PACA : la promenade de la mort économique<!-- --> | Atlantico.fr
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Une photographie du Café de Paris fermé pendant un couvre-feu à Monaco, en janvier 2021, lors de la pandémie de Covid-19
Une photographie du Café de Paris fermé pendant un couvre-feu à Monaco, en janvier 2021, lors de la pandémie de Covid-19
©Valery HACHE / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Alors que les Alpes-Maritimes pourraient subir un nouveau tour de vis pour lutter contre la Covid-19, Denis Jacquet relate la détresse et les difficultés de nombreux entrepreneurs dans le sud de la France.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Je pourrais modérer mes propos. Mais c’est impossible. Insupportable. Les seuls qui meurent dans le Sud, sont ceux qui ont perdu leur emploi, leur accès à la formation, leur espoir tout simplement. Ce sont les étudiants, comme partout, dans un état de disette mentale. Les femmes toujours plus violentées par des horaires de confinement qui les pousse dans les bras de leurs bourreaux. Plus loin du Sud, ce sont tous ces vols supprimés vers des pays qui dépendent de notre capacité à voyager, de nos investissements, et qui en Afrique ou ailleurs, meurent au sens propre et figuré, pour sauver des vies imaginaires. Un combat contre si peu de morts, pour sacrifier tant de vies.

Au moment où le Royaume Uni commence à avancer une date de déconfinement, que la Suède n’a toujours pas confiné, que les remontées mécaniques tournent à plein en Andorre et en Autriche, le Sud a décidé de faire venir dans ses villes la grande faucheuse de Paris, pour y annoncer des mesures encore plus drastiques.

Au moment où les statistiques de l’OMS, l’observation de toutes les régions du monde, démontrent que le semi-confinement ne sert à rien, pas plus que le couvre-feu. Au moment où, de plus en plus nombreux, les associations, ONG, intellectuels, entrepreneurs, et même les médecins qui reviennent progressivement à la raison, crient que le remède est pire que le mal, certains veulent tourner un peu plus la vis de la dictature.

Les mêmes qui viendront pleurer cet été, auprès de l’Etat, de l’Europe, pour quémander des subventions pour éponger le carnage. Les mêmes qui se plaindront d’être victimes d’attentats réguliers, quand ils préfèrent affecter les forces de police au contrôle du port du masque, plutôt que lutter contre ceux qui imposent le voile et tue sur leurs promenades ou leurs églises. Ils ne réalisent pas qu’ils tuent bien plus et bien pire que ce que ne pourra jamais faire le Covid. Quand vont-ils ouvrir les yeux et se préoccuper du long terme au lieu de nous sacrifier à leur vue basse ?

Le Negresco n’a pas vu un client depuis des mois, quand Monaco continue à ouvrir, et prouve à lui seul la stupidité des mesures prises par ses voisins. Quasi pas de décès en 1 an, une contamination en très légère augmentation, qui permet aux travailleurs de Menton et Nice, de continuer à percevoir un salaire en moyenne supérieur de 20 à 30% à ce qu’il toucherait dans les villes du sud, et tellement plus que ceux que la gestion de la crise continue à rendre au chômage. Des hommes et femmes de moins de 45 en moyenne, qui ne risquent rien, car les statistiques sont implacables, le covid, variant ou pas, ne varie pas dans sa course et touche toujours majoritairement les plus de 84 ans, qui travaillent rarement dans les hôtels du Sud. Dans sa quête sécuritaire, le Sud est passé à l’ouest… !

Ici en Afrique, au lieu de reculer devant la mort, on a choisi d’avancer dans la vie. Ils en ont vu d’autres. Bien plus dangereux. Comme l’Ebola, qui malheureusement pointe le bout de son nez en Guinée. Ce virus-là est mortel, dangereux. Pour tous. Lui, mériterait cette hystérie collective que nous vivons en Europe, dont 6 des pays figurent parmi les 17 pires gestions de crise au monde, la France notamment. L’Afrique qualifie notre gestion monomaniaque de symptôme d’un occident qui a peur de son ombre, d’un problème de riches. Elle a tellement raison.

Dans le sud comme ailleurs, il y aura un temps pour pleurer. Celui du chômage de masse, du déclassement supplémentaire des plus pauvres, dans une région dont le taux de chômage est l’un des moins bons en France. On aurait pu penser, comme en Espagne, que le Sud aurait compris qu’il n’avait pas les moyens de continuer à nier le drame qui va s’en suivre et s’en suit déjà. Mais la main tendue aux autorités nationales, censées la dédouaner de ses erreurs est déjà la main du mendiant, qui, demain se tendra vers un argent public déjà tari. L’inflation, partout dans le monde pointe son nez, on sait à quel point les mouvements populistes gagnent en vigueur partout. Nous sommes pourtant nombreux à crier partout où l’on veut l’entendre, mais dans le vide, que des périodes de récession naissent toujours de nouveaux régimes autoritaires. Ces élus aveugles pourraient le payer localement la prochaine fois, le RN s’en frotte les mains, pendant que d’autres passent leur temps à se les hydro-alcooliser !

Thomas Piketty, qui devient un « people » de l’économie, serait bien avisé de concentrer sa « science » sur le drame économique et humain que nous préparons, plutôt que de prendre son temps à demander la démission d’une Ministre que l’on ne peut blâmer de se poser des questions sur les dérives radicales dans les Universités. En France, il est plus chic et bobo de pleurer ses morts (Bataclan, Hyper Kasher..) et de se lamenter des conséquences plutôt que d’anticiper les causes.

Je rencontre chaque semaine dans le sud, des entrepreneurs désespérés, qui tiennent à coup de subventions, mais qui voient s’éloigner les marchés promis pour 2021, et savent qu’ils n’auront pas l’oxygène pour tenir une fois les subventions, au final contreproductive même si elles étaient indispensables, disparues. Le Sud qui dépend beaucoup des commandes publiques, et de celles des grands groupes, voit le soleil économique faire son éclipse, et va découvrir très vite que sous les galets, il n’y a pas de plages. Tous sont tétanisés par l’annulation ou le report des projets, car ils savent qu’ils sont à sec. Le tourisme fustigé par le Maire de Nice ! Qui l’aurait cru ? Il semble oublier comme beaucoup, qui le fait vivre et surtout, survivre. Comme si la Tour Eiffel se plaignait d’être visitée !

Le plus étonnant c’est la léthargie qui règne autour de ces décisions, soutenues par une large partie de la population dont le salaire, contrairement à nous, ne dépend pas du chiffre d’affaire et surtout du bénéfice de la fin de mois, à savoir les retraités et les fonctionnaires. Il est évident que les sondages sont alimentés par ces « craintifs déresponsabilisés », plus de la moitié de la population française qui est à l’abri des vagues, et considère de « bonne précaution » de construire des bunkers pour se protéger de vaguelettes. Un entrepreneur est un gladiateur, et accepte bien volontiers le combat et ses risques. Mais jamais d’entrer dans l’arène avec seul perspective que celle de la mort. La gestion du covid en France, et désormais, particulièrement dans le Sud, c’est un pouce retourné vers le sol par des empereurs aux petits pieds, des démagogues du court terme. C’est désormais la précaution qui gouverne la France, merci à Chirac. C’est aussi cette précaution qui inscrit l’Europe dans l’histoire et nous raye des effectifs du futur.

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