Et pendant ce temps, la dette de la France frôle les 2000 milliards d'euros <!-- --> | Atlantico.fr
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Le dérapage du déficit public (4,3% du PIB en 2013) et de la dette publique (1925Md€ soit 93,5% du PIB) se sont poursuivis.
Le dérapage du déficit public (4,3% du PIB en 2013) et de la dette publique (1925Md€ soit 93,5% du PIB) se sont poursuivis.
©Reuters

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Quand les grands groupes français imaginent des fusions avec des sociétés étrangères, tout le monde a remarqué qu’après avoir vanté tous les mérites du rapprochement pour les clients, les collaborateurs et les actionnaires, on assistait à la délocalisation du siège social à l’étranger. Cela a été le cas aux Pays-Bas, pour Publicis Omnicom et en Suisse, pour Lafarge Holcim par exemple. Cette tendance va se poursuivre et surtout s’accélérer tant que les élites politiques de notre pays n’auront pas compris qu’il fallait le plus rapidement possible faire cesser le matraquage fiscal sur les entreprises, les salariés et les investisseurs… Il faut absolument enclencher une baisse des impôts sur les entreprises et sur les ménages, accompagnée d’une vigoureuse baisse des dépenses publiques.

Le manque de confiance des acteurs de l’économie dans leurs dirigeants politiques n’a jamais été aussi élevé. Il se traduit au delà des urnes, par le fait que la croissance du PIB de la France ne sera que 0,1% au premier trimestre et de 0,3% au deuxième. C’est un rythme qui est bien en dessous de celui de la zone euro (+0,4% au T1 et +0,3% au T2).

Manuel Valls, le nouveau Premier ministre, devra faire face à une gauche rebelle. Il aura à expliquer que la politique fiscale mise en œuvre par François Hollande et le gouvernement Ayrault a totalement échoué. Elle a en effet concerné dans la réalité 90% de la population et non pas simplement "les riches" comme cela était annoncé…

Pour faire baisser ensuite les dépenses publiques, il faudra faire beaucoup plus qu’une politique de petits rabotages et de petits saupoudrages qui serait totalement inefficace. L’exercice va être très difficile pour Manuel Valls, car assumer un cap social libéral quand sa majorité est pressée de tourner le dos à la rigueur pour récupérer ses électeurs est un exercice bien évidemment très compliqué qui requiert beaucoup de courage…

Malgré un taux de prélèvement obligatoire représentant en France 45,9% du PIB, le dérapage du déficit public (4,3% du PIB en 2013) et de la dette publique (1925Md€ soit 93,5% du PIB) se sont poursuivis. Les intérêts de la dette ont baissé de 9% en 2013 à 51Md€ sous l’effet de la baisse des taux d’intérêts et de l’inflation. Cette situation pourrait se renverser très vite si les taux sous la pression des marchés remontaient subitement. La France ne peut pas continuer à faire ce qu’il lui plait en profitant de taux d’intérêts artificiellement bas.

Pour la troisième fois, François Hollande, président de la République, va être obligé de à demander l’indulgence de Bruxelles. L’expression employée par lui de "renégociation de la trajectoire des finances publiques" ne manque pas d’aplomb… Début mars, la commission européenne avait déjà demandé au gouvernement Ayrault de corriger le tir dès cette année. Pour le moment, Bruxelles a indiqué que la France devait respecter ses engagements budgétaires. Les réformes d’abord, des délais éventuellement ensuite car on estime que la France a fait beaucoup moins que le minimum…

L’Europe de l’Est attire de nouveau les investisseurs

En Europe, François Xavier Chauchat de GaveKalconstate que les actions européennes reste sous évaluées et encore attractives. Nous en sommes au 23ème mois de surperformance des actifs européens, ce qui s’explique tout simplement par le fait que les entreprises ont une qualité de gestion de réaction et d’adaptabilité beaucoup plus grande que celle des Etats. Tout le problème, c’est que l’Europe compte 7% de la population active mondiale mais 50% des dépenses de l’Etat providence…

Mario Draghi, président de la BCE, a pratiqué une politique quantitative que l’on peut qualifier de furtive qui a permis de faire baisser considérablement les taux d’intérêts.

Malheureusement, ces interventions n’ont pas entrainé de reprise du crédit et la croissance reste anémique.

En Espagne, le rendement de l’obligation émise par l’Etat espagnol à 5 ans offre un rendement inférieur à celui d’obligations comparables émises par le Trésor américain !

L’Italie est aussi bon marché, au moment où il semble que l’incertitude politique a beaucoup diminué avec Matteo Renzi, le nouveau chef du gouvernement.

Les pays de l’Europe de l’Est ont vraiment restauré leur compétitivité par rapport à l’Asie. Les pays qui devraient en profiter le plus sont la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque. Pour exposer un portefeuille à cette région, on peut soit choisir la solution du fonds, comme East Capital (Lux) Eastern European Fund, ou acheter un ETF, comme Lyxor ETF Eastern Europe, Ishares MSCI East Europe, Amundi ETF Eastern Europe. Pour s’engager dans cette stratégie, il faut savoir que la Russie représente en général plus de la moitié du portefeuille de ces fonds et de ces ETF.

