La Grèce, ses îles, ses économies parallèles<!-- --> | Atlantico.fr
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Manifestation à Athènes le 11 mai dernier.
Manifestation à Athènes le 11 mai dernier.
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Crise sociale

Le Fonds monétaire international a estimé ce jeudi qu'il fallait donner à la Grèce "plus de temps" pour lui permettre de rembourser le prêt qui lui a été accordé. La veille, des centaines de milliers de Grecs en colère manifestaient contre les mesures d'austérité et les privatisations décidées par le gouvernement socialiste. Une autre vie s'installe dans le pays.

Greg Manset

Greg Manset

Greg Manset est un chef d'entreprise belge expatrié en Grèce.

 

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Atlantico : Quelle vision les Grecs ont-ils de la crise qui secoue actuellement leur pays ?

Greg Manset : Les Grecs ne comprennent pas pourquoi ils doivent payer les erreurs des politiciens ou des plus riches largement corrompus et qui sont responsables selon eux de la situation actuelle. Il y a vraiment une angoisse du quotidien et une rage de devoir payer pour les autres.


Avec la tentation de mettre en place une économie parallèle...

Il y a plusieurs économies parallèles en Grèce comme dans beaucoup de pays du Sud, et heureusement, car ce sont ces économies parallèles qui permettent à certaines personnes de vivre et de survivre. Il y a par exemple une économie parallèle “familiale” avec cet aspect communautaire que l’on retrouve notamment dans les petits villages ou dans certaines localités du pays où les liens entre voisins sont très étroits. La plupart des locaux s'entraident, les uns apportent le fromage ou des légumes, les autres des oeufs : c’est une économie d'échanges et de trocs entre voisins qui permet aux villages situés dans les zones les plus pauvres du pays de survivre à peu près “normalement”. Et puis il y a bien sûr l'économie du travail au noir, non déclaré, omniprésente.

Mais si cette économie parallèle existe depuis très longtemps - les Grecs ne paient pas d'impôts, ne déclarent pas certaines dépenses, ne font pas signer de factures lors de leurs achats dans les magasins - la population grecque n’est pas complément responsable de cette situation.  Tout un chacun à sa responsabilité dans la situation et la crise actuelles, mais il subsiste un énorme problème au niveau du système lui-même. Il porte une très grosse responsabilité de la situation.

En Grèce, l’ensemble des processus administratifs relatifs à la fiscalité, qu’il s’agisse de l'établissement d’une facture, des déclarations de TVA ou d'impôts sont très complexes, très longs, et demandent beaucoup de temps.

Établir une facture quand vous achetez une télévision ou n'importe quel article de consommation dans un magasin peut prendre jusqu’à une demi-heure voire trois quarts d’heure, car il vous faut le tampon du gérant, du transporteur, que la facture soit établie en plusieurs exemplaires, l’un pour le client, l’autre pour le magasin et le dernier pour l'administration fiscale, qu'elle soit cosignée par le responsable, alors même que deux autres personnes attendent dans la file devant vous. En règle générale, tant le marchand que le client finissent pas laisser tomber, se mettent d’accord sur un petit prix sans facture, et passent à autre chose.


Quel est l’état d’esprit des Grecs - jeunes comme vieux - aujourd’hui ?

Les jeunes grecs n’ont pas attendu la crise pour quitter le pays car la plupart d’entre eux partent faire leurs études en Grèce continentale et pour une grande partie à l'étranger. Lorsqu ‘ils reviennent au pays, leurs études universitaires terminées, ils ont seulement le droit de travailler dans un hôtel ou dans un restaurant ! Il faut quand même savoir que dans certaines régions et même à Athènes, le salaire moyen varie entre 600 et 800 euros et contrairement à ce que la plupart des européens peuvent penser, le niveau de vie est tout à fait similaire à celui d’un Parisien ou d’un Bruxellois. Les loyers sont un petit peu plus bas évidemment, mais la Grèce possède les mêmes supermarchés qu’en France et des produits au même tarif car largement importés. L’essence coûte quasiment 2 euros le litre ! La Grèce et la France ont un niveau de vie relativement similaire, à quelques détails près, en revanche, les salaires en Grèce sont deux fois plus faibles. 

Les étudiants, s’ils reviennent, sont alors condamnés à travailler pour un salaire de misère. Ils décident donc en général de rester à l’étranger. Les personnes âgées, elles, se résignent et pensent survivre tant bien que mal.

Seul atout : les Grecs sont quasiment tous propriétaires - de maisons ou de terrains - y compris les jeunes, qui ne risquent donc pas d’être mis à la rue du jour au lendemain, puisqu'ils ont au moins un toit à eux sur leur tête. Il n’en reste pas moins que la plupart de mes amis et des jeunes de mon entourage sont sans emploi, dans un emploi précaire, cherchent un emploi ou partent chercher un emploi à l’étranger.

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