Le pr&eacute;sident afghan Ashraf Ghani a quitt&eacute; la capitale Kaboul pour le Tadjikistan, a d&eacute;clar&eacute; dimanche un haut responsable du minist&egrave;re afghan de l'Int&eacute;rieur.
Interrog&eacute; pour un commentaire pour Reuters, le bureau du pr&eacute;sident a d&eacute;clar&eacute; qu'il "ne peut rien dire sur la destination d'Ashraf Ghani pour des raisons de s&eacute;curit&eacute;".
Un repr&eacute;sentant des talibans, entr&eacute; dans la capitale plus t&ocirc;t dans la journ&eacute;e de dimanche, a d&eacute;clar&eacute; que le groupe v&eacute;rifiait l'endroit o&ugrave; se trouvait Ghani afin de trouver son &eacute;ventuelle cachette.
&nbsp;
&nbsp;

large_000_9K23G8.jpg

medium_000_9K23G8.jpg

small_000_9K23G8.jpg

thumbnail_000_9K23G8.jpg

000_9K23G8.jpg

Le Président afghan Ashraf Ghani fuit le pays pour le Tadjikistan 

Afghanistan : quelle responsabilité de l'Occident dans la situation actuelle ?

L'imp&eacute;rialisme am&eacute;ricain a dit et fait beaucoup de choses obsc&egrave;nes au cours des d&eacute;cennies. Et tout en haut de la liste se trouve la r&eacute;ponse de l'administration Biden &agrave; la mont&eacute;e en puissance des talibans apr&egrave;s le retrait &eacute;chelonn&eacute; des forces am&eacute;ricaines et de l'OTAN. Ils doivent se battre pour eux-m&ecirc;mes", a d&eacute;clar&eacute; le pr&eacute;sident Biden &agrave; propos du peuple afghan. Ils doivent "se battre pour leur nation", a-t-il poursuivi. Ses commentaires &eacute;taient empreints d'un ton ch&acirc;ti&eacute;. Il a dit en substance : "Ressaisissez-vous". Faites quelque chose. Il est difficile d'imaginer le degr&eacute; d'arrogance qu'il faut pour laisser un pays en ruine et ouvrir la voie &agrave; la barbarie qui balaie aujourd'hui cette nation, puis se retourner et faire des reproches au peuple assi&eacute;g&eacute; que l'on a laiss&eacute; derri&egrave;re soi parce qu'il n'&eacute;tait pas pr&eacute;par&eacute; &agrave; l'assaut.
Ne vous y trompez pas : &agrave; chaque &eacute;tape, les forces am&eacute;ricaines et de l'OTAN ont aveugl&eacute;ment et de mani&egrave;re ruineuse ouvert la voie &agrave; ce qui se passe actuellement en Afghanistan. Les m&eacute;dias occidentaux sont pleins de descriptions terribles de ce que font actuellement les talibans. Le nombre de villes qu'ils ont prises en un temps extraordinairement court. La cruaut&eacute; de ses forces arm&eacute;es. Les perspectives de mort pour les femmes et les jeunes filles - et toute forme de dissidence - dans une nation o&ugrave; ces islamistes intol&eacute;rants seront bient&ocirc;t aux commandes. Le "retour &agrave; l'&acirc;ge des t&eacute;n&egrave;bres", comme le dit la premi&egrave;re page du journal Metro d'aujourd'hui, avec l'image d'une jeune fille d&eacute;concert&eacute;e. Ce qui fait d&eacute;faut, cependant, c'est une analyse significative de la fa&ccedil;on dont cela s'est produit ; comment nous sommes arriv&eacute;s &agrave; cette terrible situation dans laquelle les Talibans, pr&eacute;sent&eacute;s pendant des mois et des mois par les observateurs occidentaux comme un partenaire pour la paix, pourraient si facilement et avec succ&egrave;s retourner &agrave; la guerre.
C'est &agrave; cause du retrait, affirment les pro-interventionnistes. La calamit&eacute; qui se d&eacute;roule actuellement en Afghanistan est la preuve que l'Occident &eacute;tait n&eacute;cessaire l&agrave;-bas et qu'il aurait d&ucirc; y rester, disent-ils. Nous reviendrons dans un instant sur le retrait et les probl&egrave;mes qu'il pose. Mais il est d'abord essentiel d'&eacute;tablir que ce n'est pas l'absence des forces occidentales qui a facilit&eacute; la mont&eacute;e en puissance des talibans, mais leur pr&eacute;sence et leurs actions.
