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Renault-Fiat : "L‘avenir de l’industrie automobile française est compromis si l’État français ne prend pas ses responsabilités"
©Loïc VENANCE

Atlantico Business

Jean-Dominique Senard, président de Renault, a regretté que l’Etat Français ait bloqué le projet d’alliance avec Fiat. Il prévient le Sénat que l’avenir de l’automobile européenne est menacé.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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« L’Etat français a pris une lourde responsabilité en bloquant le projet de mariage entre Fiat et Renault, parce que l‘avenir de l’industrie automobile européenne est très menacé par la concurrence chinoise ».

Jean-Dominique Senard, président de Renault,n’a pas mâché ses mots. Il a même été d’une rare brutalité devant les sénateurs qui avaient été très critiques de ce projet de fusion en juin dernier.

Jean-Dominique Senard ne s’en cache pas, il rêverait de voir le projet de fusion avec Fiat Chrysler revenir sur la table,parce que pour lui, la création de champions européens est vitale pour faire face à la concurrence chinoise.« Mais j’ai compris que le sujet n'est plus d'actualité », a-t-il dit devant les sénateurs lors d'une audition devant la commission des Affaires économiques du Sénat.

« Si un jour, il devait revenir dans des conditions qui seraient acceptables pour tous, je serais ravi. Mais ce n'est pas l'ordre du jour ». La page est tournée, Jean-Dominique Senard n’en reste pas moins en colère parce qu’il est convaincu que la concurrence chinoise va, dans les 5 ans, envahir la planète.

« Il y a dix ans, les Chinois n’existaient pas. Sur le seul marché des pneumatiques que je connais bien pour avoir dirigé Michelin, les Chinois tenaient 5% du marché européen il y a 5 ans. Aujourd'hui, ils contrôlent plus de 30%. Sur l’automobile, ils ont tout compris. Il y a cinq ans, on en rigolait. Aujourd’hui, ils savent faire des voitures aussi bien que nous et même mieux ».

Sans revenir en détail sur ce qui s’était passé avant l’été, quand ce projet de fusion à 30 milliards d’euros a capoté, la famille Agnelli et le management de Fiat-Chrysler ont retiré leur offre après que l’Etat français, principal actionnaire de Renault, ait demandé un délai de réflexion sans dire s’il était véritablement d’accord avec le projet.

Face aux sénateurs, le dirigeant de Renault a donc repris ce dossier en expliquant que les raisons de l’hostilité politique étaient dérisoires et secondaires par rapport à l’enjeu. Sous-entendu, on aurait étudié le dossier, discuté et négocié plutôt que de rejeter en bloc au nom d’intérêts politiques mal définis.

L’enjeu, c’est la survie du pôle français de l’industrie européenne. Le rapprochement entre Fiat-Chrysler et Renault-Nissan permettait d’acquérir une position mondiale qui va nous faire défaut.

Devant des sénateurs plutôt hostiles aux conditions de la fusion avortée, Jean-Dominique Senard a défendu à nouveau une fusion qui aurait donné selon lui à l'alliance avec Nissan une dimension encore plus mondiale.

"Essayons de nous projeter et de comprendre que si nous n'anticipons pas, à travers certains regroupements de nos unités, notamment européennes, nous n'aurons que nos yeux pour pleurer dans quelques années » a-t-il dit.

Jean-Dominique Senard a répété que l'alliance avec Nissan était "fondamentale" pour Renault.

Mais ce que les sénateurs ont retenu, c’est l’appel aux pouvoirs publics français à prendre leurs responsabilités dans un processus de consolidation. Sur le papier c’est clair, l’Etat français est l’actionnaire incontournable actuellement dans les deux groupes français. Parallèlement, les constructeurs implorent aussi les sénateurs de maintenir les aides en vigueur pour l'achat de véhicules électriques.

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