Ron DeSantis : un Trump « avec un cerveau » ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Ron DeSantis et l'ancien président américain Donald Trump lors d'un rassemblement électoral, le 3 novembre 2018 à Pensacola, en Floride.
Ron DeSantis et l'ancien président américain Donald Trump lors d'un rassemblement électoral, le 3 novembre 2018 à Pensacola, en Floride.
©MARK WALLHEISER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Parti Républicain

Le gouverneur républicain de Floride ne ménage pas ses efforts pour surfer sur la vague du trumpisme tout en la détournant à son avantage. A la grande conférence annuelle du Conservatisme National, il semble avoir gagné des points.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Atlantico : Ron DeSantis, gouverneur de Floride, fait beaucoup parler de lui actuellement. Comment expliquer une telle médiatisation

Gérald Olivier : Ron DeSantis est gouverneur de Floride depuis janvier 2019. On parle beaucoup de lui actuellement car il a organisé le transport d’une cinquantaine migrants depuis la frontière du Texas jusqu'à une petite station balnéaire au large du Massachusetts, Martha’s Vineyard, qui est une sorte de Saint-Tropez américain. Barack Obama y a d’ailleurs une résidence.

L’idée derrière ce transport de migrants était de confronter l’élite de la gauche américaine à la réalité du problème que représente l’immigration clandestine. En réponse, les autorités locales ont fait appel à la Garde Nationale et ont envoyé ces migrants dans un camp militaire, dans une autre localité, sous prétexte qu’il n’y avait pas à Martha’s Vineyardles infrastructures nécessaires à leur accueil. Si une communautéaussi riche que Martha’s Vineyard ne peut pas s’occuper d’une cinquantaine de migrants, que peut-on attendre d’autres villes du sud des États-Unis, bien plus pauvres ?

Cette affaire a fait les gros titres, c’est un coup politique de la part de DeSantis. Les démocrates l’ont accusé d’instrumentaliser les migrants, mais les Républicains l’ont applaudi pour avoir magistralement dénoncé l’hypocrisie d’une élite socio-libérale favorable à l’immigration clandestine, tant que les migrants n’arrivent pas chez eux.

Ron DeSantis, qui a tout juste 44 ans, est une étoile montante du parti Républicain. Il n’hésite pas à dénoncer l’impéritie de Biden et de Washington. Pendant la pandémie de Covid-19 il s’est opposé à l’obligation vaccinale, au port du masque obligatoire et surtout au confinement, préservant ainsi l’économie de la Flordie.Il a un excellent pedigree pour se présenter un jour à la présidence des États-Unis. En 2028 ou peut-être même avant. Pour l’heure il est candidat à un second mandat de gouverneur. L’élection aura lieu en novembre et il devrait l’emporter sans grande difficulté, alors même qu’il a été élu en 2018 de quelques milliers de voix seulement et que la Floride est un État clé, un « Swing State », où les deux partis font à peu près jeu égal. 

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De nombreux détracteurs, mais aussi des soutiens, le considèrent comme un « Trump avec un cerveau ». Est-ce que cette définition le représente correctement ?

Cela n’est pas très sympathique pour Trump, qui est selon moi très intelligent. Il n’a pas une grande éducation intellectuelle et il a parfois des manières d’ours, mais c’est un véritable animal politique et un homme d’entreprise brillant. L’intelligentsia sociale-démocrate américaine a toujours sous-estimé l’intelligence politique de Donald Trump. C’est à la fois une erreur et une faute politique. S’il est vrai qu’il n’est pas instruit et n’a pas une grande conscience artistique, la façon dont il a dirigé les États-Unis pendant quatre ans a prouvé qu’il avait les capacités nécessaires pour la fonction.

Ron DeSantis est plus subtil, plus courtois, plus malin peut-être. Son pedigree est très classique pour un homme politique américain. Il a fait Yale, une grande université privée, avant d’aller à Harvard. Il s’est ensuite engagé dans la Navy, la marine des États-Unis. Il a été déployé en Irak, a eu des missions de conseil avec les Navy Seals, des commandos de la Marine américaine. C’est après cet engagement qu’il a entamé une carrière d’avocat puis de politicien. Il a aussi ce côté provocateur qui lui permet de faire les gros titres. Il a des convictions conservatrices, tout comme Donald Trump, qui évidemment ne sont pas celles des grands médias, donc ne vous attendez pas à ce que le New York Times ou MSNBC chantent ses louanges.

