Les talibans ont captur&eacute; Kaboul et l'ancienne administration est en d&eacute;route. L'ancien pr&eacute;sident du pays Ashraf Ghani s'est alors enfui du territoire afghan en emportant quelques deniers selon l'ambassadeur afghan au Tadjikistan. Une coqu&ecirc;te somme &eacute;quivalente &agrave; 169 millions de dollars...
M. Ghani serait parti aux &Eacute;mirats Arabes Unis et avec sa famille ils se seraient install&eacute;s &agrave; Abu Dhabi et &nbsp;ce &laquo;&nbsp;pour des consid&eacute;rations humanitaires&nbsp;&raquo; selon l'&Eacute;tat de la p&eacute;ninsule.
D'apr&egrave;s Nikita&nbsp;Ishchenko, porte-parole de l'ambassade russe &agrave; Kaboul a confirm&eacute; les dires &agrave; la presse : &laquo;&nbsp;Quatre voitures ont &eacute;t&eacute; remplies d&rsquo;argent, ils&nbsp;(les collaborateurs d&rsquo;Ashraf Ghani,&nbsp;ndlr)&nbsp;ont essay&eacute; d&rsquo;enfoncer une autre partie de l&rsquo;argent dans un h&eacute;licopt&egrave;re, mais ce n&rsquo;est pas tout.&nbsp;Une partie de l&rsquo;argent a &eacute;t&eacute; laiss&eacute;e sur le tarmac.&nbsp;&raquo;.&nbsp;
Le pr&eacute;sident d&eacute;chu a quitt&eacute; le pays pour &eacute;viter un "bain de sang"&nbsp;selon franceinfo apr&egrave;s avoir conc&eacute;d&eacute; que &laquo;&nbsp;les talibans ont gagn&eacute;&nbsp;&raquo;.
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Le président afghan accusé d'avoir volé 169 millions d'euros durant sa fuite

Afghanistan : Mais d’où vient l’argent des Talibans ?

C&rsquo;est une perspective qui effraie les Occidentaux&nbsp;: le risque de voir se reconstruire, en Afghanistan, une fabrique du terrorisme islamiste et exportable est &eacute;videmment dans les esprits des Talibans qui reprennent les villes afghanes les unes apr&egrave;s les autres. Emmanuel Macron et beaucoup d&rsquo;autres chefs d&rsquo;Etat et de gouvernement vont essayer de d&eacute;gager une r&eacute;action commune et solidaire, y compris &agrave; l&rsquo;ONU, mais la solution est plus de la responsabilit&eacute; des Am&eacute;ricains. Les Am&eacute;ricains se taisent. Chacun essaie de sauver ses meubles, c&rsquo;est &agrave; dire ses ressortissants et les amis locaux qui nous aid&eacute;s avant qu&rsquo;ils ne soient arr&ecirc;t&eacute;s et condamn&eacute;s pour &laquo;&nbsp;faits de collaborations&nbsp;&raquo; parce que ne r&ecirc;vons pas, c&rsquo;est ce qui attend tous ceux qui ne se plieront pas aux injonctions des religieux.
&nbsp;
1&egrave;re question&nbsp;: pourquoi et comment les Talibans sont-ils revenus aussi vite&nbsp;? 
Quel &eacute;chec et quelle humiliation pour la diplomatie am&eacute;ricaine qui a cru, ou fait semblant de croire, que l&rsquo;Afghanistan &eacute;tait devenu un pays normal au sens occidental, avec une gouvernance normale issue d&rsquo;&eacute;lections plus que libres.
Les Talibans ont donc repris le pouvoir en Afghanistan en un temps record parce que les Am&eacute;ricains n&rsquo;ont pas su, en 20 ans, installer un pouvoir l&eacute;gitime et l&eacute;gal. Un pouvoir respectueux des valeurs fondamentales, des droits de l&rsquo;Homme et de la d&eacute;mocratie. Au lendemain des attentats du 11 septembre, les Am&eacute;ricains ont pu ramener le calme, ils ont certes d&eacute;couvert Ben Laden et ils ont offert sa t&ecirc;te aux Occidentaux, ils se sont donc veng&eacute;s en pensant tracer un trait final sur le terrorisme international et ils ont engag&eacute; la reconstruction, tr&egrave;s souvent avec leurs entreprises, et ils ont maintenu une apparence de calme. Apparence seulement.
La r&eacute;alit&eacute; est qu&lsquo;ils n&rsquo;ont pas r&eacute;ussi &agrave; unifier le pays, et surtout pas r&eacute;ussi &agrave; casser l&rsquo;organisation tr&egrave;s f&eacute;odale fond&eacute;e sur des ethnies particuli&egrave;res, avec des cultures religieuses anciennes et tr&egrave;s fortes, dont on sait que le seul facteur d&rsquo;unit&eacute;, repose finalement sur une pratique tr&egrave;s radicale de l&lsquo;Islam.
