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Stéphane Richard pose ses conditions au rachat de Bouygues Telecom et la bourse adore
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Atlantico Business

Stéphane Richard n’est pas un patron comme les autres. Il est très ambitieux pour lui et son groupe, à condition que les règles soient respectées. La bourse a aimé l’exercice. Pas banal.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En présentant ses vœux lundi, Stéphane Richard en a profité pour faire une opération de communication assez bien réussie. Il a remis les pendules à l’heure à propos de l’opération de consolidation et de développement dont il est le principal acteur, et il a rappelé les conditions auxquelles il ne dérogerait pas pour faire plaisir aux uns ou aux autres. Il ne prendra aucun risque.

D’abord, pour que les choses soient claires, il a rappelé que cette opération de rapprochement avec Bouygues Télécom avait été initiée par Martin Bouygues. "C’est Martin qui a pris son téléphone". En termes simples, je n’étais plus demandeur. Les cartes sont donc dans ses mains.

Du coup, Stéphane Richard est très à l’aise pour rappeler les conditions qui sont les siennes afin de ne pas hypothéquer son groupe et reconnait que les négociations avancent très bien avec Bouygues, qu'elles se passeront bien pourvu que les autorités de la concurrence ne leur imposent pas des formules qui les affaibliraient. Dans la foulée, Stéphane Richard rappelle les trois conditions auxquelles il ne dérogera pas.

La première est de ne pas affaiblir son entreprise. On ne peut donc pas lui demander de céder des actifs qu’il considère comme stratégiques sous prétexte qu’il serait trop puissant. Il pense manifestement à la demande faite par Free et par Xavier Niel de récupérer à bas prix des antennes et des fréquences que le quatrième opérateur ne possède pas. Parallèlement, s’il doit revendre certaines activités, il veut pouvoir le faire lui-même.

La deuxième condition est beaucoup plus politiquement correcte, puisqu’il souhaite que l’opération soit socialement irréprochable. Cela ne veut pas dire qu'il maintiendra la totalité des emplois mais il faudra trouver des solutions. C’est un message adressé à Martin Bouygues. En bref, si Martin Bouygues veut se débarrasser de Bouygues Telecom, il va falloir aider Orange pour que cela se passe, socialement, correctement.

La troisième condition  est éclairante pour l’avenir. Il veut que le deal soit créateur de valeur pour les actionnaires. Mais comme il faut aussi que l’opération soit socialement impeccable, cela veut dire qu’il ne créera pas de valeur sur la casse sociale.

C’est évidemment une petite pierre dans le jardin de Patrick Drahi dont on sait le talent de cost killer, mais c’est aussi en pointillé une perspective de croissance pour faire de la synergie. Comme le marché français sera mature avec ces trois opérateurs, la croissance ne peut se faire qu’à l’extérieur.

Orange vient de signer l’acquisition de Cellcom au Liberia. Le Liberia compte plus de 4 millions d’habitants dont 60 % sont abonnés au mobile. L’objectif, c’est évidement de profiter de la formidable croissance de l’Afrique. L’avenir d’Orange va donc se jouer à l’international. Curieusement, Stéphane Richard a évité les sujets qui fâchent. La télévision oui, «mais TF1 n’est pas à vendre», un peu facile comme réponse ! Tout est à vendre, ça dépend du prix…

<--pagebreak-->L’autre sujet, c’est la banque. Les ambitions d’Orange sont gigantesques compte tenu des progrès technologiques. Le patron de l’opérateur ne veut visiblement pas ouvrir plusieurs fronts en même temps. Mais quelle leçon à l’adresse du monde des affaires.

La première leçon, c’est l’horizon à long terme. Ce qui change des entreprises du CAC40 obsédées par le cours de bourse. La seconde leçon, c’est cette demande de liberté adressée à l’Autorité de la concurrence, dont le seul objectif est de trop protéger le consommateur quitte à affaiblir les entreprises en grignotant les marges. C’est d’ailleurs ce qu'il s’est passé dans le mobile. On a quand même laissé s’installer un quatrième opérateur pour répondre à la démagogie politique mais on a fragilisé les opérateurs. Enfin, une transparence et une clarté dans l’information stratégique. Tout cela mélangé, fait qu’Orange plaît aux investisseurs qui ont confiance. Lundi, dans l’heure qui a suivi les leçons du professeur Richard, le titre a gagné 5%. Un record qui prouve que les fonds d’investissement ont besoin d’une stratégie cohérente.

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