</strong> Alors pourquoi les banques centrales ne l'utilisent-elles pas? Suite au prochain (et dernier) épisode.</div>

les banques centrales dégaineront-elles l'arme secrète?

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La politique monétaire mondiale au tournant (3) : les banques centrales dégaineront-elles l'arme secrète ?