Les Am&eacute;ricains ont n&eacute;goci&eacute; leur d&eacute;part avec les chefs des tribus talibans en obtenant l&lsquo;assurance, et la promesse qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;avenir, ils ne toucheraient pas aux int&eacute;r&ecirc;ts am&eacute;ricains et&nbsp; qu&lsquo;ils laisseraient les populations locales vivre en paix, et libres de leur mouvement. Sous la tutelle du gouvernement l&eacute;galement install&eacute;.
A peine les Talibans sont-ils entr&eacute;s dans Kaboul que l&rsquo;ex&eacute;cutif a quitt&eacute; le palais de la pr&eacute;sidence et l&rsquo;arm&eacute;e l&eacute;gale s&rsquo;est pratiquement rendue sans r&eacute;sistance. Peu d&rsquo;experts ont cru en leur bonne foi et on sait, depuis quelques semaines, que les Talibans ont retrouv&eacute; leurs vieilles habitudes faites de contr&ocirc;les, d&rsquo;interdits et d&rsquo;exactions. Premi&egrave;res victimes, les femmes renvoy&eacute;es &agrave; leur destin, c&rsquo;est &agrave; dire &agrave; la Charia que beaucoup sont bien d&eacute;cid&eacute;s &agrave; appliquer. D&rsquo;o&ugrave; la panique des ressortissants &eacute;trangers et aussi l&lsquo;angoisse d&rsquo;une partie de la population, des femmes en particuliers, qui aspirent &agrave; une vie plus normale et plus confortable que la vie de leurs anc&ecirc;tres.
La seule inconnue, dans le sc&eacute;nario qui s&rsquo;&eacute;crit en direct, est que les Talibans sont revenus au pouvoir d&rsquo;un pays qui est tr&egrave;s diff&eacute;rent de celui dont ils avaient &eacute;t&eacute; exclus il y a plus de 20 ans par les Am&eacute;ricains. Une g&eacute;n&eacute;ration ou presque est pass&eacute;e. Le pays compte aujourd&rsquo;hui 50 millions d&rsquo;habitants. Et Kaboul, qui abritait 600&nbsp;000 habitants, en loge aujourd&rsquo;hui 6 millions. C&rsquo;est une vraie et grande m&eacute;tropole avec ses quartiers, une petite classe moyenne qui travaille dans les banques, les assurances, les commerces, quelques usines, avec une population f&eacute;minine qui, pour la moiti&eacute; est all&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, et gagne de quoi vivre en travaillant... C&rsquo;est-&agrave;-dire, des gens qui ont une forme de vie oppos&eacute;e &agrave; celle que les Talibans veulent imposer.
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2e question&nbsp;: les Talibans vivent et s&rsquo;organisent avec quel argent&nbsp;? 
&nbsp;Contrairement &agrave; une id&eacute;e re&ccedil;ue, l&lsquo;Afghanistan est devenu un pays relativement riche avec une croissance forte depuis le pseudo retour au calme. D&rsquo;abord parce qu&rsquo;en 2001, le pays avait &eacute;t&eacute; d&eacute;vast&eacute; par la guerre et qu&rsquo;il fallait tout reconstruire&nbsp;: les infrastructures, les b&acirc;timents sociaux et publics, les logements et les bureaux. Jusqu'&agrave; maintenant l&rsquo;&eacute;conomie de la construction tournait &agrave; plein r&eacute;gime avec des entreprises &eacute;trangers, notamment le groupe international d&rsquo;origine am&eacute;ricaine Bechtel, la t&eacute;l&eacute;phonie mobile (Roshan) et les plus grands groupes agro-alimentaires comme Coca Cola, Nestl&eacute;, L&rsquo;Or&eacute;al ou Siemens. C&ocirc;t&eacute; fran&ccedil;ais, Thales, Alcatel, Bouygues, Sodexo &eacute;taient encore tr&egrave;s pr&eacute;sents jusqu'&agrave; l&rsquo;arriv&eacute;e des talibans.
Localement, l&rsquo;Afghanistan poss&egrave;de une petite industrie qui produit un peu de textile, des tapis, du charbon, des m&eacute;taux pr&eacute;cieux, avec sans doute un potentiel de terres rares mais encore inexploit&eacute;es. Du coup, l&rsquo;Afghanistan exporte peu, du moins officiellement, mais importe beaucoup de produits manufactur&eacute;s d&rsquo;Europe, d&rsquo;Asie ou des USA. Enfin, des biens d&rsquo;&eacute;quipements et des produits p&eacute;troliers.
