Selon une majorité de dirigeants occidentaux, la Chine serait désormais en risque d’implosion<!-- --> | Atlantico.fr
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La Chine reste la deuxième économie mondiale mais la plupart des ressorts qui assuraient son fonctionnement sont ou bien fissurés ou cassés.
La Chine reste la deuxième économie mondiale mais la plupart des ressorts qui assuraient son fonctionnement sont ou bien fissurés ou cassés.
©NICOLAS ASFOURI / AFP

Atlantico Business

Rien ne va plus en Chine, mais personne n’ose en parler. Entre la politique « zéro-covid », la crise immobilière, la vague d’inégalités et l’incapacité à assumer la transition écologique, la Chine commence sérieusement à inquiéter l’Occident.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Depuis le début de l’été, l’examen de la situation économique et politique de la Chine se retrouve systématiquement à l’ordre du jour de tous les conseils d’administration des multinationales et des grands fonds d’investissement qui ont tous activé les signaux d’alerte.

En fait, rien ne va plus. La Chine reste la deuxième économie mondiale, le pays reste l’usine du monde occidental avec la population la plus nombreuse, mais la plupart des ressorts qui assuraient son fonctionnement sont ou bien fissurés ou carrément cassés. Plus de croissance, moins d’activité, moins d’emplois et surtout peu de perspectives et de moyens pour affronter les défis écologiques ou énergétiques (ils sont liés) sans parler des risques sociaux provoqués par une population qui ne trouve plus, dans le modèle, ce qu’on lui avait promis.

La crise Covid a été terrible, mais la politique de zéro covid continue de faire des ravages, beaucoup plus graves que le virus.  

Faute de vaccins ou de médicaments efficaces, le pouvoir a systématiquement choisi le confinement. Depuis presque 3 ans, Pékin confine des régions entières à la moindre alerte.  

La semaine dernière, le gouvernement a encore verrouillé plus de 21 millions d’habitants de Chengdu, à cause de quelques contaminations. Or, Chengdu, c’est la capitale de la high-tech chinoise. Dès qu’un seul cas est découvert, les autorités mettent l’immeuble, le quartier, la ville ou même toute la région en quarantaine.

Et les exemple d’expatriés français, coincés dans leur appartement ou obligés de dormir à leur usine ou leurs bureaux abondent. Leur seule liberté est de disposer d’une demie heure pour se faire livrer de quoi manger ou de se faire tester… Tout cela moins de 100 cas découvert sur 25 millions d’habitants.

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Bien que personne ne puisse protester, du moins publiquement, cette situation est devenue insupportable et les entrepreneurs étrangers commencent à envisager des délocalisations dans d’autres pays asiatiques ou même un retour au pays d’origine.  Les magasins sont en permanence en rupture d’approvisionnement, les transports en commun ne fonctionnent pas, les avions et les trains sont arrêtés, la circulation est interdite et la plupart des usines et des bureaux sont fermés.

Alors que le monde entier a retrouvé son dynamisme économique d’avant-Covid, la Chine en est très loin et surtout, personne ne voit comment les autorités chinoises vont abandonner cette politique du zéro covid.

Tout se passe comme si le président Xi Jinping avait fait de cette stratégie l’alpha et l’omega de sa gouvernance. Et la majorité des dirigeants occidentaux sont convaincus qu’il maintiendra ces confinements jusqu’à la mi-octobre, moment où il se présentera pour un 3e mandat au 20e congrès du parti communiste chinois.

Donc l’économie chinoise sera encore partiellement paralysée pendant plus d’un mois. Au mieux, sans doute jusqu’en mars 2023, affirment les scientifiques : « Sans vaccin, ils n’ont pas d’autres solution ».

Parallèlement à la crise Covid qui se prolonge plus pour des raisons politiques que pour des raisons de santé, la Chine va devoir affronter une crise immobilière très sévère, un peu de la même forme que la crise des supprimes aux Etats-Unis en 2009/2010. La Chine possède aujourd’hui un stock d’immeubles vides considérable. L’offre représente entre deux et trois fois la demande. L’un des plus gros promoteurs, Evergrande, est en quasi faillite avec plus de 300 milliards de dollars de dettes. Les propriétaires et les investisseurs ne paient plus. Les chantiers s’arrêtent. L’immobilier, qui a été pendant les quinze dernières années une des locomotives de la croissance, est désormais en panne.

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Les villes gigantesques se retrouvent submergées par des vagues de paysans à qui on a promis des emplois et des logements, mais qui se retrouvent sans rien.

Ces inégalités entre ceux de la campagne qui cherchent des jobs mais qui ont perdu leurs terres et ceux de la ville qui travaillent quand le Covid ne les touche pas, s’aggravent comme jamais dans l’histoire chinoise. La classe moyenne, qui a été la grande gagnante de la frénésie de développement depuis les années 2000, ne consomme plus et ne voyage plus.

Pour l’instant, le pouvoir tient le pays avec un président tout puissant et un parti communiste qui contrôle tous les rouages de la société mais personne ne sait combien de temps le calme artificiel sera maintenu.

Les difficultés sociales, les écarts de revenus, la corruption, les effets du changement climatique, la surpopulation et la raréfaction des énergies font que la Chine va se retrouver incapable d’affronter son avenir.

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