Voici enfin revenues "les heures les plus sombres de notre Histoire" ! Elles nous manquaient...

Nommons ceux à qui nous devons cette résurrection salvatrice : Ruedi Baur, designer, et Odyssée Khorsandian, graphiste. Ils s'expriment, petits dessins à l'appui, sur un site, "Enlarge your Paris", relayé par des journaux qui pensent comme eux, et notamment par Libération.

Ils ont fait œuvre d'archéologues. Et sous l'année 2020, ils ont mis à jour les vestiges intacts des années 40. Ça commence par un cri angoissant. "Nous voyons à l’œuvre tous ceux qui profitent de la crise pour passer en force des autorisations de polluer, d'exploiter, ou de réduire la liberté." Soyez patients : les heures les plus sombres arrivent. "Ces stratégies extrêmes nous rappellent les pires moments du siècle passé."

Vous avez bien lu, "les pires moments". Et qu'y a-t-il de pire que les heures les plus sombres de notre Histoire ? En quoi consistent-elles ? Il s'agit de la traçabilité. "Grand est le risque de récupération de ces outils à d'autres fins que celles liées au coronavirus. Faut-il rappeler que les arrestations de Juifs et de résistants par le régime de Vichy furent facilitées par la récupération des outils de surveillance et de répression mis en place par le régime démocratique de Daladier."

Oui, il faut les rappeler ! Et les rappeler sans cesse ! Car que se passera-t-il, quelles horreurs vichyssoises nous seraient promises si au "régime démocratique" d'Emmanuel Macron succédait celui de Marine Le Pen ? Grâce à la traçabilité, on arrêterait les Arabes et les Noirs. Les résistants réfugiés entre le boulevard Saint-Michel et le boulevard Saint-Germain subiraient le même sort.

Mais le pire peut être évité. Car un soleil radieux dissipera l’ombre menaçante des heures les plus sombres. Ruedi Baur et Odyssée Khorsandian ont un programme qui vaut largement celui du Conseil national de la Résistance. Point numéro 1 : le droit d'accès à la nature. "Chaque logement urbain se devra d'être muni d'un jardin". Chouette, on pourra faire pousser des petits pois et des carottes bios. Et aussi du cannabis, ce qui nous évitera d'aller en banlieue... Point numéro 2 : libérer l'enfance asservie. "Dès maintenant, il faut offrir aux enfants des grandes villes des voyages de détoxification numérique et de sensibilisation à la nature". Quoi de plus beau que des millions de gamins gambadant dans les champs et se roulant dans les meules de foin ?

Mademoiselle Khorsandian a un joli prénom qui invite au voyage. Nous préférons rester à Ithaque. Mais on peut voyager avec Ruedi Baur. Il est chargé de concevoir la charte graphique du système d'information voyageur du Grand Paris Express. Sur cette charte graphique, on verra apparaître des photos du maréchal Pétain. Elles seront barrées d'un X noir : pour lui, les rames seront toujours complètes.