Toutes ces autres méthodes qui pourraient aider une France accro aux somnifères<!-- --> | Atlantico.fr
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La commission de la Haute Autorité de Santé préconise un remboursement des médicaments de 65% à 15%.
La commission de la Haute Autorité de Santé préconise un remboursement des médicaments de 65% à 15%.
©Flickr

Dodo

Sur les 30% de Français qui se plaignent de troubles du sommeil, 20 % ne sont que modérément affectés. Ce sont autant de personnes qui pourraient se passer de somnifères et explorer d'autres voies, puisque le remboursement des somnifères pourrait bientôt passer de 65 à 15%, conformément à une proposition de la Haute Autorité de la Santé (HAS).

Bruno Comby

Bruno Comby

Bruno Comby est polytechnicien et directeur scientifique de l'Institut Bruno Comby.

Il est l'auteur de l'Eloge de la sieste (TNR, 2005)

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Atlantico : Outre les somnifères, quels sont les moyens de lutter contre l'insomnie ? 

Bruno Comby : Tout dépend du type d'insomnie. On peut souffrir d'insomnie, dans ce cas on ne dort pas assez, ou bien à l'inverse souffrir d'hypersomnie. Les dérèglements du sommeil, et de manière générale les troubles du sommeil, sont de plus en plus fréquents dans notre société. Cela coûte des milliards d'euros si on compte les conséquences sociales, les conséquences dans la production du travail et les conséquences sur la santé. Les troubles du sommeil vont du simple déséquilibre de mode de vie aux vrais problèmes de sommeil parfois liés à une maladie. Pour le premier cas, les somnifères ne sont pas une solution indispensable. Dans les cas où il ne s'agit que de petits dérèglements, d'autres solutions peuvent convenir, comme des thérapies, des cours de relaxation, de sophrologie ou encore des cours visant à améliorer son mode de vie. Ces méthodes ont moins d'effets secondaires que les somnifères. Elles permettent d'apprendre à maîtriser son sommeil en agissant directement sur son mode de vie et la maîtrise de son corps. Attention cependant aux autres méthodes coûteuses et un peu douteuses comme les ondes magnétiques par exemple. 

Sont-ils de bons palliatifs à une médicalisation ? faut-il à tout prix éviter les somnifères ? 

Cela dépend des cas. Dans les cas très graves, il ne faut pas chercher à éviter à tout prix les somnifères. C'est au médecin de déterminer si le somnifère est indispensable ou non. Les méthodes alternatives peuvent être utiles pour les cas légers qui ne relèvent pas de cas médicaux. En France, 30% des personnes se plaignent de troubles du sommeil. Sur ces 30%, 10% souffrent d'insomnies sévères. 20% souffrent d'insomnies modérées, c'est plutôt cette catégorie qui peut utiliser les autres méthodes, amplement suffisantes, plutôt que les somnifères.

Ces moyens plus doux sont-ils tout aussi efficaces ? Dans quels cas ? 

Il s'agit d'éléments différents, ils n'agissent pas de la même manière. Les somnifères sont plus puissants mais ont aussi plus d'effets secondaires. Ils provoquent des dépendances, de l'accoutumance ; ainsi avec le temps, le patient augmente ses doses. C'est un cercle vicieux dont il ne peut plus sortir. Les somnifères modifient le sommeil. Cela augmente les phases de sommeil profond qui donnent l'impression que l'on dort, mais elles diminuent le temps des rêves. Le sommeil n'a pas la même qualité que lorsqu'on ne prend pas de somnifères. Dans les nombreux cas où il s'agit juste d'un petit déséquilibrage, les méthodes alternatives suffisent. C'est dommage de rentrer dans un cercle vicieux quand quelques séances de relaxation suffisent. On enseigne aux patients le bon rythme de travail à suivre, comment bien manger, en bref, à vivre mieux. Il faut également encourager le recours à la sieste, qui va permettre de rééquilibrer son sommeil. 

Ces moyens alternatifs aux somnifères sont-ils suffisamment développés en France ? 

D'une manière générale ces méthodes ne sont pas fréquentes, mais on fait également trop peu de prévention liée à ces problèmes de sommeil. On n'éduque pas assez ses enfants à avoir un bon sommeil. On pourrait faire beaucoup plus pour développer la prévention et ces méthodes. 

Pourquoi ne sont-ils pas remboursés ? 

Ce serait une bonne chose que de rembourser les méthodes qui ont fait leurs preuves, mais il ne serait pas normal de rembourser les charlatans. Les médecines douces sont à court terme plus chères que les somnifères. Il faudrait pourtant voir à long terme. Elles s'avéreraient moins chères. Il serait aussi bon d'investir dans la prévention afin d'encourager la population à adopter des modes de vie favorables à un bon sommeil. 

Sommes-nous en France dans une logique du tout médicament ?

Oui. Les laboratoires pharmaceutiques français sont parmi les plus puissants du monde et les Francais sont parmi les plus gros consommateurs de somnifères. Il faudrait plus de médecines douces, et plus de prévention. Il faut réadapter notre système de santé.

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