Si le régime a résisté à la vague de contestation des résultats de l’élection présidentielle de juin 2009, la révolte actuelle est d’une autre ampleur. Elle est le point paroxysmique d’une répression qui n’a cessé de s’intensifier.
Monsieur le Président de la République,
En Iran, le sang coule sur les femmes qui se battent pour leur liberté et nous regardons ailleurs.
Si les iraniennes sont devenues l’obstacle principal à la tyrannie du régime, elles incarnent aujourd’hui la résistance. Mieux, elles ont sonné le glas d’une plus large révolte populaire. Elles sont, pour reprendre les mots de la célèbre romancière franco-iranienne, Sorour Kasmaï, « la force vitale du combat collectif ».
La disparition de la jeune Mahsa Amini, assassiné sous les coups de la brigade des mœurs pour ne pas avoir porté son voile a réveillé leurs aspirations profondes, trop longtemps couvertes par une répression islamiste sanglante.
Cette aspiration universaliste à ce que chaque femme dispose de son corps nous oblige. Face à elle, nous ne pouvons plus détourner le regard. Il suffit de faire œuvre de mémoire pour reconnaitre que les liens entre nos deux pays sont culturels, intellectuels et historiques.
Oui, de nombreux Français ont été contraints de fuir, en 1979 la révolution islamiste, prémices de l’instauration mortifère de la République islamique d’Iran. Oui, nos propres parents ont vécu dans leur chair ce qu’Edgard Quinet décrivait si justement comme « le véritable exil », celui qui ne consiste pas tant à être arraché à son pays mais d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer. Obligation du voile islamique, lapidation, vitriolage… Autant d’assauts barbares de la République islamiste contre les femmes.
Assistons-nous silencieusement à l’aube d’une révolution ? L’histoire nous le dira. Une chose est sûre, si le régime a résisté à la vague de contestation des résultats de l’élection présidentielle de juin 2009, la révolte actuelle est d’une autre ampleur. Elle est le point paroxysmique d’une répression qui n’a cessé de s’intensifier en novembre 2019. Aujourd’hui, au-delà de la convergence de l’ensemble des corps de la société, la révolte touche en plein cœur la nature même du pouvoir.
Monsieur le Président de la République, le peuple iranien a besoin de la communauté internationale pour poursuivre sa lutte contre la dictature. Fidèle à son histoire, la France doit redevenir ce phare qui a longtemps éclairé le monde.
Aurane Reihanian
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