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Le problème central de l'éducation à la française (à côté duquel passe Alain Juppé)
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Le Nettoyeur

Le candidat à la primaire des Républicains Alain Juppé s'apprête à sortir un livre en septembre prochain, "Mes chemins pour l'école" (JC Lattès), dans lequel il développe la réforme dont l’éducation nationale française aurait selon lui besoin. Mais il est bien loin du compte.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Dans sa campagne pour les primaires des Républicains, Alain Juppé a présenté son plan de réforme de l'éducation. Rien de bien étonnant. Il propose de réévaluer la rémunération des enseignants (probablement en échange d'une réduction de masse salariale), d'avoir plus d'enseignants en primaire et plus d'autonomie dans les établissements scolaires.

Mais il s'agit bien de préciser que cette autonomie n'est pas une réelle autonomie. Les établissements pourront changer un peu leur emploi du temps, rajouter des options, et ainsi de suite.

Mais, fondamentalement, l'école ne changera pas.

Pour comprendre le problème de l'école aujourd'hui, imaginons le cas suivant : imaginons un chirurgien de 1890 arrivant dans un bloc opératoire de 2015. Il serait complètement perdu. Il ne saurait pas quoi faire, ou comment. Il en reconnaîtrait presque aucun des ustensiles.

Maintenant, imaginons un enseignant de 1890 entrant dans une salle de classe de 2015. Il n'aurait aucun problème à se lancer. Il serait peut être surpris que les élèves ne se lèvent pas en entrant dans la salle, et par leurs vêtements. Le contenu des livres serait différent, mais la manière dont il ferait son travail serait pareil : des rangées de tables et de chaises, des cahiers et des crayons, un tableau noir, un instituteur qui lit dans un livre.

Pourtant, nous sommes au 21ème siècle. De nombreux modèles d'enseignement ont été élaborés depuis la fin du 19ème siècle, où l'école actuelle a été conçue, sur le modèle de la société industrielle de l'époque.

Il y a eu les méthodes Montessori, qui dans de nombreuses études ont montré des résultats formidables. Une enseignante de l'Education nationale, Céline Alvarez, a été mise à pied pour avoir tenté de les appliquer dans une école en ZEP.

Il y a eu la révolution informatique, avec tout ce qu'elle peut supposer de changements dans notre manière d'apprendre, comme il y a eu tant de changements dans notre manière de communiquer ou de travailler.

Il y a l'école Alexandre Dumas, qui tente de créer de l'intégration dans des zones sensibles avec un mode d'éducation plus traditionnel.

En somme, il y a des milliers de manières de penser l'école. En France, on en a une.

Laquelle est la meilleure ? J'ai mes opinions là-dessus, mais elles ne sont pas le sujet de cette chronique.

Car le vrai problème, en France, est justement que chacun considère qu'il y a une bonne et vraie manière d'éduquer tout le monde et qu'il suffirait que les bonnes méthodes soient appliquées à travers tout le territoire pour régler le problème. C'est le point commun des “conservateurs” qui veulent remettre les “fondamentaux” à jour et des “pédagogistes” et de leurs méthodes dites “douces.” La proposition d'Alain Juppé de pouvoir changer un peu l'emploi du temps à l'école n'y change, au fond, rien.

Le fait est que le monde urbain est différent du monde rural, et plus profondément que tous les enfants sont différents. J'ai, comme tout le monde, mes opinions sur l'éducation. Mais ce que je voudrais, ce n'est pas tant qu'on applique mes idées plutôt qu'on permette à des milliers d'approches différentes de fleurir, afin non seulement que nos enfants puissent apprendre, mais que nous puissions apprendre par l'expérience ce qui marche.

Cela demanderait de l'humilité de la part de nos responsables. Ce qui n'a jamais été le fort d'Alain Juppé, ni du reste de notre classe politique.

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