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Le Maire pense "out of the box" ; Sarkozy : son camp a retourné sa veste ! Qui le soutient encore (aujourd’hui) ? ; Le djihad est implanté dans 8 pays
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Revue de presse des hebdos

Et aussi : Bruno Le Maire endosse le costume de défroqué – pas celui de surdiplômé ; le pouvoir rend-il fou ? ; A la tête de "Podemos", Pablo Iglesias qui veut faire basculer l’Europe ; 2,7 milliards : le budget des Etats-Unis pour combattre Daech... C'est la revue de presse des hebdos, par Sandra Freeman.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Bruno Le Maire : endosse le costume de défroqué – pas celui de surdiplômé 

Il renoue sa cravate, comme s’il terminait de se rhabiller. Je l’entrevois, entre deux portes. Il me regarde "yeux dans les yeux". Bruno Le Maire est en couverture de l’Express. Le titre : "50 nuances de Le Maire". Tout ça le rend assez sexy… Mais n’allons pas trop vite en besogne, le sous-titre au niveau de la ceinture, marque "les failles du personnage" (ah ! tout de suite, on doute du super plan !).

Curieuse approche du personnage que celle proposée par ce magazine cette semaine. S’il se rhabille, serait-ce qu’il a froid ou qu’il a changé de costume ? On dirait bien qu’il se change au lire du chapeau de l’article : "Pour se construire un avenir, il cherche à faire oublier son passé. Aujourd’hui, mieux vaut endosser le costume de défroqué que celui de surdiplômé."

Entre tête bien faite et microbe…

De fait l’homme a accumulé un sacré CV, Normale Sup, Science po, L’ENA, le quai d’Orsay…"C’est qu’il y en a là dedans !", lui aurait dit Chirac en lui frottant le sommet du crâne, rapporte l’Express. Son parcours dans la haute administration commence en 98 et en 10 ans il se "hisse jusqu’au sommet", directeur de cabinet à Matignon, puis ministre de l’Agriculture. "Il est ambitieux, dissimulé, déterminé, se souvient un membre de l’équipe de Matignon à l’époque. Je ne l’ai pas compris tout de suite. Je le prenais pour un microbe" ! Microbe ? Peut-être que le fait de n’avoir eu l’air de rien peut lui servir aujourd’hui recadre le journal, comme s’il n’avait pas vraiment existé avant : "Lui, préfère situer le début de son aventure politique en 2007, année de sa première élection comme député de l’Eure". Une chronologie qui fait de lui un homme tout frais-tout-neuf-tout-propre qui peut "ringardiser ses rivaux des Républicains, y compris les plus jeunes en âge".

L’Elysée ou rien !

Cinq frères et sœur, quatre enfants, éducation catholique et conservatrice, passé chez les jésuites, il était perçu étudiant comme "l’enfant des beaux quartiers qui ne cherchait pas à rompre avec son milieu". Aujourd’hui, table rase du passé. Tout nouveau tout beau… Mais avec du relief : "on va voir que je ne suis pas aussi lisse qu’on le dit" !

Et comme petit microbe deviendra grand, aujourd’hui il ne mise pas sur la médiocrité : "ce sera l’Elysée ou RIEN", rappelle l’Express, avant de décoder : rien = Matignon. "Premier ministre, c’est une fiction",  lance Le Maire.

Le Maire pense "out of the box"

Mais voilà ! Pour se donner les moyens de son ambition, le journal nous explique qu’avoir "une tête bien faite ç’a eu payé. Mais plus aujourd’hui ! Et Bruno Le Maire veut donc enfiler un nouveau costume, celui du défroqué". Donc, il écarte volontiers les énarques, se rapproche des patrons et pense "out of the box". Traduction du magazine : "Tout ce que j’ai fait comme les autres a échoué, tout ce que j’ai fait autrement a marché".

"Le Maire veut être dans une droite radicalisée, pas extrémiste", dit son ami le député Thierry Solère. De fait, par exemple, "il réclame l’expulsion immédiate des imams étrangers radicaux présents en France et se désole qu’il n’y en ait eu aucune depuis les attentats de janvier".

Car Le Maire se verrait plus en JFK (il écrit un papier sur Jackie - en attendant - pour Vanity Fair) qu’en microbe. Et le même membre de l’équipe de Matignon d’ajouter : "en général on ne le voit pas venir ! C’est lui qui poussait Dominique de Villepin à affirmer son destin présidentiel. Il présentait Sarkozy comme un Hitler de poche, avec Claude Guéant dans le rôle de Himmler." Ok, l’enfant de cœur a changé de discours, c’est sûr, mais l’habit fait-il le moine ?

Sarkozy : son camp a retourné sa veste ! Qui le soutient encore (aujourd’hui) ?

