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Les riches font du sport, les pauvres prennent des compléments minceur : petite sociologie du régime
©Reuters

Maigrir et survivre

La manière de perdre du poids n'est pas la même selon les catégories sociales. En fonction du revenu, on se penchera plus vers le sport ou les pilules. Car à travers l'alimentation, se sont les inégalités les plus flagrantes de notre société qui se révèlent.

Jean-Michel Cohen

Jean-Michel Cohen

Le Dr Jean-Michel Cohen, bien connu du grand public est médecin nutritionniste. Il propose à tous l’apprentissage d’une hygiène de vie et d’une alimentation nouvelle qui laisse une grande place au plaisir. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Le Guide d’achat pour bien manger 2015/2016 et anime également le site internet www.savoirmaigrir.tv.

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Atlantico : Selon les catégories sociales, peut-on constater des différences de méthode pour maigrir ? Pourquoi ?

Jean-Michel Cohen : On constate en effet des différences, et pas des moindres. Pour maigrir, les personnes ayant un revenu relativement élevé auront plus tendance à faire du sport, contrairement aux personnes qui ont des revenus moins élevés qui, elles, se tourneront plus vers des méthodes " miracles " comme les pilules amincissantes.

Cela peut notamment s’expliquer par une différence de sensibilisation. Les personnes au revenu élevé seront moins sensibles aux techniques de " charlatans ", notamment du fait d’une meilleure éducation. Elles savent ce qui est réellement bon pour elles. Les personnes au revenu moins élevé sont souvent tentées d’avoir recours à une méthode " magique " en imaginant qu’il s’agit de LA solution la plus simple pour maigrir et/ou arriver à gérer son poids et sa silhouette. D’autant plus que ces méthodes sont proportionnellement plus faciles d’accès, du fait d’un prix relativement bas et du fait qu’elles soient conçues par des personnes qui pensent que prendre un peu d’argent à beaucoup de gens rapportent bien plus que l’inverse.

Il y a donc une approche réellement différente au régime et au sport selon le revenu ? Quelles en sont les raisons ?

Bien sûr ! Les personnes ayant un revenu élevé ont un souci plus aigu de leur silhouette et de leur santé. Et ce, probablement parce qu’elles ont été plus sensibilisées à des thèmes médicaux centrés autour de leur bien-être. Par ailleurs, elles ont généralement plus de temps à consacrer à ces problématiques.

Concernant les personnes ayant un plus faible revenu, elles ont pour priorité de se nourrir et d’avoir suffisamment à manger. Plus généralement, elles ont des préoccupations matérielles que les personnes à hauts revenus ne connaissent pas la plupart du temps et ont souvent moins accès à la connaissance nutritionnelle qui se distribue soit à travers les informations – qu’il faut avoir le temps de lire, soit lors de consultations médicales, ou bien à travers des livres, des conférences, etc.

Il y a donc une inégalité claire dans l’approche nutritionnelle selon les catégories sociales. Il s’agit d’un phénomène qui est connu mais dont on a honte de parler.

Pour autant, comparées à une paire de chaussures de sport, les pilules pourraient paraître moins avantageuses…

Au contraire, ces pilules sont assez peu chères, tandis que s’inscrire dans une salle de sport aujourd’hui est un acte coûteux, qui pèse sur le budget d’une famille. Même s’il existe des salles proposant des prix raisonnables, elles valent tout de même un minimum de 300 € par an. De plus, le problème du temps persiste : il faut trouver des plages horaires pour y aller. Quant aux pilules, les vendeurs surfent sur cette vague en proposant des pilules à des prix très abordables.

Ces différences ne sont-elles pas finalement que le prolongement de différences alimentaires notoires entre les différentes catégories sociales ?

En plus, effectivement ! Par exemple, le bio est une des premières démarches pour s’occuper de soi, même s’il n’est pas intéressant pour la perte de poids. Cette manière de manger n’est même pas pensable pour des personnes ayant un petit budget étant donné qu’il coûte entre une fois et une fois et demi plus cher que la moyenne. De plus, les aliments dits diététiques sont souvent beaucoup plus chers que les aliments dits non ou moins diététiques. Enfin, lorsque l’on équilibre un budget, on l’équilibre en fonction de ce que l’on peut acheter, non pas de ce que l’on veut acheter. Ce qui signifie que les moins privilégiés vont avoir pour priorité de se nourrir et d’étudier de très près leur budget.

L’alimentation est de toute façon une des inégalités les plus flagrantes de notre société et dont on parle peu ou prou. 

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