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Le ministre de l'économie Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse.
Le ministre de l'économie Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse.
©Eric PIERMONT / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

La récession ne sera pas la même pour tous, ce qui préfigure un peu plus chaque jour de l’abysse croissant qui sépare les différents pans de la société.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Depuis mon observatoire à Miami, en regardant la France de loin, depuis ma longue vue professionnelle, j’ai du mal à voir où se situe cette récession en cours, dont on nous rabat les oreilles (moi y compris, car je pense qu’elle est bien là et cache son jeu). La classe business d’Air France bat des records de prix, totalement hors sol, sans mauvais jeu de mot, mais sont pourtant pleines à craquer. New York ou Miami, depuis à Paris, même à 5000eur la place, font classe pleine. Il y a même des occupants de la fameuse Première, qui frôle ou dépasse les 10 000€. Récession ? 

Quand je regarde mon agenda pour cette semaine, il est quasiment vide côté Français. Tout le monde est en congés. En pont. En RTT. Récession ? Les Français avec qui je travaille semblent totalement isolés dans une bulle où l’inflation et la menace de récession n’existent pas. Nous allons couler ? Partons en congés et parlons d’autre chose. 

Ici, on bosse. Mon agenda est plein, les Américains n’ont ni congés scolaires, ni RTT, et se préparent à une forme étrange de récession tranquille, que les médias leur vendent à longueur de journée. Cela n’arrête personne néanmoins, Miami et NYC font une rentrée record, les touristes affluent à nouveau, les prix restent super haut perchés, sur talons aiguilles et défilent sur le podium de la récession heureuse. Pourtant des signes se détachent. Pour la première fois en 2 années, les prix freinent ou baissent (immobilier), plus de surenchère pour arracher une rare location disponible, mais dans les endroits les plus côtés, un appartement avec une seule chambre sont loués en 24 heures à 11 000$ par mois ! Pas de 2 chambres à moins de 7 000$ à New York… 

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Il y a donc 2 mondes qui s’opposent. Ceux du « bas » et ceux du « haut ». En haut, tout va bien. En bas, le sable devient mouvant, chacun s’enfonce, mais comme d’habitude, les pouvoirs centraux, à Paris ou Washington, ne réalisent rien. Un peu plus aux USA néanmoins, car les mid-terms arrivent et il s’agit pour les Démocrates de ne pas perdre le contrôle du Congrès. Du coup, on jette un œil au-delà de la frontière dorée des grandes villes périphériques pour s’intéresser un instant aux « red necks » (ploucs) du centre des USA, qui ont voté Républicain lors de la Présidentielle. Majoritairement. 

Idem en France. Il y a la France de Paris et la France de la province. Rats des villes et ceux des champs. A la ville, on parle développement durable, frugalité, on fustige Poutine et on part en avion au bout du monde à chaque vacance. Aux champs, on compte les tickets essence et on se prépare à rétrograder un peu plus vers le bas. On espère une dissolution pour donner définitivement le pouvoir aux extrêmes afin de « bouter » l’énarque déconnecté du peuple, au goulag de la politique. Qui l’aura bien mérité. 

La récession ne sera pas la même pour tous, ce qui préfigure un peu plus chaque jour de l’abysse croissant qui sépare les 2 pans de la société, que l’argent et la polarisation politique, éloignent un peu plus chaque jour. Une dérive des continents qui semble totalement échapper à tout le monde. Politiques. Journalistes. Économistes (toujours aussi crasses), qui montrent ainsi leur inutilité totale. Pour un peu je lirais le livre de Piketty. Non, quand même, je n’irai pas jusque-là !! 

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Le dialogue est rompu, car personne n’a pensé à maintenir de ligne téléphonique entre ces 2 pans de la société. La classe moyenne, devient basse, et les riches plus nombreux. Au milieu, c’est la calvitie. Certains paient 44 milliards pour libérer un oiseau, et d’autres les tuent au lance-pierre pour se nourrir. 

Les pays émergents, comme les pays dits développés, sombrent entre les mains des populistes. Même au Brésil ce soir, Bolsonaro, décrit comme un débile profond par la presse occidentale, résiste fortement, contre toute attente, et ce n’est même pas la faute à l’abstention, puisque le vote est obligatoire au Brésil (sous peine d’amende) et que même perdant, il pourrait garder un large pouvoir à l’Assemblée et une partie des régions, puisque les Brésiliens votent pour tous les pouvoirs le même jour (les bulletins de vote papier contribuent ainsi à eux seuls à un peu plus de déforestation…, la démocratie tue l’environnement !!). 

Chacun devrait tirer les leçons du Brésil, de l’Italie, de la France dans une certaine mesure, des sondages super favorables à Trump, de la vigueur de Bolsonaro, et sonner l’alarme, mais non, on se contente de fustiger le mauvais peuple, qui ferait des mauvais choix. Mais si le méchant peuple ne voulait plus de ses « excellents » dirigeants actuels, qui ont la couleur voulue par le « main-stream » politique, mais dont ils ne veulent plus ? 

Nos cadres d’Auteuil-Neuilly-Passy vont bien vivre la crise, même dure. Ils iront en Bretagne en congés plutôt qu’à St Tropez. Au pire. Comme disait Coluche, les riches auront beaucoup à manger et les pauvres beaucoup d’appétit. Et personne, personne, pour réagir. On gère la crise avec des tickets à essence, des boucliers, quand il faudrait une épée, un bulldozer pour tout casser et recommencer. 

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Je suis sidéré. L’inflation perdure, les économistes, les banques centrales, nous l’annonçaient de courte durée. Les salaires ne sont pas ou peu augmentés, ce qui est parfait pour éviter la course à l’inflation à l’Argentine, mais les plus pauvres vont « morfler » et la bouilloire va bouillir un peu plus. Lors de mon passage à Paris, un dîner avec 1 Ministre et 3 députés, de bords différents, m’offrait comme conclusion que Macron n’excluait pas une dissolution et qu’en cas de perte de sa part (courue d’avance pourtant) il pourrait quitter le pouvoir à « la de Gaulle » (la taille, le panache et l’épaisseur en moins). Les « rats » des villes pourraient quitter le navire et nous faire un remake du Titanic. Effrayant, non ? Et pourtant, pas une oreille ne bouge, et pour cause les oreilles sont en congés de la Toussaint. Il s’agira de bien prier pendant ces congés « saints » car cela va tanguer. 

L’Europe continue à croire que la crise en Ukraine est sa seule mission, alors que le bateau fuit de partout, et que l’Ukraine (malheureusement) devrait être le moindre de nos soucis. Il y a urgence, et le monde est aveugle. Mettre Ray Charles, Gilbert Montagné et Stevie Wonder au pouvoir nous assurerait une meilleure vision. 

Et vous la récession, elle se passe comment ? Moi je suis entrepreneur depuis 25 ans, et la récession c’est un jour sur deux. Mais c’est ma peau. Quelle importance donnerons-nous à celle des autres ? Dans le TGV peut être alimenté par des réacteurs défaillants, que nous avons abandonné lâchement, méditons à ces questions. Bonnes vacances à la France !

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