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Saint-Denis, ville ouverte : ouverte au coronavirus !
©Thomas SAMSON / AFP

Drapeau blanc

Cette cité, emblématique du 93, a choisi de se battre contre le confinement. Pas contre le virus.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le titre du Monde a le charme désuet et les grâces infinies de La princesse de Clèves.  Il se tient loin de toute vulgarité.  Et aussi de toute vérité. "Dans les quartiers populaires, l'incompréhension face au coronavirus".  C'est joli: il s'agit de ne heurter personne. "Quartiers populaires"? Qu'est-ce que des zones de non-droit ont à voir avec le mot peuple?  Et pourquoi "incompréhension" là où il n'y a qu'un rejet obstiné et imbécile?

Saint-Denis, que décrit l'article, est une ville ouverte.  En temps de guerre -nous y sommes- ce terme désigne une ville qui se rend à l'ennemi sans combattre. De Saint-Denis, le coronavirus s'est rendu maître facilement: aucune défense ne lui a été opposée.  Même que parfois c'est la fête.

Beaucoup trop de monde dans la rue. Sur les stades des gamins jouent au foot. Et des munitions contre le seul ennemi qui vaille: les flics! Quand ils s'y aventurent, des jets de projectiles et des tirs de mortiers les accueillent.  Des "jeunes" les narguent: "vous êtes bien dehors, pourquoi nous on aurait pas le droit?".  

Des flics, prudents, s'avancent à pas feutrés: "nous avons pour consigne d'éviter des émeutes" a dit l'un d'eux au Monde. Et pendant ce temps, le coronavirus, épris de liberté, s'installe durablement en puissance occupante à Saint-Denis.  Mais ce diable de virus voit large. Il convoite d'autres terres de conquête. On sait en effet que le virus a pour vecteur le corps humain.

Or ni le RER ni les bus qui desservent Saint-Denis n'ont été interrompus.  Les résidents de cette ville si ouverte peuvent donc se déplacer à Paris.  Et le virus se déplace avec eux.  Mais, l'essentiel est que nombre d'habitants de Saint-Denis, des braves gens, en sont les premières victimes. Ce qui se passe dans le 93 porte un nom: la mise en danger de la vie d'autrui.  Comme on ne veut pas d'émeute, pourrait-on au moins envisager un cordon sanitaire autour de la ville qui serait donc toute entière confinée avec interdiction d'en sortir?

Une décision lourde, pénalisante peut-être, sans aucun doute. Mais à la guerre comme à la guerre.  Manhattan 1993, un vieux film américain, montre ce que New York devient par temps de crise. La grande ville américaine a décidé de se débarrasser de ses voyous, de ses trafiquants de drogue, de ses souteneurs et de ses shootés.  

L'île de Manhattan est vidée de ses habitants. À leur place on y installe la lie de la Terre dont New York ne veut plus. Des canailles et des racailles sont donc confinées. Au-dessus de Manhattan patrouillent des hélicoptères armés de mitrailleuses. Quiconque essaye de quitter l'île, en bateau ou à la nage, est immédiatement abattu. Que les habitants de Saint-Denis se rassurent: ce n'est qu'un film.  

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