La Suisse est devenue très chère pour de nombreux stratégistes. Compte tenu de leurs caractéristiques, les valeurs suisses ont bénéficié d’un "syndrome bitcoin"…

En Chine, certains attendent de nouvelles mesures de stimulation. Pour Christine Peltier; économiste chez BNP Paribas, "La Chine est rattrapée par sa dette". Ce n’est pas l’avis de Louis Gave, de GaveKal à Hong Kong, qui s’est exprimé cette semaine dans le cadre du Cercle Interallié. Pour lui, la consommation et l’investissement se maintiennent à un niveau convenable. Il ne faut pas oublier que la quasi totalité de le dette chinoise est entre des mains chinoises. C’est la raison pour laquelle un certain nombre de gérants achètent des banques chinoises, notamment : CBC, Bank of China, Agricultural Bank, Bank of Communications et Citic Bank …

Il faut avoir un portefeuille équilibré protégé contre les risques de baisse

Aux Etats-Unis, l’économie a créé 192000 emplois en mars, ce qui permettrait d’anticiper une diminution régulière du taux de chômage encore situé à 6,7% de la population active. Le "tapering" qui a pendant de nombreuses semaines effrayé les marchés est maintenant considéré comme une normalisation progressive. Il n’empêche que les positions en bourse financées à crédit ont atteint des niveaux record, ce qui est rarement un bon signe. Une raison de plus pour avoir un portefeuille équilibré entre actions et obligations. Le pourcentage de 50/50 est celui qui est le plus souvent recommandé. L’histoire a bien montré qu’un portefeuille de ce type a réalisé des performances bien supérieures à celle d’un portefeuille 100% actions ou 100% obligations.

Dans les marchés émergents, l’Asie résiste plutôt bien avec l’Indonésie en hausse cette semaine de 6,5%, Hong Kong de 4,9% et les  Philippines de 4,6%. Certes, il y a un ralentissement de la croissance mais sans caractère dramatique. Beaucoup d’investisseurs sont convaincus que la croissance se trouve dans les marchés émergents. La grande différence est qu’ils sont devenus beaucoup plus sélectifs.

En Europe de l’Est, on a aussi assisté à de belles progressions hebdomadaires, comme  la Hongrie avec + 12,3% et la Turquie avec + 10,1%.

Les "valeurs value" en Europe, c’est-à-dire celles dont la valeur intrinsèque est supposée être inférieure au cours de bourse, sont privilégiées en ce moment par rapport aux "valeurs de croissance". Parmi les valeurs que l’on retrouve dans les ETF, comme Amundi ETF MSCI Europe Value, qui permettent une exposition à ce thème d’investissement figurent : ACS (Espagne), Bouygues (France), Delhaize (Belgique), Mapfre (Espagne), Natixis (France),Renault (France), Unicredit (Italie).

Au moment où les opérations de fusions acquisitions se multiplient, on a envie d’identifier les nouveaux candidats qui pourraient faire l’objet d’une opération financière. Parmi eux, on peut citer dans la Chimie Pharmacie : AB Sciences, Arkema , DBV Technologies (désensibilisation aux allergies du lait et de l’arachide), Eurofins, Medicrea, PCAS, Stentys, Vexim ; l’Immobilier : Eiffage, Kaufman & Broad (sortie de PAI Partners), Nexity ; lePétrole et les matières premières : CGG Veritas , Coil Maurel & Prom, Maurel & Prom Nigeria , Ober ; l’Industrie : Faurecia (Peugeot 57,4%), Financière de l’Odet, Hologram, Latécoère, MGI Digital Graphic, Schneider Electric, Thalès ; les Logiciels et les services informatiques : ESI  Group (Simulation 3D), Esker, IGE + XAO (logiciel de CAO), Sidetrade, Tessi, le luxe et l’alimentation : Alès Group, Fromageries Bel, Naturex (Caravelle 15,3%), Toupargel ; les médias et les services aux entreprises : CXanal + CIS, Edenred, Teleperformance.

Les valeurs de consommation discrétionnaires américaines semblent entrées dans une zone de surévaluation. Elles se payent maintenant à plus de 18X les bénéfices anticipés pour les douze prochains mois. Si l’on regarde les dix premières positions de l’ETF SPDR Consumer Discretionnary (XLY) on trouve Amazon , Comcast, Walt Disney, Home Depot, McDonald's, Twenty First Century Fox, Time Warner, Ford Motor, Priceline.com et Starbucks.

Le cuivre qui est censé être "le meilleur économiste du monde" n’envoie pas des signes très encourageants. La gigantesque mine qui avait été développée en Mongolie aux portes de la Chine par Robert Friedland dans le cadre d’Ivanhoe Mine devenu Turquoise Hill n’a pas pu lever les 4,2Md$ dont elle avait besoin pour poursuivre son exploitation. Les grands acteurs mondiaux sont : BHP Billiton (mine Escondida au Chili/ Australie UK), Anglo American (UK/Afrique du Sud), Freeport McMoran (US), Rio Tinto (mine Oyu Tolgoï en Mongolie/UK ), Antofagasta (Chili), Codelco (Chuquicamata/Chili). A suivre…

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