Le système des retraites restera déficitaire malgré la réforme, selon le Conseil d'Orientation des Retraites

Tout ça pour ça ? Alors que le gouvernement Borne présentait la réforme des retraites et surtout sa mesure centrale de recul de l'âge légal de 62 à 64 ans, comme un moyen de remettre les compteurs à zéro et le système à l'équilibre à la fin de la décennie, ça ne devrait pas être suffisant. Le Conseil d'orientation des retraites affirme dans son rapport annuel, présenté officiellement jeudi prochain, qu'une fois prise dans son ensemble, la quarantaine de régimes existants "resterait durablement en déficit".

La période post-Covid a eu beau être marquée par des excédents inhabituels (4,4 milliards d'euros l'an dernier, encore 3,6 milliards attendus cette année), l'année 2024 devrait voir les finances plonger à nouveau, puis fluctuer jusqu'en 2030 entre 0,2 et 0,3 point de PIB (produit intérieur brut), soit entre 5 et 8 milliards par an. Avec, ensuite, un risque de voir0 les comptes stagner dans le rouge dans trois des quatre scénarios étudiés. Même le plus optimiste des scénarios envisagés ne montrerait d'amélioration qu'"après 2045".

Mais les réformes ne sont pas sans effet pour autant. Sans la dernière passée cette année, la situation serait plus dégradée. En effet celle ci devrait limiter le nombre de retraités et donc freiner les dépenses. Mais les recettes vont également ralentir, principalement du fait de la baisse du nombre et des salaires de fonctionnaires - sans que la dernière hausse du point d'indice (1,5% en juillet) n'ait toutefois été prise en compte. Tout ceci justifie pourquoi les déficits à venir proviendraient d'abord du régime des agents territoriaux et hospitaliers (CNRACL), qui connaîtrait "des besoins de financement sur toute la période et dans tous les scénarios".

Côté Sécu, le COR estime que l'Assurance vieillesse pourrait rester à l'équilibre jusqu'au début des années 2030, avant de plonger "continûment dans trois scénarios sur quatre". À l’inverse, la grande caisse complémentaire des salariés du privé (Agirc-Arrco) se porterait très bien "sur toute la période de projection", prévoit le COR. Un trésor qu'il faut éviter de considérer comme éternelle, car elle devrait être renégociée à l'automne, par les syndicats et le patronat.