De deux mani&egrave;res en particulier, les forces occidentales ont contribu&eacute; &agrave; sceller le sort qui &eacute;trangle actuellement la vie de l'Afghanistan. Tout d'abord, en contribuant &agrave; institutionnaliser les seigneurs de la guerre et les divisions tribales et en s'opposant efficacement &agrave; toute possibilit&eacute; pour l'Afghanistan d'&ecirc;tre un &Eacute;tat-nation viable (le tout, bien s&ucirc;r, sous le couvert de la "construction de la nation"). Et deuxi&egrave;mement, en entretenant l'illusion que les Talibans &eacute;taient devenus une force pacifique et un partenaire mondial potentiel de la "communaut&eacute; internationale". La premi&egrave;re a fait de l'Afghanistan un &Eacute;tat Potemkin, une nation de papier, facilement envahissable ; la seconde a enhardi les talibans et les a pr&eacute;par&eacute;s &agrave; une telle invasion, &agrave; leur entr&eacute;e dans un pays vid&eacute; de sa substance par les "b&acirc;tisseurs de nations" occidentaux.
C'est la rapidit&eacute; avec laquelle les talibans ont conquis de vastes &eacute;tendues de l'Afghanistan qui est la plus frappante, et qui nous raconte une histoire sur cette nation que les interventionnistes pr&eacute;f&egrave;rent ignorer. En l'espace d'une semaine, les Talibans ont pris 10 capitales provinciales, dont Kunduz. On a estim&eacute; cette semaine que les talibans contr&ocirc;laient 57 % des districts d'Afghanistan, tandis que le gouvernement de Kaboul, soutenu par l'Occident, en contr&ocirc;le 16 %. Les autres sont contest&eacute;s. Les responsables militaires am&eacute;ricains pr&eacute;voient que les talibans pourraient isoler Kaboul en 30 jours et devenir officiellement les dirigeants du pays en 90 jours. Plus d'un millier de personnes ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;es ces derni&egrave;res semaines et les d&eacute;placements internes sont consid&eacute;rables, les civils fuyant en particulier le nord du pays pour se diriger vers la zone de Kaboul, jusqu'ici &eacute;pargn&eacute;e par les talibans.
Le fait que cela se soit produit au moment o&ugrave; les forces occidentales finalisent leur retrait a renforc&eacute; la vision du monde flatteuse de ces bombardiers d'ordinateurs portables qui croient que les arm&eacute;es occidentales sont les sauveurs des peuples brutalis&eacute;s &agrave; travers le monde. Mais il y a une question bien plus importante, une question que les narcissiques du lobby interventionniste, consum&eacute;s par des visions de leur propre vertu plut&ocirc;t que par des analyses s&eacute;rieuses des &eacute;checs de l'intervention, semblent incapables de poser. Comment cela a-t-il pu se produire si rapidement ? Pourquoi l'Afghanistan est-il si faible et son gouvernement et ses forces de police si incapables ? Et pourquoi les talibans sont-ils, du moins relativement, si forts ? C'est ce qui a pr&eacute;c&eacute;d&eacute; le retrait qui est essentiel ici.
L'intervention occidentale en Afghanistan a toujours &eacute;t&eacute; une entreprise militaire &agrave; la recherche d'une justification. L'invasion de 2001 a &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute;e comme une guerre contre Al-Qa&iuml;da, alors h&eacute;berg&eacute; par le gouvernement taliban, pour la barbarie apocalyptique qu'il a fait subir &agrave; New York et Washington. Comme si les paysans de Tora Bora portaient une quelconque responsabilit&eacute; dans cet acte de terreur. Comme si Al-Qa&iuml;da n'&eacute;tait pas en fait un mouvement mondial, sans fronti&egrave;res, soutenu davantage par des identitaires islamistes bien &eacute;duqu&eacute;s en Occident (comme ceux qui ont planifi&eacute; le 11 septembre) que par les populations pauvres qui ont fait les frais de la guerre occidentale en 2001. Ainsi, m&ecirc;me l'acte initial d'intervention - motiv&eacute; par l'illusion que la misanthropie de plus en plus mondialis&eacute;e des r&eacute;seaux islamistes radicaux pourrait &ecirc;tre temp&eacute;r&eacute;e en ciblant un soi-disant &Eacute;tat voyou - &eacute;tait totalement erron&eacute;. Lorsqu'il est apparu clairement que le terrorisme islamiste mondial ne serait pas frein&eacute; par le bombardement de l'Afghanistan - et qu'en fait il s'aggravait - la justification de la pr&eacute;sence de l'Occident dans ce pays a chang&eacute;. C'&eacute;tait une guerre pour d&eacute;fendre les droits des femmes. C'&eacute;tait une guerre contre la drogue. Il s'agissait de construire une nouvelle nation.