À quel point Ron DeSantis s'inscrit-t-il dans la mouvance du trumpisme ? Arrive-t-il à se la réapproprier ?

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Le trumpisme peut se définir par certaines positions majeures que sont le nationalisme à travers l’expression « America First », la défense des frontières, à travers la lutte contre l’immigration clandestine, la sécurité intérieure à travers une insistance pour la loi et l’ordre, une politique économique de croissance, basée sur la dérégulation, la baisse des charges et des impôts, et le renouveau industriel, la défense des valeurs traditionnelles à travers la famille traditionnelle et le droit à la vie, et sur le plan international une Amérique forte. Ron DeSantis s’inscrit parfaitement dans cette mouvance.

Sur le plan budgétaireRon DeSantis est favorable à une baisse des dépenses plutôt qu’à une hausse des impôts pour combler les déficits et la dette. C’est encore dans la ligne de Trump et des Républicains.

Sur la question de la sécurité individuelle, il est évidemment favorable au droit du port d'arme et même à une extension de ce droit. Par exemple, il est pour la délivrance de permis de port d’arme sur soi pour les civils et souhaite qu’ils puissent la transporter dans les lieux publics.

Il soutient les forces de police et a proposé une prime de 5000 dollars à tous les policiers menacés dans leur emploi par certaines administrations démocrates parce qu’ils refusaient de se faire vacciner pendant la pandémie de Covid-19, pour venir s’installer en Floride. C’est encore dans la ligne des politiques menées par Donald Trump.

Sur la question de l’avortement, il est favorable au droit à la vie et considère comme la Cour Suprême vient de le confirmer que c’est une question qui ressort des États. Encore une fois, il s’inscrit dans la mouvance de Donald Trump.

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En matière d’éducation, Il est également contre l’enseignement de la théorie des races, et de la théorie du genre … Il a fait passer une loi interdisant aux enseignants du primaire d’évoquer les questions sexuelles. Alors que dans l’enseignement public américain nt a constaté des cas de propagande transgenre de la part d’enseignants adressée à des enfants de six ans… Ron DeSantis dénonce ce genre d’endoctrinement. Il pense que le rôle de l’école est d’apprendre aux enfants comment penser, pas ce qu’ils doivent penser.

Sa présence a été très remarquée à la National Conservatim Conference à Ventura. Peut-on y voir une forme d’intronisation ?

Quand vous appartenez au Parti Républicain et que vous engagez une carrière nationale, il faut aller voir les troupes. Ron DeSantis le sait parfaitement et a été très bien accueilli. Lors d’un vote blanc qui visait à désigner un candidat à la Maison Blanche pour 2024, Trump est arrivé en tête avec 60% des intentions de vote et Ron DeSantis est arrivé deuxième avec 28%. Il est loin derrière Trump mais le premier après lui… Pour l’avenir c’est essentiel.J’ignore si DeSantis se présentera en 2024. Tout dépend de la situation judiciaire de Trump, qui fait face à une véritable machinerie d’Etat dirigée par l’administration Biden, à travers le ministère de la Justice et un certain nombre de thuriféraires démocrates, occupant des fonctions de procureurs locaux. Tous ces acteurs souhaitent empêcher la candidature de Trump. Par tous les moyens. Mais si Trump décide d’être candidat, je ne pense pas que DeSantis tentera de s’y opposer. De nombreux électeurs Républicains restent convaincus que l’élection de 2020 a été « volée » et ils souhaitent donner une seconde chance à Trump. Donc défier Trump au sein du camps Républicain pour la nomination en 2024 me semble voué à l’échec.

On pourrait à la rigueur envisager que DeSantis rejoigneDonald Trumpcomme candidat à la vice-présidence en 2024 ? Ce qui le mettrait en position très favorable pour 2028. Car je suis convaincu que son objectif c’est 2028 pour la Maison Blanche.

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