Guerre d’Ukraine : petits conseils pour apprendre à faire la part de la désinformation de celle des vrais contenus mis en ligne<!-- --> | Atlantico.fr
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Cette vue montre des dommages aux étages supérieurs d'un immeuble à Kiev le 26 février 2022, après l'impact d'une roquette russe.
Cette vue montre des dommages aux étages supérieurs d'un immeuble à Kiev le 26 février 2022, après l'impact d'une roquette russe.
©Daniel LEAL / AFP

Intox à tous les étages

Depuis le début de l’invasion russe, des photos et des vidéos détournées sont publiées sur les réseaux sociaux. Certaines images choquent et génèrent un partage massif, sauf qu'elles ne sont pas toutes vraies. La désinformation est très présente autour de la guerre en Ukraine.

François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe, docteur d’État, hdr., est directeur de recherche à l’IRIS, spécialisé dans la communication, la cyberstratégie et l’intelligence économique, derniers livres : « L’art de la guerre idéologique » (le Cerf 2021) et  « Fake news Manip, infox et infodémie en 2021 » (VA éditeurs 2020).

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Anthony Poncier

Anthony Poncier

Anthony Poncier est Docteur en Histoire, membre du collectif Réenchanter Internet et expert en transformation digitale et en stratégies collaboratives. En cette qualité, il accompagne les entreprises dans la conception de leurs stratégies médias sociaux, ainsi que dans la création de leurs réseaux internes.

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Atlantico : Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, une foule de contenus partisans est apparue sur les réseaux sociaux et sont relayés massivement. Que doit-on vérifier en premier lieu pour déterminer si une information est vraie ou non ?

Anthony Poncier : La question des fake news se pose principalement sur les réseaux sociaux plutôt que sur les grands médias. Et la première interrogation que l’on doit se poser lorsque que l’on est face à un contenu est : y a-t-il une source ? A priori, s’il n’y a pas de source, on peut douter de la véracité de l’information car il n’y a pas les moyens de vérifier sa pertinence.

Ensuite, si quelque chose est partagé massivement, ce n’est pas obligatoirement vrai. Beaucoup de gens réagissent en fonction de l’émotion et du partage sur les réseaux sociaux. Le nombre de partages n’est pas un signe de vérification. Loin de là.

Il faut se demander qui est l’émetteur de départ. Est-ce un média reconnu ? L’info a-t-elle une seule origine ou y a-t-il plusieurs médias ? Sont-ils reconnus comme étant sérieux ? Il faut savoir qu’un média vérifie normalement ses sources. Si on a doute sur un média, il y a des annuaires de vérification. Le Monde a d’ailleurs sorti un Décodex recensant un certain nombre de sites et analyse leur fiabilité. Quand on met le nom de la source, il détermine sa véracité.

Mais rappelons que sur les réseaux sociaux, ce qui reste le plus viral ce sont les vidéos ainsi que les images et non les articles.

François-Bernard Huyghe : Mon premier conseil est d’attendre une heure. Il y a une très forte probabilité, sur un sujet sensible comme celui d’un conflit, qu’un fact-checker repère la fausse information rapidement. Des images grossières peuvent avoir été reprises ailleurs pour être contextualisées dans le conflit. Pour certaines personnes, c’est assez facile à repérer. Si l’on prend l’exemple de l’attaque sur l’île aux Serpents (où des soldats ukrainiens ont été attaqués par des navires russes), on a appris quelques heures après la sortie de l’information que les soldats n’étaient pas morts, mais qu’ils s’étaient rendus après avoir épuisé leurs munitions.

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Comment bien vérifier la véracité des images et vidéos postées sur les réseaux sociaux ?

Anthony Poncier : N’importe quel particulier ou journaliste peut se tromper avec l’image car elle peut être reprise et publiée par une source locale de bonne foi. Mais après quelques recherches sérieuses, on peut s’apercevoir que c’est une image d’archive… Avec l’image et la vidéo, le fact-checking demande du temps, mais heureusement il existe des moteurs de recherches inversés. Google le fait pour l’image et Amnesty International pour les vidéos YouTube. Cela permet de vérifier le contenu en tant que tel.

À l’oeil nu, on peut aussi vérifier les informations en arrière plan d’une image. Certains détails, nous donnent une situation géographique ou une époque. Il faut donc voir par rapport à ses connaissances ce que l’on peut apprendre et dans une démarche de vérification géographique, on peut regarder sur Google Maps, Google Earth. Vérifier une image, une vidéo, une source peut se faire en quelques clics grâce à ces outils en ligne.

François-Bernard Huyghe : On peut repérer lorsqu’une image a été truquée et mal légendée après quelques recherches dans les banques d’images. Des images peuvent êtres tirées de films ou d’autres contenus. Dans certaines situations, c’est facile à repérer et des moteurs de recherches permettent de les voir comme Google Images.

Lorsqu’une image est contestée et qu’elle vient des deux côtés, c’est plus compliqué. On a l’exemple de la jeune femme ayant accouché sous les bombes et dont les Russes avaient dit que c’était une actrice maquillée. Lorsqu’un camp accuse l’autre de truquer des images, il ne vaut mieux pas re partager l’image ou vérifier de quel côté est engagé la source. Et il faut se méfier de ses propres clichés idéologiques et de sa propre tendance à voir le mal dans l’autre côté. Sur les réseaux sociaux, il faut se méfier de ce que nous aimerions entendre.

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Le profil de la personne qui partage le contenu est-il un indice d'une fake news ?

François-Bernard Huyghe : Même si cela n’est pas une preuve absolue, regarder d’où vient l’information et analyser ce que la personne diffuse comme contenu d’habitude est une bonne chose. C’est un conseil facile à appliquer mais efficace. 

Avant de partager soi même un contenu, un travail de vérification est-il obligatoire ?

Anthony Poncier : Il faut prendre le temps et ne pas réagir à l’émotion sinon chacun participe à ce qu’est une fake news. Il faut faire attention à la loi du nombre. Ce n’est pas parce que tout le monde en parle que l’information est de qualité. À l’heure d’un conflit, une guerre de l’information est en marche et chaque camp essaie de faire réagir en produisant de la désinformation. La désinformation est très forte du côté russe, mais elle est présente du côté ukrainien aussi.

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