"Sarkozy va se tuer tout seul à cause de ses défauts. Il est son pire ennemi. En 2012, il s’est fait battre sur sa personnalité par sur son projet", c’est dans Le Point, et c’est encore signé Bruno Le Maire. Sauf que c’est un mot doux plus récent. Le magazine Le Point offre lui sa couverture à Sarkozy en titrant "La droite contre Sarkozy"n mais en accompagnant ce texte d’un Sarko, sur fond noir, pas grimaçant, le doigt pointé mais pas violent, le défiant mais sûr de lui. Bref tout en paradoxe, comme on aime, et pour poursuivre sur le leader qui n’est pas vraiment suivi par ses troupes, voici un petit florilège de  "ce que son camp dit de lui en off" offert par Le Point qui explique que "désormais on lui obéit en rechignant, voire on désobéit crânement. Dès que Sarkozy a le dos tourné, les ténors de la droite doutent, éructent, ricanent. Ministres, ils courbaient l’échine et encaissaient les coups. Maintenant ils lui tiennent tête."

Cynisme !

Et alors par exemple que dit Alain Juppé qui était présent au congrès fondateur des Républicains, le 30 mai : "C’était un beau congrès bolchevique. Un parti politique, ce n’est pas d’être tous alignés sur le chef !". Ok, dissidence affirmée, logique… Autre chose ? "Le nom de mon labrador présidentiel ? Je ne sais pas… Nico, par exemple ?".

Colère !

François Fillon lui "raille un sacré raté" au sujet du même congrès : "Ce n’était pas un congrès fondateur, car aucun projet n’a été dévoilé". Ok, dissidence affirmée, logique encore. Mais il va bien plus loin : "le Sarkozysme, c’est la chute du pays, la fin de la morale." Il faut dire que Fillon est faché "d'entendre Sarko crier sur tous les toits que c’était à cause de lui, Fillon, que les commissaires aux comptes du parti avaient saisi le parquet dans l’affaire des pénalités (les 516 615 euros réclamés à Sarko pour l’invalidation de ses comptes de campagne)." "Sarkozy est un menteur !"

Fidélité et déception !

Et que dit Eric Woerth, l’homme clé chargé du programme des Républicains ? "Il est crédible fonceur, iconoclaste". Ouf !!! Vous me direz, c’est un peu normal. Quoi que… La numéro 2 du parti, elle, ne se prive pas : "c’est lamentable", regrette Nathalie Kosciusko-Morizet quand il s'agit de commenter l’utilisation d'un jet privé pour se rendre au Havre.

Ironie !

Et M. Raffarin, qu’avez-vous à rajouter ? "C’est le même en pire ! Ses qualités se sont accrues en même temps que ses défauts ont empiré. Il reste affûté intellectuellement sur tous les grands sujets. Mais c’est bien le même : il faut l’écouter parler de lui longtemps !"

Winner !

Pourtant, rajoute Le Point, tous s’accordent à dire qu’il a pacifié la famille politique balkanisée."La stratégie est habile puisqu’elle légitime le culte du chef et fait passer les antisarkozystes pour des diviseurs", analyse le journal. C’est malin la politique, non ? Non seulement comme dit Raffarin,  Sarko parle de lui longtemps, mais en plus il fait parler de lui par tous ! Encore plus fort ! D’ailleurs, il ricane : "oui j’ai changé en mal. J’ai perdu mon charisme, mon envie ? Mais plus personne ne conteste que je sois redevenu le patron du parti. Bref, dites-vous que toutes mes erreurs sont réfléchies. Je vais gagner."

Le pouvoir rend-il fou ?

Si NKM évoque le jet pour aller au Havre, cette semaine l’abus de pouvoir a surtout visé Manuel Valls et son voyage éclair en Falcon de la République pour aller voir un match de foot.  L’Obs revient du coup dans ces "pages débats", sur ce qu’ils appellent "la nouvelle ivresse du pouvoir". Pour le réalisateur Pierre Schoeller, qui est interrogé : "le problème est moins chez l’homme politique que dans le regard qu’on porte sur lui. Prenez un député qui embarque dans un petit aéroport de province. S’il fait la queue on dira que c’est un tocard ; s’il use d’un passe-droit, ce sera un privilégié. Dans tous les cas, il sera en faute. En France, il semble qu’on élise les gens pour les faire tomber. Cela engraisse le populisme et au final, on se trompe de cible".

Mais je dois surtout vous livrer cette citation de Lacan (retranscrite dans ce papier) : "Si un homme qui se croit un roi est fou, un roi qui se croit un roi ne l’est pas moins" ! Pas mal non ?

Quant à l’Europe, elle a deux têtes !

C’est Plantu dans L’Express qui nous dessine les "deux visages de l’Europe". D’un côté : Jean-Claude Junker, le Président de la commission européenne. Ciglé du drapeau européen, il tient sous son bras le catalogue de la "Rigueur". De l’autre : Manuela Carmena et son drapeau de l’Espagne, poing levé, portée par "Podemos" et avec des billets… L’idée contraire à la rigueur, qui est de faire marcher la planche à billets !

A la tête de "Podemos", Pablo Iglesias qui veut faire basculer l’Europe

L’Obs utilise sa tête en très gros plan en une du magazine cette semaine. Cheveux longs tirés en arrière, pas rasé, regard perçant et concerné, Pablo Iglesias, est cet homme de 37 ans, qui s’est fait remarquer après le succès des Indignés en Espagne en 2011 et qui sera peut-être le Premier ministre de l’Espagne en cas de victoire aux élections générales dans quelques mois. Une ascension fulgurante.

