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Tout ce que vous devez connaître sur le Nutri-Score
©LAURIE DIEFFEMBACQ / BELGA / AFP

Alimentation

Le Nutri-Score est un système d'étiquetage nutritionnel qui présente cinq niveaux, allant de A à E et du vert au rouge. Il permet de connaître la valeur nutritionnelle d'un produit alimentaire. Béatrice de Reynal revient sur les différentes spécificités du Nutri-Score.

Béatrice  de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur du blog "MiamMiam".

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 Nutri-Score : comment le comprendre ? Comment est-il calculé et par qui ? Est-ce contrôlé ? 

Comment bien l’utiliser ? 

Si on choisit des scores A ou B, est-on certain de bien manger ?

Ce qu’il ne dit pas. 

• Le Nutri-Score et la santé publique

On ne présente plus le Nutri-Score qui s’affiche de plus en plus souvent en face principale des aliments emballés vendus en magasins et grandes surfaces. Simple à comprendre, la note A (très bon) à E (rouge foncé) est un très bon guide d’achats pour ceux qui veulent aller à l’essentiel sans se prendre la tête avec des chiffres et des molécules complexes : lipides, acide gras, glucides….

Considérons d’abord son objectif premier : aider les consommateurs les moins favorisés et les moins informés pour faire les meilleurs choix nutritionnels dans chaque rayon.

Comment ça marche ?

Le Nutri-Score considère une dizaine d’éléments nutritionnels qui sont les plus important pour l’équilibre alimentaire : les éléments positifs avec des « points C » (protéines, fibres, quantités de fruits et légumes) sont mis en balance avec les éléments moins favorables à la santé lorsqu’ils sont consommés en excès, les points A : sucre, sel, graisses saturés (« mauvaises graisses », calories.

Pour les évaluer, ayez votre étiquette devant les yeux (énergie en kiloJoules, la ligne « dont sucres » en grammes, etc.

Comptez les points négatifs, puis positifs.

Vous voyez qu’en cas de boisson, vous avez un score particulier. En cas d’aliments très gras (beurre, fromages) aussi.

Suivez le diagramme ci-dessous et vous aurez un score final, donnant une lettre et une couleur.

Exemple, une céréale de petit-déjeuner qui apporte 450 KCalories / 100 g, 12 g de sucres, 1 g de sel, 1 g de graisses saturées et 600 mg de sodium a 14 points négatifs. Mais comme elle a aussi 4 g de fibres et 4 g de protéines, elle a 7 points positifs. Au total, 7 points donc une note C (jaune).

Nutri-Score : un guide d’achat, pas un coach

Non : le Nutri-Score ne prend pas en compte la teneurs en vitamines, minéraux, ni en oméga 3, ni la qualité Bio, ni la présence d’additifs…. Nutri-Score va à l’essentiel car la vie des personnes défavorisées est en jeu immédiatement, tout de suite : plus de temps à perdre.

Oui, on va adjoindre d’autres éléments au calcul du Nutri-Score, comma la quantité de légumes secs, de fruits secs oléagineux, la présence de certaines huiles bénéfiques…. Mais le Nutri-Score n’est pas un coach et ne vous indique pas les portions recommandées, les fréquences, les différences entre les consommateurs, petits, grands, anciens….

Mais Nutri-Score a fait ses preuves, et très largement puisque des détracteurs ont souhaité bloqué son développement. En effet, ceux qui vendent des boissons sucrées, des pâtes à tartiner à base de graisse de palme ou des croquettes de petit-déjeuner très sucrées se voient tous affublés d’une note E.

Après de longues discussions, preuves scientifiques, études en circonstances réelles, en magasin, preuves ont été démontrées de l’efficacité de cette information : les personnes défavorisées font de meilleurs achats et …. N’en consomment pas plus. Donc meilleur panier d’achat, meilleur équilibre alimentaire.

Avec ces résultats, d’autres états ont été séduits : l’Espagne, la Belgique, et aujourd’hui, l’Europe envisage d’adopter ce label pour toute l’Europe.

Nutri-Score ouvre de plus en plus largement son périmètre géographique. N’oublions pas ce qui fait son succès auprès des gouvernements : étayé par des tests en réel, il a démontré à plusieurs reprises son efficacité auprès des populations nutritionnellement défavorisées : il donne la bonne information comprise par tous, et permet un meilleur achat. C’est tout ce qu’on lui demandait.

Inutile donc de lui reprocher de ne pas indiquer la présence d’additifs ou de pesticides. Chaque chose en son temps : il s’attaque au fléau n°1 dans les pays riches. La malnutrition, dont le coût humain, familial, social, est immense.

Et les appli ?

Lanceur d’alerte, Open Food Fact né d’une association sans but lucrative compile les données nutritionnelles de tous les produits vendus partout, en France et en Europe. Gratuite d’accès, elle vous donne la liste des ingrédients, le tableau nutritionnel, le Nutri-Score et le score Nova (peu transformé à ultra-transformé).

Cette base a été utilisée par toutes les appli qui vous propose, d’un coup de scan, ce que vaut le produit scanné et s’il faut le mettre dans le caddie ou aller chercher son concurrent.

