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Ces conseils nutritionnels 
qui gavent nos ados
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Brocoli ou burger ?

On sait que les ados sont allergiques aux impératifs. Surtout ceux qui concernent leur petite santé. C’est vrai pour l’alcool, pour la cigarette mais aussi pour l’alimentation.

Nathalie Hutter-Lardeau

Nathalie Hutter-Lardeau

Nathalie Hutter-Lardeau est nutritionniste diplômée d'Etat, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. 

Parmi ses livres figurent notamment La True Food aux Editions du Moment,  dans lequel elle explique comment déguster ses produits préférés en toute lucidité, 101 restos, 0 kilo, coécrit avec Nathalie Helal et Catherine Roig (Hachette, mars 2013), Mince Alors ! (Odile Jacob, Juin 2011), Des mots sur les maux du cancer  (Mango, 2009) avec le Professeur David Khayat et Wendy Bouchard, et  Le vrai régime anti-cancer  (Odile Jacob, 2010) avec le Professeur David Khayat et France Carp.

Elle a fondé en 2000 l'agence conseil en nutrition Evidence Santé, qui travaille avec l'Agence nationale de sécurité alimentaire sur la sécurité alimentaire, et le plan national nutrition santé, ainsi qu'avec plusieurs entreprises du secteur agro-alimentaire.

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Selon l’étude Nutrinet qui vient de paraître, les 18-25 ans sont 3 fois moins nombreux que les plus de 65 ans à suivre les recommandations des campagnes d’information nutritionnelles. Avec des conséquences potentiellement délétères sur leur santé présente et future.

« Au moins 5 fruits et légumes par jour », « 3 produits laitiers pas semaine » sont les recommandations qu’ils suivent le moins bien. Avec à la clef des carences en vitamines, notamment en vitamine C, en minéraux et en fibres, plus un déficit chronique en calcium.

Même pas en rêve !

Trop d’information tue-t-elle l’information ? Les adolescents ont la détestable habitude de prendre systématiquement le contrepied des conseils que le monde adulte peut leur donner. Quel que soit le sujet. Surtout s’ils se prétendent efficaces ! Surtout s’ils ont l’air raisonnables.

Le Professeur Hercberg a beau résumer magnifiquement la problématique en expliquant que « manger du poisson en conserve, des sardines, du thon, du maquereau, c’est très bien et pas tellement cher », n’importe quelle mère de famille dotée d’un adolescent en état de marche le mettra au défi de les lui faire avaler. Du thon en salade à la rigueur. Des sardines et des maquereaux, même pas en rêve ! Pire encore quand il s’agit de le convaincre de les choisir librement et de les acheter lui-même pour les mettre dans son assiette !

Comment faire pour qu’autonomie alimentaire ne rime pas avec déséquilibre alimentaire ? Même les adolescents les mieux éduqués laissent tomber la variété alimentaire en prenant leur indépendance. On pourrait presque aller jusqu’à dire que c’est une signature.

Il est interdit de m’interdire !

A côté des campagnes anti-tabac et contre l’alcool au volant, les messages de prévention pour améliorer l’équilibre alimentaire quotidien ont l’air bénins. Ils n’en sont pas moins essentiels. Ce qui ne signifie pas qu’ils soient mieux pris au sérieux par la cible des 18-25 ans.

C’est toute la difficulté. Si le slogan « fumer tue » ne les convainc pas d’arrêter, quel message concret faut-il leur transmettre pour les convaincre d’améliorer la qualité de leur alimentation ?

Je suggère d’arrêter de les « gaver » avec le fond et de miser sur la forme ! Encourager la consommation de fruits plus trendy, lancer des soirées avec fontaine chocolat et fruits, cocktail à base de fruits (moins cher que les sodas), favoriser picorage de super fruits (gogi, cranberry, acaï…) au lieu de cacahuètes, chips et compagnie !

Proposer de nouvelles façons de consommer des produits laitiers : fromages party, smoothies ... Varier les pains dans les restaurants scolaires (céréales, maïs, châtaigne noisettes) pour alterner avec pause barre ou viennoiseries si grasses.

Miser sur l’exotisme même à la maison, côté asiatique des sushis et des tempuras de légumes, des soupes thaï, côté Amérique Latine remplir des tacos de petits légumes grillés etc…

Bref, tout ce qui peut améliorer leur statut en vitamines, en fibres et en calcium.

Un effet générationnel

Et si le véritable frein était une question de moyens ? Plus encore qu’une question d’âge et de rébellion contre toute manifestation d’autorité ou de savoir. L’adolescent se nourrit en bande. C’est lui et lui seul qui décide de la façon dont il répartit son budget. La nourriture n’est pas leur priorité. Le seul type de repas qui corresponde au coût qu’il juge supportable est le fast-food. On peut se demander pourquoi on n’encouragerait pas restaurants et brasseries à proposer des menus ados à moins de 10 euros de la même manière qu’ils proposent des menus enfants ?

Arrêter de leur donner le choix ! Pour la génération-consommation, ces enfants qui ont grandi en même temps que les rayons des supermarchés, trop de choix nuit. Ce que je cherche à éviter, c’est ce que j’appelle « l’effet-buffet » : face à un trop grand choix, ils consomment toujours la même chose. Pour ne pas avoir à choisir, justement ! Ce qui exclut en priorité les légumes, les fruits et les produits laitiers du caddie, du plateau ou de l’assiette. Dont acte.

Faites passer le message !

L’équilibre, c’est un choix. Par définition, il ne s’impose pas. On apprend à le faire. Les adolescents ont besoin de comprendre un message pour se l’approprier. Loin d’être irresponsables, ils sont capables de militer contre le réchauffement climatique, de s’indigner, de se mobiliser massivement à partir d’un simple message sur Facebook ou Twitter.

Pourquoi ne pas utiliser leurs réseaux à eux ? Ils ont leurs propres moyens de communication. Utilisons-les pour leur faire passer les messages importants pour leur santé. Pourquoi ne pas reformuler les message de prévention nutritionnelle sous forme de tweets et les laisser les retweetter à leur façon ? Leur dire par exemple qu’il n’y a pas que le Nutella qui soit authentique ? Que la notion de portion, c’est pas que pour les frites !  Pourquoi ne pas leur rendre leur libre arbitre en les alertant sur les dépendances et les dégâts que créeront à terme sur leur éco-système interne les choix alimentaires qu’ils font ou ne font pas aujourd’hui ?

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