Small Business Act : Manuel Valls rédige une ordonnance homéopathique quand la France aurait besoin d'un remède de cheval<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Manuel Valls a dévoilé mardi 9 juin en conférence de presse un "small business act" à la française.
Manuel Valls a dévoilé mardi 9 juin en conférence de presse un "small business act" à la française.
©Reuters

Oh non, encore le coup du cadeau aux patrons

Manuel Valls a dévoilé mardi 9 juin en conférence de presse un "small business act" à la française, soit 18 mesures destinées à aider les petites entreprises à embaucher. Mais il ne va pas assez loin dans ces réformes, car les Français ont souvent tendance à penser, à tort, qu'il s'agit de cadeaux illégitimes faits aux patrons.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

Voir la bio »

C’était prévisible, c’était attendu, c’était inévitable : les mêmes causes produisent les mêmes effets. On n’a pas le courage de faire les réformes fondamentales en France qui encourageraient la croissance. Alors on « fait des cadeaux ». Du moins, c’est ainsi que sont considérées les quelques mesures favorables, disons-le, aux PME et TPE. Rien d’extraordinaire, du bon sens, on ne touche à rien ou presque, on limite dans le temps.

Que retenir de ce que le Premier ministre a pompeusement appelé un « Small business act » ? Une ordonnance homéopathique qui n’a rien du traitement de cheval dont la France a besoin. Comment oser qualifier de cadeaux les quelques mesures annoncées hier ?

Certes on comprend mal la logique de cette décision. Actuellement 88% des salariés sont recrutés en CDD et tout le monde s’accorde à le regretter. Pourtant que fait-on ? On l’encourage !  Est-ce là le signe qu’il n’y aura aucune évolution du contrat de travail ? C’est malgré tout ce dernier qu’il faut adapter au monde du travail, au monde moderne. Il est vrai que les Chefs d’entreprise auront un peu moins peur de recruter s’ils peuvent maintenir leurs salariés en CDD plus longuement. Cependant il s’agit juste d’une façon de diminuer la crainte de s’engager sur un salaire que l’on n’est pas sûr de pouvoir verser sur le long terme. Cadeau pour qui ?

Pour les mêmes raisons, l’instauration d’un plafond et d’un barème des indemnités en cas de licenciement  est une avancée plutôt rassurante pour les entrepreneurs face aux décisions, parfois étonnantes, des Prud’hommes.  Mais ce qu’il faudrait c’est évidemment éviter cette épée de Damoclès en réformant le Code du travail auquel on ne touche pas (casus belli oblige !).

Est-ce un « cadeau » de geler pour 3 ans le seuil d’imposition et les cotisations sociales des entreprises alors même que ces dernières ne sont impactées qu’à court terme. Ce « cadeau » est loin d’aller à l’essentiel.

Et pour ce qui est des 4000 euros de prime : NON merci ! Car justement c’est faire croire que les entrepreneurs sont des chasseurs de primes. Ce ne sont pas 2000 euros par ans, sur 2 ans, qui vont déclencher l’embauche d’un salarié. C’est simplement  une réduction temporaire du coût du travail. Il n’y a que des ministres ou des politiques démagogues pour faire croitre que cette prime va effectivement « permettre aux patrons de changer de bagnole » !

Notre pays ne peut pas continuer à être victime de cette désinformation largement relayée par les médias consistant à dire que les entrepreneurs font de la rétention  d’emplois. Ce terme de cadeau est inadmissible, honteux ! Un tel état d’esprit tue cette bouffée d’oxygène, qui incontestablement a son mérite et va dans le bon sens.

Monsieur le Premier ministre, voulez-vous, s’il vous plaît « taper du poing sur la table » et dire vous-même, ainsi que tous les ministres concernés, que NON vous ne faites pas de cadeaux aux patrons. C’est la déclaration que nous attendons, beaucoup plus qu’une prime.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !