Le langage que nous employons est souvent bien révélateur, chacun le sait. Mais parfois il peut non seulement être révélateur mais aussi influer sur la manière dont nous pensons. Plus difficile d&#39;employer un concept pour lequel on n&#39;a pas de nom...C&#39;est pour cela que le langage utilisé en France autour de l&#39;entrepreneuriat est très intéressant. Nous avons une attitude paradoxale par rapport à l&#39;entrepreneuriat. Depuis quelques années, en tous les cas depuis de nombreux coins, il est difficile de ne pas tomber sur quelqu&#39;un qui va chanter des louanges à l&#39;idée de l&#39;entrepreneuriat, de l&#39;innovation, des start-ups, etc.Mais en même temps, en-dessous de tout ça, se situe toujours un petit refrain lançinant, peut-être inavoué, qui raconte que, en fait, tous ces trucs, c&#39;est de la blague. C&#39;est peut être rigolo, ces histoires de startups, mais dans la vraie vie, les grandes entreprises et la fonction publique, c&#39;est quand même ça qui dure et qui sert à quelque chose. Après tout, la France est un pays où ce qui compte dans la vie c&#39;est d&#39;avoir un statut, et l&#39;entrepeneur est par définition celui qui n&#39;a pas de statut, puisqu&#39;il peut tout perdre du jour au lendemain.Et puis surtout, les start-up, c&#39;est très sympa, à condition qu&#39;elles restent petites. Tout l&#39;intérêt d&#39;une économie de l&#39;innovation, ce n&#39;est pas, en soi, les start-ups, c&#39;est que quand on a beaucoup de start-ups, on augmente les chances que l&#39;une d&#39;entre elle devienne un des géants de demain. C&#39;est cette magie de la Silicon Valley que l&#39;on n&#39;arrive guère à reproduire en France. Mais voilà : une start-up qui devient un géant de demain, forcément, elle le fait en mangeant sur les plates-bandes des géants d&#39;aujourd&#39;hui. Et ça, en France, on n&#39;aime pas. Des petites start-ups, c&#39;est rigolo, ça fait bien dans le paysage. Une start-up qui deviendrait grande ? Qui se mettrait à mettre en difficulté des entreprises centenaires, avec des énarques au comité de direction et tout ? Vous n&#39;y pensez pas.Notre langage reflète parfaitement ça. On entend sans cesse parler de &ldquo;jeunes pousses&rdquo; : quelque chose de fragile, de petit, de facilement méprisable et, au fond, de pas très important. On met d&#39;ailleurs nos &ldquo;jeunes pousses&rdquo; dans des &ldquo;incubateurs&rdquo; pour bien renforcer l&#39;image que la start-up et fondamentalement quelque chose de petit, fragile et inconséquent.Autre expression qui revient sans cesse dans le discours : on parle de &ldquo;pépite.&rdquo; Là encore : l&#39;image est parfaite. Une pépite, c&#39;est sympa, c&#39;est joli, on est content de la trouver, mais c&#39;est petit et, en soi, sans valeur.Pourquoi plutôt ne pas parler de &ldquo;monstres&rdquo; ? De &ldquo;dragons&rdquo; ? De &ldquo;tornades&rdquo; ? De &ldquo;moteurs&rdquo; ?Que sais-je encore ?Peut-être faudrait-il lancer une grande consultation nationale pour donner des noms aux start-ups qui soient dignes de leur vrai potentiel.D&#39;ailleurs, y&#39;a peut être une idée de business là-dessous...

Pourquoi la France ne parvient pas à dupliquer la magie de la Silicon Valley

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L&#39;actualité la plus importante de ce vendredi matin, c&#39;est l&#39;accord préliminaire entre l&#39;Iran et les Etats-Unis et les autres puissances occidentales sur leur programme nucléaire. Pour les partisans de l&#39;accord, ce deal permet de faire rentrer l&#39;Iran dans le concert des nations et de s&#39;assurer que son programme nucléaire reste pacifique ; pour les opposants, au contraire, il donne trop de marge à l&#39;Iran et assure ainsi que sa course à la bombe continuera.Les aspects géopolitiques d&#39;un tel accord ne sont pas dans le sujet d&#39;une chronique économique, mais ce deal a également un aspect économique, puisque l&#39;Iran est une grande puissance pétrolière, et que la fin potentielle des sanctions contre l&#39;Iran aurait un impact fort non seulement sur l&#39;économie de la région, mais également sur l&#39;économie mondiale à travers le marché du pétrole.Mais plus généralement, ce deal pose la question du problème de ce qu&#39;on appelle les &ldquo;risques de longue traîne&rdquo; ou, selon l&#39;expression popularisée par Nassim Taleb, les &ldquo;cygnes noirs&rdquo;- ces événements à probabilité très faible mais à impact très fort.Le scénario catastrophe par rapport à l&#39;Iran, c&#39;est évidemment celui d&#39;une guerre nucléaire au Moyen-Orient. Quelle est la probabilité d&#39;un tel événement ? Moins de 10%, sans doute. Moins de 1% ?&nbsp;La vraie réponse à cette question est que personne n&#39;en sait rien, et que personne ne peut savoir.&nbsp;L&#39;économiste Frank Knight a été reconnu pour la distinction qu&#39;il a posé entre le risque et l&#39;incertitude. Le risque est mesurable. L&#39;incertitude ne l&#39;est pas.On peut plus ou moins mesurer le risque d&#39;une nouvelle guerre entre Israël et le Hamas dans les six prochains mois, parce que les paramètres sont assez connus. On ne peut pas mesurer le risque d&#39;une guerre nucléaire au Moyen-Orient. Le risque, on peut le mesurer ; l&#39;incertitude, non.&nbsp;Le problème est que tous nos modèles économiques et financiers sont fondés sur l&#39;idée qu&#39;il n&#39;y a que du risque et pas d&#39;incertitude.C&#39;est l&#39;histoire de la crise financière de 2008 : les modèles mathématiques des financiers ne prévoyaient pas de baisse soudaine du marché immobilier américain puisque ça ne s&#39;était jamais produit. Lorsque ça s&#39;est produit, les modèles se sont effondrés en chaîne et ont entraîné les banques à leur suite.Aujourd&#39;hui, les prix du pétrole reflètent plus ou moins la réalité de l&#39;offre et la demande à un instant T, plus les quelques risques prévisibles à venir (conflit au Nigéria, par exemple, ou accroissement de l&#39;exploitation des réserves de schiste).Mais, quelle composante du prix du pétrole actuel reflète le risque d&#39;une guerre nucléaire au Moyen-Orient ? Probablement aucune. Alors même qu&#39;il y a une incertitude à ce sujet.Toute notre vie, nous nous comportons comme si l&#39;incertitude n&#39;existait pas. C&#39;est même existentiel : chacun d&#39;entre nous peut se faire renverser par un bus aujourd&#39;hui en traversant la rue, mais si nous y pensions toute la journée, nous n&#39;arriverions pas à vivre. Pourtant l&#39;incertitude existe. Et elle est très difficile à évaluer et donc prendre en compte&mdash;sinon elle ne serait pas l&#39;incertitude.C&#39;est pourquoi ceux qui acceptent la réalité de l&#39;incertitude et agissent en conséquence trouvent des opportunités là où les autres n&#39;en trouvent pas.&nbsp;