En fait, l&rsquo;Afghanistan vit officiellement des dons et subventions venant des Etats-Unis et d&rsquo;organisations internationales non gouvernementales, et des investisseurs qui avaient commenc&eacute; &agrave; engager des fonds dans la r&eacute;gion pour la reconstruction. L&rsquo;Am&eacute;rique aurait apport&eacute; plus de 50 milliards de dollars&nbsp;pour soutenir ou relancer l&rsquo;&eacute;conomie locale.
Toute cette partie rel&egrave;ve de l&rsquo;&eacute;conomie r&eacute;elle, mais &ccedil;a n&rsquo;est que la partie visible de l&rsquo;iceberg.
La partie souterraine est plus importante, et elle est pr&eacute;empt&eacute;e par des f&eacute;odaux locaux, des chefs ou des sous-chefs plus ou moins rattach&eacute;s aux groupes islamiques. Trois sources de financement&nbsp;:
Elle provient d&rsquo;abord du d&eacute;tournement des dons et des subventions de leurs destinations. Les ONG se font d&eacute;pouiller ou alors ach&egrave;tent ainsi leur protection. Les &eacute;tudes de diverses sources &eacute;valuent &agrave; 30 % de la manne &eacute;trang&egrave;re qui aurait &eacute;t&eacute; ran&ccedil;onn&eacute;e de cette fa&ccedil;on.
Ensuite, les groupes Talibans prennent une taxe &agrave; la fronti&egrave;re, pour entrer ou sortir ou pour transporter en &laquo;&nbsp;toute s&eacute;curit&eacute;&nbsp;&raquo; des marchandises et des hommes, parce que les routes ne sont pas s&ucirc;res.
Enfin, il y a &eacute;videmment et surtout le commerce de l&rsquo;opium. La culture du pavot est un sport national et occupe sans doute pr&egrave;s du tiers des surfaces cultivables, ce qui permet aux agriculteurs de vivre correctement. L&rsquo;industrie de transformation en opium et h&eacute;ro&iuml;ne et tout le commerce attach&eacute;, l&rsquo;exp&eacute;dition et la distribution.
L&rsquo;Afghanistan couvre 90% de la production mondiale d&rsquo;opium.L&rsquo;ampleur de l&rsquo;activit&eacute; li&eacute;e &agrave; la drogue n&rsquo;est pas mesur&eacute;e, mais cette activit&eacute; a fait de l&lsquo;Afghanistan la premi&egrave;re narco-&eacute;conomie du monde, qui rapporte entre 3 et 5 milliards de dollars par an. De quoi acheter des armes et payer des mercenaires.
&nbsp;
3&deg; Que peuvent faire les Occidentaux et comment caser les flux de financement&nbsp;?
Il est &eacute;vident que la quasi totalit&eacute; des ressources financi&egrave;res de l&rsquo;Afghanistan, ressources l&eacute;gales ou souterraines, proviennent de l&rsquo;Occident. Les pays voisins, frontaliers (la Russie, la Chine, le Pakistan et l&rsquo;Iran) semblent avoir coup&eacute; les ponts et consid&egrave;rent que des foyers de troubles, et m&ecirc;me de guerre &agrave; leurs fronti&egrave;res, vont pr&eacute;senter des soucis dont ils se seraient bien pass&eacute;s. Maintenant, la solution est aux mains des Occidentaux qui tiennent les flux de dons et prestations, les investissements et m&ecirc;me les recettes du commerce de la vente de drogue.
Les Am&eacute;ricains savent tr&egrave;s bien exercer des sanctions financi&egrave;res sur un pays hostile, l&rsquo;Iran, et la Russie en ont subi les effets. L&rsquo;Iran surtout, qui est au bord de l&rsquo;asphyxie financi&egrave;re, mais dont la bourgeoisie ne s&rsquo;est pas finalement soulev&eacute;e contre le r&eacute;gime des Ayatollah comme les dirigeants am&eacute;ricains le croyaient.
Le commerce de l&rsquo;opium, qui est d&eacute;j&agrave; interdit, sera beaucoup plus difficile sauf &agrave; offrir aux paysans des productions alternatives aussi lucratives. Depuis plus de 20 ans que l&rsquo;Am&eacute;rique en parle et n&rsquo;a pas ouvert de dossier, c&rsquo;est que le chantier doit &ecirc;tre consid&eacute;rablement dangereux.
Le contr&ocirc;le des flux financiers fl&eacute;ch&eacute;s sur l&lsquo;Afghanistan n&rsquo;appartient pas &agrave; un seul pays aussi puissant soit-il. Il r&eacute;sulterait d&rsquo;un accord international qui ne peut &ecirc;tre n&eacute;goci&eacute; qu&rsquo;au sein du Conseil de s&eacute;curit&eacute; des Nations Unies.

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