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Simplification pour les entreprises : pas de révolution à Bercy, et toujours pas de droit à l'erreur
©Reuters

Mesurettes

L'annonce des 18 points de simplification annoncée par Gerald Darmanin vont simplifier très clairement la vie du Ministère des Finances.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Au mois de juillet, Gérald Darmanin avait dû reporter son projet de loi de simplification pour les entreprises, dont la première version était trop indigente. Aujourd'hui, il en présente la version aboutie. Elle n'a guère évolué depuis trois mois, signe que Bercy n'est pas sous contrôle et que la résistance des bureaux face à la simplification des procédures triomphe.  

Instinctivement, les fonctionnaires savent quel danger mortel représente la simplification administrative. Moins de procédures, c'est moins d'emplois dans les services, moins de textes à mettre en oeuvre, et donc possiblement autour de réductions d'emplois. C'est aussi moins de pouvoir sur la société, moins de possibilité de l'asservir et de la placer sous contrôle

D'où l'expansion permanente de la réglementation, voire de l'hyper-réglementation, et la multiplication des textes flous ou imprécis qui sont autant de prises données au pouvoir discrétionnaire dont l'administration raffole. Le droit fiscal en est la preuve vivante: les incertitudes des textes donnent aux services de Bercy un droit de vie ou de mort sur beaucoup d'entreprises. 

Lorsqu'Emmanuel Macron a évoqué le droit à l'erreur pour les entreprises, il a donc marqué un point important. Ce faisant, on n'a pas alors clairement vu que le droit à l'erreur, avant d'être une chance donnée aux entreprises, est une réduction de la marge discrétionnaire que les fonctionnaires s'attribuent très souvent, par-delà les textes. 

Toujours pas de droit à l'erreur?

En l'état actuel des informations parues, Bercy continue donc sa résistance forcenée contre la politique pour laquelle Emmanuel Macron fut élu. Alors que le droit à l'erreur était une promesse du Président, le projet de Darmanin ne semble pas l'évoquer... en tout cas pas sous la forme d'un droit général et absolu. Si tout juste si quelques procédures (notamment face à l'Inspection du Travail) pourront donner lieu à des contrôles préventifs ou des avertissements à la place de sanctions. 

Autant dire que ce seul oubli suffit à disqualifier l'ensemble du texte. On voit mal pourquoi une loi sur la simplification si elle ne transcrit pas la promesse du candidat Macron qui avait précisément retenu l'attention du public. 

Une collection de mesurettes insipides

Pour le reste, le texte propose une série de mesurettes que personne ne contestera vraiment, mais qui ne sont évidemment pas à la hauteur des annonces politiques faites jusqu'ici sur le sujet. 

Ainsi, le projet Darmanin prévoit que les rescrits seront opposables devant la justice. Cette décision intéressera les spécialistes et tous ceux qui commettent la folie de demander un rescrit (c'est-à-dire une sorte d'autorisation préalable de l'administration en cas de doute sur l'interprétation d'un texte). Jusqu'ici, un rescrit abusif était en effet inattaquable et l'entreprise qui l'avait sollicité devait s'y conformer, même s'il comportait une erreur de droit. 

Le projet Darmanin améliorera la situation, mais on est loin de la révolution attendue. 

Bercy tient bien son ministre

Peu à peu, donc, le profil de Gérald Darmanin se découpe en creux. Ministre qui ne ménage aucun empressement auprès du Président de la République pour être bien vu, il est, sur les questions techniques, complètement phagocyté par son administration. 
Le vide sidéral d'un texte qu'il présente pour la deuxième fois en témoigne. Ah! si seulement nos ministres avaient eu une seule fois, ne serait-ce que pendant trois mois, une vraie expérience de chef d'entreprise...
On notera que le texte sur l'absorption du RSI par le régime général faisait plusieurs dizaines de pages. Le gouvernement Philippe restera dans l'histoire comme une étape parmi d'autres dans la grande expansion de la réglementation publique. Et les promesses de Macron semblent bien loin aujourd'hui. 

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