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Le deal avec l'Iran et le problème de l'incertitude économique

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La nouvelle qui a fait écarquiller les yeux de tout le petit monde qui suit l'actualité du business technologique fut l'acquisition par Facebook, pour 2 milliards de dollars, de l'entreprise Oculus VR. Cette entreprise fabrique un casque de réalité virtuelle dont tous les critiques disent qu'il est bluffant. Oculus VR a pu se lancer grâce à Kickstarter, une des plus grosses plates-formes de crowdfunding—après quelques expériences décevantes dans les années 90, la plupart des grandes entreprises qui dominent le monde de l'électronique pour grand public avaient abandonné le concept.Autre nouvelle cette semaine : selon plusieurs enquêtes dans la presse, Apple se prépare à lancer non seulement une montre digitale—ce à quoi tout le monde s'attend—mais une qui serait truffée de senseurs pour mesurer les divers paramètres de santé du propriétaire—activité physique et ainsi de suite—et liée à une application qui permettrait de suivre et gérer sa santé en temps réelle.Pendant ce temps, Google, qui n'est plus un moteur de recherche depuis longtemps, continue ses expérimentations folles : voitures sans conducteurs ; ballons lancés à haute altitude pour fournir de l'accès à internet sans fil gratuit à haut débit partout sur la planète ; recherche sur l'intelligence artificielle ; et même expériences pour allonger la durée de la vie.Toutes ces entreprises ont une origine en commun, la Silicon Valley. Et leurs initiatives ont un mot en commun : l'audace.Ce mot était un mot français ; “L'audace, toujours l'audace,” nous disions. Puis, “L'impossible n'est pas français.” Plus récemment, “On n'a pas de pétrole, mais on a des idées.” Aujourd'hui, cette phrase fait rire.Aujourd'hui, qui ne dirait pas que la valeur la plus répandue dans la société française est le cynisme ?Au fil de ces chroniques, je parle le plus souvent de concepts économiques, parfois de stratégie d'entreprise et de science politique. Mais&nbsp;<a href="http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/noel-est-bon-pour-economie-pourquoi-reponse-cette-question-determine-toute-votre-philosophie-economique-pascal-emmanuel-gobry-937594.html" target="_blank">un thème qui revient parfois, c'est la culture.</a>On peut envisager toutes les réformes qu'on veut, on peut mette en place toutes les structures, au final, ce qui détermine la politique et l'économie d'un pays, c'est sa culture.La culture nous façonne, mais nous pouvons aussi la façonner.Je ne veux pas sombrer dans le déclinisme que je dénonce : il y a beaucoup de réservoirs d'audace en France. Nous avons de nombreuses entreprises innovantes—plus que l'Allemagne, par exemple, qu'on entend toujours vanter de partout. Des entreprises comme Carmat ont une vision véritabement audacieuse. <a href="http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/criteo-vraie-reussite-francaise-qui-montre-que-notre-pays-peut-reussir-pascal-emmanuel-gobry-886615.htm" target="_blank">Il est possible de créer des géants du web, en France</a>, comme Critéo ou Vente Privée. <a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/free-mobile-faillite-morale-capitalisme-francais-socialisme-pascal-emmanuel-gobry-266070.html" target="_blank">Des entrepreneurs comme Xavier Niel </a>montrent le chemin à prendre.Oui, tout n'est pas perdu, loin de là.Mais s'il y avait une “réforme” à faire, plus que toutes celles dont on entend parler au fil de semaine, ça serait peut être celle-là, la vraie réforme. L'audace.

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Pourquoi la France ne parvient pas à dupliquer la magie de la Silicon Valley

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Comment réconcilier la France avec l'audace ?