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Triple A : oubliez les agences de notation, les Français s’auto-dégradent !
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zone franche

Quoi, mettre nos propres économies dans de la dette française ?! Ça va pas la tête ? Et pourquoi pas dans des obligations d’État grecques ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Putting one’s money where one’s mouth is » (littéralement, « mettre son argent là où est sa bouche ») est une expression américaine qui mériterait d’être adaptée en français de toute urgence.

En gros, elle suggère qu’il faut avoir le courage de ses opinions et fonctionne dans à peu près n’importe quel contexte mais, en ces temps de débâcle financière et de pilonnage quotidien du comportement des vilaines agences de notation, elle prend un relief tout particulier.

Car s’il y a bien un point de vue qui fait l’unanimité du NPA au FN, c’est que la France est l’otage d’un gang de marlous en costume-cravate se permettant de noter la qualité de sa dette pour d’obscures raisons ultranéolibérales.

« Bof, ce que nous nous contentons de faire, répliquent les affreux la main sur le cœur, c’est d’évaluer la capacité d’un pays à rembourser le pognon qu’il a besoin d'emprunter histoire de ne pas laisser les investisseurs dans le brouillard. Vous achèteriez un frigo chez Darty sans garantie, vous ? »

« Tu parles ! ripostent les contempteurs de la spéculation apatride. Vous faites ça juste pour nous embêter et grappiller quelques milliards de brouzoufs de plus en affamant les peuples, lesquels n’ont d’ailleurs même plus les moyens de le remplir, leur frigo Darty… »

En Italie et en Belgique, où l’on tient un discours du même tabac, on n’hésite d'ailleurs pas à exploser sa tirelire pour leur montrer de quel bois on se chauffe, aux Moody’s et autres Standard & Poor’s. Et les « journées des bons du Trésor » de ces deux pays ont permis de caser des obligations d’État treize à la douzaine auprès des institutionnels comme des particuliers.

Mais en France, où l’on se contente de pleurnicher sur le fait que 60% des la dette publique soit détenue par des fonds étrangers, c’est un autre son de cloche (incidemment la dette italienne est d’ores et déjà majoritairement domestique) : un sondage nous apprend en effet que seul un Gaulois sur trois serait d’accord pour prendre le risque de souscrire à un emprunt public, ce qui ne fait guère l’affaire d’un gouvernement réfléchissant justement à une initiative de ce genre...

Bon, de là à nous comparer collectivement à ces armateurs grecs qui mettent les voiles quand sonne l’heure de payer des impôts il y a un vrai fossé, mais l’idée générale est tout de même bien là. Et à quoi bon attendre de perdre officiellement le fameux triple A quand nous nous notons nous-mêmes triple E dans les sondages ?

Ah, il y a un autre proverbe yankee qui nous irait bien au teint : « Talk is cheap » (« les belles paroles ne coûtent rien »).

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