Ces appli utilisent le Nutri-Score, mais en l’altérant : en rajoutant des points pour les produits BIO, des alertes pour certains additifs, tout ceci dans aucune justification scientifique. La preuve : prenez 2 appli et scannez un même produit. Vous aurez des « oui » des « surtout pas celui-là……. Du grand n’importe quoi.

Pourquoi je m’insurge ? Parce que ces appli aveuglent les consommateurs qui n’ont aucun doute sur leur pertinence, et leur apprennent à acheter dans aucun discernement propre, dans prendre de recul.

Comme dirait notre président, « laisser à d’autres que vous le choix de ce que vous mangez ? Vous êtes fou ! « Relocaliser vos décisions et gardez les yeux bien ouverts.

• Quand le commerce fait de l’ombre à la santé publique

On comprend aussi qu’une note rouge en pleine face d’un emballage puisse effrayer le client et qu’un industriel ne veuille pas s’engager dans cette voie. Néanmoins, c’est preuve de peu d’arguments stratégiques. En effet, le premier bénéfice du Nutri-Score est pour l’industriel justement. Cet outil lui permet de voir ce qui peut être amélioré dans ses produits, d’être le meilleur du rayon, et de tout mettre en œuvre pour être le leader dans un proche avenir. Car ne vous y trompez pas : si les Français étaient des Gaulois mangeurs de sangliers, ils sont devenus – c’est une vraie révolution ! – des mangeurs intelligents qui priorisent la nutrition, le manger bien et manger sain car leurs ambitions d’une vie longue et en bonne santé sont fortes.

Ceux qui veulent « casser du Nutri-Score » ne sont pas des stratèges.

Vers un Nutri-Score® obligatoire pour toute l’Europe ?

IL y a peu, la Commission Européenne a remis un rapport portant notamment sur l’étiquetage nutritionnel des aliments. La multitude d’étiquetages possibles sur la face avant des emballages conduit le consommateur à la confusion et à la perte de repère et de confiance. Ce qui entraîne des problèmes pour les échanges commerciaux européens ou internationaux, obligeant par exemple les entreprises à apposer le système le plus utilisé dans le pays ciblé pour être compris par les consommateurs.

De ce flou est né la volonté d’une harmonisation.

L’an dernier, une initiative citoyenne européenne pro-Nutri-Score® a même vu le jour, rassemblant plus de 30 associations de consommateurs, entreprises, ministres et universitaires.

D’après les études, un étiquetage nutritionnel simplifié est utile pour les consommateurs, notamment pour les personnes en surpoids ou obèses, qui sont plus susceptibles d’être influencées par un tel étiquetage. C’est également un outil positif pour les milieux socio-économiques les plus modestes.

Effet Nutri-Score sur les achats

Curieusement, on constate que les étiquettes rouges sont très fréquemment évitées mais les vertes pas forcément plus choisies. Ce qui est bien : le Nutri-Score rouge n’est pas un signe d’interdiction, juste une alerte sur les caractères peu favorables à la santé. Donc jongler avec des coloris vert clair, jaune et rouge clair, pourquoi pas !

De nombreux facteurs peuvent influer le consommateur en magasin : faire ses courses avant de manger par exemple, quand on a faim, induit d’acheter plus d’aliments plaisir, caloriques, alors préférez faire les courses le ventre plein !

Encore des difficultés et des biais

Reste à confirmer son efficacité sur populations défavorisées nutritionnellement et sur le long terme, sans effet d’habituation. Les fumeurs ne voient plus les messages d’alerte placés sur les paquets de cigarette…

Le consommateurs lisent moins les étiquettes des produits « mauvais pour la santé », souvent « E rouge » car ils cherchent à se faire plaisir sans culpabiliser en achetant ces produits.

Et puis, le Nutri-Score® est encore trop peu connu : seuls 4 Français sur 10 le connaissent. Bien qu’il soit adopté dans 6 pays européens, sa notoriété doit encore progresser !

Certains industriels sont encore réticents à la mise en place obligatoire du Nutri-Score®, notamment car il est difficile de reformuler certains produits. C’est par exemple le cas des spécialités régionales dont les recettes sont souvent riches et qui pourraient être délaissées par les consommateurs… C’est aussi le cas, paradoxalement, des produits « naturellement » sains, qui peuvent alors être pénalisés par des couleurs vertes (cacahuètes non salées est verte quand le pur jus d’orange naturel est orange !

Il nous semble donc que cet outil pourrait être pertinent surtout pour inciter les industriels afin qu’ils se penchent sur leurs recettes pour les améliorer, et bien sûr, pour sensibiliser et toucher et donner des clés communes à de nombreux européens. Cependant, le rendre obligatoire paraît encore loin…

Sources :

Rapport de la Commission au Parlement Européen et au Conseil relatif à l’utilisation des formes d’expression et de présentation complémentaires de la déclaration nutritionnelle. Bruxelles, le 20 mai 2020

Credoc, Consommation et modes de vie N°CMV311, mai 2020

Ouvrez l’œil avant d’ouvrir la bouche – Béatrice de Reynal – Ed Robert Laffont

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