L'&eacute;dification de la nation est devenue la raison d'&ecirc;tre de l'entreprise afghane. Mais &agrave; bien des &eacute;gards, la "construction de la nation" &eacute;tait le contraire de ce qu'elle pr&eacute;tendait &ecirc;tre. Ce qui &eacute;tait en train d'&ecirc;tre fa&ccedil;onn&eacute; en Afghanistan n'&eacute;tait pas un &Eacute;tat coh&eacute;rent, et encore moins un &Eacute;tat l&eacute;gitime aux yeux du peuple afghan, mais plut&ocirc;t une nation Potemkine, un gouvernement emmur&eacute; &agrave; Kaboul qui b&eacute;n&eacute;ficiait du soutien de la "communaut&eacute; internationale" mais de peu de loyaut&eacute; v&eacute;ritable de la part du peuple afghan. En effet, ce gouvernement financ&eacute; par l'Occident, qui se faisait passer pour un &Eacute;tat-nation, a fini par contribuer &agrave; la corrosion et &agrave; l'&eacute;videment de la nation afghane, &agrave; la d&eacute;construction de la nation. Comme l'a &eacute;crit Anil Hira pour le Canadian Defence and Foreign Affairs Institute en 2009, alors que les &eacute;checs de la "construction de la nation" &eacute;taient d&eacute;j&agrave; &eacute;vidents, le "nouvel Afghanistan" s'est d&eacute;fini par son manque de d&eacute;finition, par l'absence d'une strat&eacute;gie coh&eacute;rente. Le gouvernement afghan et ses divers soutiens occidentaux formaient une coalition "l&acirc;che et d&eacute;sordonn&eacute;e", op&eacute;rant souvent "sur des bases strat&eacute;giques diff&eacute;rentes et dans des sph&egrave;res d'influence diff&eacute;rentes".
La " construction de la nation " - nom donn&eacute; aux r&eacute;seaux l&acirc;ches et conflictuels qui soutenaient le r&eacute;gime surveill&eacute; de Kaboul - a conduit &agrave; une nouvelle d&eacute;t&eacute;rioration de l'identit&eacute; nationale afghane. Les &eacute;l&eacute;ments du gouvernement Karzai des ann&eacute;es 2000 se sont comport&eacute;s essentiellement comme des seigneurs de la guerre. Ils &eacute;taient charg&eacute;s de "distribuer l'aide" et le faisaient souvent de mani&egrave;re &agrave; pouvoir "maintenir des sph&egrave;res d'influence distinctes et locales". En d'autres termes, le gouvernement central, cette force Potemkine, a contribu&eacute; &agrave; l'inflammation du s&eacute;paratisme tribal en allouant l'aide et les fonds occidentaux aux forces des seigneurs de la guerre dont on pouvait esp&eacute;rer qu'elles maintiendraient un minimum de paix dans les r&eacute;gions situ&eacute;es au-del&agrave; de Kaboul. Cela signifie, comme le souligne Hira, que l'aide elle-m&ecirc;me, le soutien de la communaut&eacute; internationale &agrave; la "construction de la nation", a eu "l'effet ironique de contribuer &agrave; financer les insurrections et les dissonances". La "construction d'une nation" &eacute;tait la propagande, la dissonance violente la r&eacute;alit&eacute;.
En plus de cultiver la faiblesse de l'&Eacute;tat, les forces occidentales ont &eacute;galement fait venir les talibans du froid. Ces derni&egrave;res ann&eacute;es, elles ont flatt&eacute; les talibans en les pr&eacute;sentant comme une force de paix, un mouvement avec lequel nous pouvions travailler. Les talibans sont devenus un acteur central du soi-disant processus de paix. Ils sont devenus un partenaire diplomatique des &Eacute;tats-Unis l'ann&eacute;e derni&egrave;re, avec leur accord sign&eacute; conjointement pour ramener la paix en Afghanistan. Ce n'&eacute;tait pas la premi&egrave;re fois que les &Eacute;tats-Unis se trompaient en croyant que les talibans pouvaient &ecirc;tre un gouvernement normal et pacifique. Dans