Il faut dire, rappelle L’Obs que "les partis anti-austérité ne cessent de gagner du terrain de la Grèce à l’Espagne, tandis que cette gauche piétine en France".

"Nous constatons la défaite éclatante du social-libéralisme", explique-t-il au journal, et donc, "nous devons apprendre à appréhender  la politique avec de nouvelles catégories. Par exemple, nous préférons parler de dichotomie peuple / oligarchie, haut / bas, plutôt que de gauche / droite".

Et par ailleurs, politiquement, que faire ? Pablo Iglesias (qui est adepte de la pensée marxiste, animateur de télé et député européen depuis 2014) envisage de rompre avec politiques d’austérités de l’UE, de retrouver une souveraineté économique, de lutter contre la corruption et de requérir les droits sociaux abîmés par la crise.

D’accord, mais concrètement, quel projet politique ? "La fiscalité sera un axe très important (obliger la partie la plus haute de la pyramide à payer des impôts)". Et du coup, il propose de "s’inspirer de l’impôt français de solidarité sur la fortune (l’ISF)" (on est inspirant, vous voyez !) , de mettre en place des "mesures d’aides à l’emploi(comme nous, aussi ? Il paraît qu’il échange pas mal avec Thomas Piketty) ou de proposer de "limiter la semaine de travail à 35 heures" (non mais là, on est son modèle de réussite ?! comme quoi nul n’est prophète en son pays).

Retour en grâce de Paris depuis 2 ans : référence à l’économie de l’innovation ?

La France attire ? On dirait bien. C’est le credo de Challenges qui cette semaine encore tente de redonner de l’énergie aux entrepreneurs de l’hexagone en faisant briller quelques étincelles d’espoir.  La couverture cette semaine, c’est avec Anne Hidalgo, tout sourire, son casque de chantier sur la tête. Mais l’attractivité est surtout liée à la réussite de nos villes dynamiques (Toulouse vainqueur, mais aussi Nantes, Lyon, Rennes, Bordeaux, Grenoble… pour ne citer que les premières du classement). Ces métropoles portent un certain "dynamisme économique, un bon cadre de vie et créent des emplois". Et puis, hors classement, la capitale "joue son rang dans les classements internationaux". D’ailleurs Challenges souligne son retour en grâce. Placé en troisième place derrière Londres et Shanghai, elle totalise désormais 170 "implantations ou extensions de sites d’entreprises étrangères". Pour les étudiants ? Elle est leur ville préférée (devant Melbourne, Londres, Sydney ou Hong Kong) !

Et au niveau de l’attractivité globale, de sa puissance économique, de son innovation, de son environnement d’affaires etc., on la retrouve en 6ème place, juste derrière San Francisco.

Cocorico, non ?

Profil de ces nouveaux djihadistes français au travers de la figure de Mohamed Mehra, "délinquant quasi paranoïaque"

Si l’instruction sur les tueries de Toulouse et de Montauban en 2012, se termine, L’Express profite de la sortie du livre du journaliste Alex Jordanov pour revenir sur l’itinéraire chaotique du jeune djihadiste qu’on a identifié comme  "l’assassin au scooter". Au-delà de son parcours au Pakistan ou aux Etats-Unis, l’idée est d’éclairer sur la personnalité de ce jeune "délinquant quasi paranoïaque", et au delà de lui, sur le profil de ces nouveaux djihadistes français.

Ainsi, dans un rapport écrit en 2002 par des éducateurs qu’Alex Jordanov s’est procuré, il apparaît comme "un adolescent témoignant d’une souffrance, d’une instabilité physique et émotionnelle importantes, ainsi que d’une forte réactivité à toute position venant d’une femme".

La carte mondiale : Le djihad est implanté dans8 pays aujourd’hui 

En feuilletant Le Point, dans ses brèves, je suis d’ailleurs tombée sur une carte du monde surprenante. Elle retrace les organisations terroristes s’étant ralliées à l’Etat islamique depuis un an. On dénombre ainsi 5 pays : Algérie, Libye, Egypte, Nigeria, Pakistan. Sans compter le Yemen où Daech s’est implanté, et la Syrie et l’Irak, qui sont les pays de naissance de Daech.

2,7 milliards : le budget des Etats-Unis pour combattre Daech

Quant à L’Obs, il nous informe que selon les statistiques du Pentagone, 2,7 milliards de dollars ont été dépensés depuis le début de l’intervention aérienne contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie. Ça représente quoi ? Et bien, "9 millions de dollars par jour" dépensés par les Etats-Unis pour combattre l’Etat islamique. Si ça peut paraître énorme, en comparant les missions, "L’Obs" nous fait comprendre que ce n’est pas tant. En Afghanistan (2001-2014), le budget était de 145 millions de dollars/jour. Et en Irak (entre 2003 et 2014), il a été de 190 millions de dollars/jour. Alors 9 millions, ça fait peu !

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