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Guerre en Irak : l'enquête du New York Times qui révèle l'opération de dissimulation d'armes chimiques
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Révélations

Selon le quotidien américain, près de 5 000 ogives, obus ou bombes chimiques ont été découverts par les troupes américaines et irakiennes entre 2004 et 2011. Ces armes toxiques, qui ont à l'époque gravement blessé une vingtaine de soldats, pourraient aujourd'hui se trouver entre les mains de l'Etat islamique...

Au lieu d'armes de destruction massive, les troupes américaines envoyées en Irak par l'administration Bush en 2003 ont découvert des armes chimiques vétustes. C'est en tout cas ce que révèle une enquête du New York Times, dévoilée le 14 octobre. Selon le quotidien américain, près de 5 000 ogives, obus ou bombes chimiques ont été découverts par les soldats américains et irakiens entre 2004 et 2011. Ces armes contenaient du gaz moutarde, du gaz sarin et autres agents neurotoxiques et au moins 17 Américains et sept Irakiens y ont été exposés, assure le New York Times. En effet, ignorant que les armes étaient toxiques au moment où ils les ont découvertes, les soldats n'ont pas pris les précautions nécessaires. Interrogé sur cet article, le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, a estimé que ce chiffre se montait à "environ 20" soldats. Mais d'après le New York Times, le chiffre exact est tenu secret par la Maison Blanche.

Selon le journal, certains soldats exposés ont été brulés et ont ensuite souffert de problèmes d'équilibre, de pertes de mémoire ou de difficultés à lire. Depuis leur retour aux Etats-Unis, la plupart de ces soldats n'ont reçu aucun suivi médical particulier, bien qu'ils souffrent toujours de maux de tête ou de difficultés respiratoires. Le journal a notamment interrogé un ancien sergent de l'US Army. Blessé au gaz moutarde en 2007, il n'a bénéficié  ni d'un traitement médical, ni d'évacuation. "J'avais plus l'impression d'être un cobaye qu'un soldat blessé", explique-t-il.

Par ailleurs, toutes les armes découvertes en Irak auraient été fabriquées avant 1991 et n'auraient donc rien à voir avec le matériel de destruction massive tant redouté par l'administration Bush, assure le New York Times. Ces armes seraient donc des restes d'un programme lancé par l'Irak dans les années 1980, au cours de sa guerre contre l'Iran.

Jusqu'à présent, ces informations avaient été tenues secrètes. En effet, Washington aurait ordonné à ses troupes et aux officiers présents sur place de se taire. Car les politiques de l'administration Bush "avaient besoin de quelque chose qui montre que Saddam Hussein avait utilisé des armes chimiques après le 11 septembre", aurait expliqué Jarrod Lampier, un ancien major de l'armée américaine désormais retraité, au New York Times. "Or tout cela datait de l'ère pré-1991."

Enfin, selon le New York Times, c'est avec l'aide des Occidentaux que l'Irak a pu développer un tel programme d'armement. Certaines entreprises allemandes auraient par exemple construit des usines irakiennes ayant servi à fabriquer des ingrédients chimiques. Saddam Hussein aurait également acheté à des entreprises européennes et américaines des munitions pour disperses les agents toxiques fabriqués sur son sol. Les autorités américaines étaient donc bien au courant de ces armes et auraient choisi en pleine conscience de ne pas en informer leurs soldats. Par ailleurs, ajoute le New York Times, les Etats-Unis ont violé la convention sur les armes chimiques. Cette dernière impose que celles-ci soient sécurisées et détruites selon un protocole strictement établi au préalable. Cependant, selon des témoins, en levant le camp d'Irak, les Américains auraient perdu la trace de nombreuses armes découverte et auraient abandonné des caches sans les sécuriser.

Mais maintenant que l'Etat islamique contrôle une grande partie de l'Irak où ont été découvertes ces armes chimiques, le New York Times s'inquiète de l'usage qui pourrait en être fait. 

Lu sur Le New York Times

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