les ann&eacute;es 1990, lorsque les talibans ont pris le pouvoir apr&egrave;s la fin de la guerre afghano-sovi&eacute;tique, Washington a cru pendant un certain temps qu'il pourrait y avoir un certain "int&eacute;r&ecirc;t commun" entre les &Eacute;tats-Unis et les talibans, notamment en termes de limitation de l'Iran et de ses ambitions r&eacute;gionales. &Eacute;tonnamment, m&ecirc;me les &eacute;v&eacute;nements ult&eacute;rieurs - le 11 septembre, Al-Qa&iuml;da, la guerre et les suites de 2001 - ne semblent pas avoir totalement d&eacute;tromp&eacute; les observateurs am&eacute;ricains et occidentaux de ces illusions sur les talibans.
La r&eacute;habilitation morale des talibans par l'Occident ces derni&egrave;res ann&eacute;es est une autre expression de "l'optimisme d&eacute;sesp&eacute;r&eacute; de la confiance dans les talibans", comme le soutiennent Nahal Toosi et Quint Forgey. M&ecirc;me aujourd'hui, alors que les talibans s'emparent violemment du pouvoir, les illusions de l'Occident persistent. Le secr&eacute;taire d'&Eacute;tat am&eacute;ricain Antony Blinken passe pour un na&iuml;f politique lorsqu'il se dit choqu&eacute; par la conqu&ecirc;te violente des talibans, car ce mouvement semblait rechercher "une reconnaissance internationale [et] vouloir un soutien international". Les Am&eacute;ricains ont cru leur propre propagande. Nous pensions que les Talibans &eacute;taient une force de paix", disent-ils, alors que des commandants talibans donnent des interviews &agrave; la BBC dans lesquelles ils expliquent clairement qu'ils croient toujours que l'amputation de la main est la punition correcte pour le vol, que les adult&egrave;res devraient &ecirc;tre lapid&eacute;s &agrave; mort et qu'aucune fille ne devrait recevoir d'&eacute;ducation.
Voici la v&eacute;rit&eacute; : les forces occidentales ont &eacute;crit le sc&eacute;nario de la prise actuelle de l'Afghanistan par les forces r&eacute;actionnaires de l'extr&eacute;misme islamique. Elles ont cultiv&eacute; un &Eacute;tat d&eacute;faillant et ont moralement fortifi&eacute; une arm&eacute;e r&eacute;gressive, et le r&eacute;sultat en a &eacute;t&eacute; aussi pr&eacute;visible qu'affreux : l'arm&eacute;e r&eacute;gressive a balay&eacute; l'&Eacute;tat d&eacute;faillant. Cela signifie-t-il que les forces occidentales auraient d&ucirc; rester, que le retrait &eacute;tait une erreur ? Non. La pr&eacute;sence de l'Occident &eacute;tait le probl&egrave;me. Dans le m&ecirc;me temps, cependant, le l&acirc;che abandon de l'Afghanistan par l'Occident, sa fuite devant une calamit&eacute; qu'il a contribu&eacute; &agrave; cr&eacute;er, t&eacute;moigne des &eacute;checs tant moraux que strat&eacute;giques de la politique &eacute;trang&egrave;re du XXIe si&egrave;cle. Les r&egrave;gles d'int&eacute;grit&eacute; exigent certainement que les forces occidentales assurent un niveau de protection plus &eacute;lev&eacute; &agrave; la population afghane avant de partir, mais il est trop tard pour cela.
La fin de l'invasion de l'Afghanistan par l'Occident, qui a dur&eacute; 20 ans, fait passer Chamberlain pour un n&eacute;gociateur habile et respectueux des principes. Une intervention con&ccedil;ue pour mettre un terme &agrave; la terreur mondiale et vaincre les talibans s'est termin&eacute;e avec un terrorisme islamiste plus grave que jamais et les talibans sur le point de diriger &agrave; nouveau l'Afghanistan. Les interventionnistes ont dit qu'ils sauveraient le peuple afghan - en v&eacute;rit&eacute;, ils l'ont soumis &agrave; des d&eacute;cennies de r&eacute;pression, de guerre, de misogynie et de pauvret&eacute;. Qui en r&eacute;pondra ?

Trahison 

Afghanistan : quelle responsabilité de l'Occident dans la situation actuelle ? Brendan O'Neil

Fin de mandat express

Fin de mandat express

Le Président afghan Ashraf Ghani fuit le pays pour le Tadjikistan

Atlantico Rédaction

À Lire Aussi

Le sujet vous intéresse ?

Mots-Clés