Bruxelles demande des réformes structurelles pour débloquer des milliards du plan de relance...<!-- --> | Atlantico.fr
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Ursula von der Leyen Commission européenne Europe vaccins marchés financiers plan de relance dette aides
Ursula von der Leyen Commission européenne Europe vaccins marchés financiers plan de relance dette aides
©JOHN THYS / POOL / AFP

Atlantico Business

Après le fiasco des vaccins, pas sûr que la présidente de l’Union européenne soit bien placée pour donner des leçons de bonne gestion aux pays membres. Pour Ursula von der Leyen, les réformes prévues par les plans de relance des pays membres de l’UE sont insuffisantes. Et elle va s’étonner d’être assaillie par la critique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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La question des aides européennes a déjà pris du retard. L’accord a été conclu en juillet 2020, pour un montant de 750 milliards d’euros. Plus de la moitié en subventions, 390 milliards, le reste en prêts garantis par l’Europe. C’était surtout la première fois que l’Europe s’engageait à mutualiser sa dette.

Pour l’instant, aucun pays n’a encore touché son argent. Le plan de relance vient de passer le test du Parlement européen, il doit maintenant être ratifié devant chaque Parlement national. Six pays ont procédé au vote (Croatie, Chypre, Slovénie, Portugal, Bulgarie et France). A la Commission, on espère que tout sera finalisé avant l’été. Les premiers versements devraient donc intervenir un an après l’accord européen.

Cet argent doit certes servir à relancer les économies européennes, l’Italie en est la première destinataire, mais la Commission ne veut pas verser cet argent sans savoir à quoi il sera destiné. Alors, l’arrivée au pouvoir de Mario Draghi qui a déjà réussi à rallier toute la classe politique, y compris les antisystèmes va sans doute détendre un peu la relation. L’ancien président de la BCE ne sera pas de trop pour négocier avec Bruxelles. 

Mais en Italie comme ailleurs, pas question que cela serve à financer des dépenses de fonctionnement.

Les pays de l’Europe du Nord n’ont pas ce genre de problèmes, ils ont des budgets à l’équilibre et l’année 2020, si elle est en déficit, restera un épiphénomène. Les pays à l’est de l‘Europe ont déjà voté ou voteront sans trop discuter parce qu’ils ont besoin de cet argent. Avec la Hongrie, ça risque d’être sportif parce que les réformes structurelles demandées touchent aux pratiques jugées pas assez démocratiques. En revanche, des pays comme la l’Espagne et même la France sont pointés du doigt.

La France a dévoilé en septembre un plan de relance ambitieux, de 100 milliards d’euros, mais qui est jugé trop flou à Bruxelles. Il se déplie en trois axes :

Le premier, des investissements pour favoriser la transformation digitale, c’est vague

Le deuxième, des investissements pour accélérer la mutation écologique c’est encore plus vague.

Et enfin, en trois, Paris a promis de redynamiser l’économie avec une maitrise du déficit budgétaire et un objectif de compétitivité. Bruxelles souhaiterait que Paris avance dans les réformes destinées à assainir certains budgets sociaux et notamment la réforme des retraites. Comme si un pays en pleine pandémie et dans l’antichambre d’une présidentielle compliquée pouvait s’offrir le luxe d’engager des chantiers de réformes parmi les plus clivants. On voudrait rendre service aux courants populistes, extrémistes et anti européens qu‘on ne s’y prendrait pas autrement.

Il va donc falloir que tous ces pays confirment leurs engagements et la destination de ces investissements, y compris en France même si elle a déjà signé le protocole d’accord. Bruxelles sait bien que les promesses ne seront pas tenues.

Ursula Von der Leyen a donc rappelé chacun à son devoir, sans trop y croire. Elle a fait le job pour calmer les Allemands et peut être aussi, pour tordre le bras des Hongrois qui ne sont pas sur le mode réformes.

Alors l’Europe peut-elle aller jusqu'à bloquer tout versement ?

La Commission européenne a perdu beaucoup de son crédit, avec une gestion de la pandémie et des vaccins très attaquée, elle n’a donc pas la force ni intérêt à aller jusque-là. A moins de se réjouir d’être assaillis par la critique et les mauvais procès.

Les pays de l’Union européenne ont beau critiquer la Commission, ils ont tous besoin de l’Europe. Et ils ont aussi besoin de la Banque centrale européenne.

Tous les pays européens ont besoin d’emprunter, même en dehors du plan européen. C’est grâce à l’Europe qu’ils réussissent à emprunter des sommes colossales – l’Espagne, le Portugal, la Grève… et à un prix très bas. Des taux zéro voire négatifs. Ça tient du miracle.

Mais le but des institutions européennes, c’est aussi de rappeler qu’il faudra rembourser la dette. Christine Lagarde l’a également dit haut et fort cette semaine. La dette doit être remboursée.

Cette position forte tient au fait que l’Europe garantit les emprunts de ses membres. On ne peut donc pas imaginer que l’un des pays européens ne rembourse pas parce que dans ce cas, il signerait la ruine de l’Europe et la ruine de l'Euro.

C’est donc impossible.

Sur ce remboursement, il y a deux thèses qui s’affrontent en Europe.

Ceux qu’on appelle les faucons, les durs et les sévères, les orthodoxes et les classiques veulent qu’on rembourse le plus vite possible. Ils sont Allemands ou Hollandais, et même quelques Français comme l’économiste Piketty, qui parlent d’augmentation d’impôt ou qui demandent que l’on utilise l’épargne passive stockée depuis le début de la crise dans des comptes liquides et disponibles.

D’un autre côté, les colombes, plus laxistes, et qui sont pour la plupart près du gouvernement, plaident pour se donnent plus de temps.  Si on rembourse très vite, le risque est d’asphyxier l’économie, d’étrangler la demande et d’étouffer l’offre. Ce qui revient finalement à un endettement qui n’aura servi à rien.

Il faudra donc attendre. D’autant qu’en réalité, rien ne presse. Aucun pays en Europe n’est en risque de banque route. Notre dette, si importante soit elle, ne nous coute pas cher. Les taux sont très bas et la croissance économique qui va revenir nous permettra de raboter cette dette de façon mécanique.

Les taux zéro sont installés pour une très longue période, ce qui nous donne la possibilité d’un horizon à 10 ans pour agir. Il est possible d’attendre pour rembourser la dette.

En revanche, cette attente ne doit pas empêcher des pays comme la France de réduire ses dépenses publiques exorbitantes pour investir.

Reste qu’actuellement la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est assez mal placée pour venir nous donner les leçons de bonne gestion.

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