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La perspective de la nouvelle injection de liquidités, prochain "bazooka" de Mario Draghi, fait remonter les marchés
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Revue d'analyses financières

En Europe, on assiste à un nouveau recul inquiétant des prix en zone euro. Les forces de la déflation sont puissantes alors que le QE européen mesuré par les achats d’obligations souveraines par rapport à l’offre des Etats est plus important qu’aux Etats-Unis et au Japon.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Forte remontée des marchés cette semaine. L’incertitude demeure toutefois sur le fait de savoir si avec un niveau d’inflation et des taux d’intérêts aussi bas nous ne sommes pas tout simplement entré dans une phase de stagnation qui risque de durer.

La croissance mondiale par rapport aux moyennes historiques, sera en effet faible aux Etats Unis (autour de 2%), ralentira en Chine (entre 5 et 6%) et restera anémique en Europe (1 à 2%).

En Europe, on assiste à un nouveau recul inquiétant des prix en zone euro. Les forces de la déflation sont puissantes alors que le QE européen mesuré par les achats d’obligations souveraines par rapport à l’offre des Etats est plus important qu’aux Etats Unis et au Japon.

Pratiquement tout le monde attend le prochain « bazooka de Mario Draghi », c’est à dire la nouvelle injection de liquidités qui comme on le sait n’est  n’est plus efficace. La demande pour le LTRO diminue. Ce sont des prêts ciblés à long terme que la BCE accorde à uniquement aux banques prêtant à leur tour aux entreprises. Pour Lord Mervyn King ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, le fait de jeter des liquidités (12 300 Md$ depuis la faillite de Lehman) chaque fois qu’il y a un début de panique financière ne peut que mener vers la nouvelle crise. Dans son dernier livre qui a du succès « The end of Alchemy » Il explique clairement qu’ilne faut pas s’occuper uniquement de la liquidité des marchés mais surtout de la solvabilité des débiteurs.La dette publique des pays développés a augmenté de 40 points de PIB pour dépasser très largement 100% de la richesse produite chaque année. Une partie importante de ces dettes ne pourra pas être remboursée. Cela donnera des défauts en cascade.

En France, l’Etat actionnaire est aussi mauvais que l’Etat stratège

Dans la série des contre performances de l’Etats actionnaire, après Areva, EDF, Engie (ex GDF Suez), EDFvient d’annoncer de très mauvais résultats. Depuis sa sortie du CAC 40la société est le symbole du déclassement du secteur public français. Elle ne capitalise plus que 21Md€ avec 37,5 Md€ de dettes. Le total de ses engagements identifiés à ce jour s’élève à environ 120Md€, dont 56Md€ pour le démantèlement progressif des centrales nucléaires existantes, 25Md€ pour le projet d’enfouissement des déchets nucléaires, 24,5Md€ pour l’EPR de « Hinkley Point » vendu aux britanniques, 2,5Md€ pour le rachat de la branche réacteurs nucléaires d’Areva. Il faut y ajouter au moins 8Md€ pour la fermeture de Fessenheim réclamée à tout prix par l’Allemagne. Saluons la démission du  directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal. Il a voulu marquer notamment son opposition au projet de construction de deux EPR sur un site britannique, qu'il juge trop risqué industriellement et financièrement.

La SNCF vient d’annoncer ensuite 12 Md€ de pertes. Obligée d’appliquer les normes IFRS comme toute les entreprises privées, il a été nécessaire de déprécier 9,6Md€ pour le réseau, 2,2Md€ pour les rames de TGV et 450M€ pour les gares. Pour son président Guillaume Pepy ces chiffres ne sont que des écritures comptables. Certes mais il faudrait prendre en compte le fait que notre économie ne pourra pas se redresser sans la mise à plat de tout le secteur public inefficace et beaucoup trop coûteux. Malheureusement c’est le socle électoral de François Hollande et d’une grande partie de la classe politique. Dans la série des contre performances de l’Etat stratège industriel Alstom est en train de devenir un véritable fiasco. L’alliance entre le fabricant de turbines intervenue en 2014 devait être équilibrée puisqu'elle avait été conduite par Arnaud Montebourg ex-ministre de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique. Deux ans après l’ex branche énergie de la société française a annoncé la suppression de 6500 emplois

Dans cet environnement on voit bien que l’emploi est la pièce manquante de la reprise. Les réductions nettes d’emploi concernent surtout les grands groupes.

Plus que jamais nous sommes dans une France coupée en trois : 1/ une France du secteur privé qui vit dans la mondialisation, qui accepte l’économie de marché et qui a confiance dans l’avenir. Toutes les enquêtes d’opinion se recoupent pour estimer que cela représente environ un tiers des français.  2/ une France qui vit protégée par l’Etat à l’ombre de statuts particuliers, de subventions et d’allocations diverses. Ce qui ne représente pas moins de 20M de français. 3/ enfin il y a la France des exclus de tout et de tous les exclus.   Cette France qui compte désormais 25M de personnes est la honte de « ce modèle social que le monde nous envie » comme François Mitterrand et Jacques Chirac l’ont seriné pendant des années dans un même aveuglement coupable…

L’Allemagne qui réalise sous la direction d’Angela Merkel un parcours économique impeccable avec une croissance qui résiste bien, un endettement de l’Etat qui diminue, un excédent budgétaire et un très important excédent commercial et un chômage au plus bas. Sur le plan politique la chancelière pourrait être déstabilisée par les problèmes d’immigration et la négociation avec la Turquie.

La Suède a un taux de croissance de 4% mais l’endettement ne cesse de progresser... Lors de la dernière bulle immobilière des années 90 les pread sont passés de 100bp à 500 bp en quelques mois.

Aux Etats-Unis, la situation politique devient compliquée

Les dernières statistiques  sur l’emploi sont bonnes même si certains font remarquer que sur les douze derniers mois, il a été créé 360 000 emplois de serveurs contre 12 000 postes dans l’industrie... Le sujet aujourd'hui est d’anticiper ce qui pourrait se passer si Donald Trump était le prochain président des Etats Unis. La hausse des droits de douane sur les produits importés de Chine, la suppression de l’accord de libre échange pour l’Amérique du Nord et le refus de signer le « Trans-Pacific Partnership free-trade accord » serait profondément déstabilisants pour le commerce international. Il n’est pas du tout sûr que l’élite républicaine soit prête à perdre la présidence pour saboter le candidat Trump.

En Chine la croissance a besoin de réformes structurelles pour rester au dessus de 5% . L’économie ralentit mais on ne connaît pas le plancher. Un avenir à la japonaise n’est pas impossible si les réformes structurelles indispensables ne sont pas mises en place.

Les banques américaines sont en position de force

Les douze premières banques européennes ont une rentabilité de leurs actifs inférieure à celle des  six premières banques américaines (0,18% contre 0,92%)

Les bénéfices des banques ont été laminés par les taux zéro qui créent des marges négatives sur l’activité de crédit, les nouvelles régulations et les amendes.

Les banques européennes n’ont été ni restructurées ni capitalisées.

Le champ libre est laissé maintenant aux banques américaines pour capter la partie la plus rentable des opérations.

Toutes les compagnies de forage pétrolier ne vont pas faire faillite. Parmi les sociétés américaines qui sont bien positionnées pour profiter d’une reprise des forages dans le courant de 2017 figurent : Seadrill, Diamond Offshore Drilling, Ensco, Noble, Transocean, Rowan

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