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(Re)montée en puissance de la Chine : ces opportunités que la France ne doit pas laisser passer
©Reuters

2ème économie mondiale !

Après deux décennies de croissance annuelle au-dessus de 7 %, la Chine a désormais pleine conscience de sa toute puissance retrouvée et peut désormais s'engager dans la révolution industrielle du XIXéme siècle de l'Occident. A la France de saisir la balle au bon pour relancer son économie en orientant l'offre vers les futurs besoins chinois.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Camarade = Gay ! Mao n'en reviendrait pas. Et pourtant, un même idéogramme (tongzhi, repris dans le cartouche) signifie désormais, "camarade" et "gay" ! On nous explique, sur place, que la langue évolue...

“Deuxième économie du monde”

C’est ce qu’on entend et lit partout en Chine. La Chine a pleine conscience de sa puissance, après deux décennies de croissance annuelle au-dessus de 7 %. Un rattrapage sans exemple dans l’histoire, qui conduit, sur place encore, à dire que la Chine retourne à son rang "normal" : le premier. Celui qu’elle aurait gardé si elle n’avait pas raté les révolutions industrielles du XIXème siècle qui ont fait le succès de l’Occident. Corrigeons : “l’anomalie” du succès de l’Occident.

Comment redevenir premier ? En s’interrogeant sur le passé

On ne rate pas une révolution industrielle par hasard, moins encore trois. Il faut d’abord des innovations, la Chine en a toujours eu et en a. Il faut le goût du profit, la Chine en regorge. Il faut des entrepreneurs, pas de problème. Il faut une bonne articulation entre gouvernance publique et gouvernance privée pour "pouvoir oser". C’est toute la question.

La vieille Chine n’a pas osé briser les tabous avec des innovations qu’il fallait étendre. Elle était prise dans ses castes et ses règles, qui faisaient sa stabilité. Avancer lentement pour ne pas casser et se casser : ce fut sa grande préoccupation face à la crainte des révolutions paysannes. Dernière leçon en date : la Révolution culturelle de Mao, avec ses millions de morts, qui conduit Deng Tsiao Ping à dire : "Peu importe qu’un chat soit blanc ou noir : s’il attrape la souris, c’est un bon chat". On ne fait pas plus pragmatique.

Mao domine la place Tien An Men : le politique domine toujours l’économie

La Chine conserve son armature (le Parti) pour piloter les changements économiques :

  • Passer d’une économie d’investissement (en fait de surinvestissement) et d’une économie d’exportation (en fait d’accumulation de réserves en bons du trésor américain) à une économie “normale”, où la consommation a un rôle dominant ;
  • Passer d’une économie qui entasse des capitaux à une économie qui les exporte.


Pour éviter le surinvestissement public, les autorités luttent contre la corruption, sanctions exemplaires à la clef. Pour gérer l’investissement des entreprises d’Etat, elles surveillent les banques (et vont devoir se préoccuper du shadow banking). Pour développer la consommation, il faut s’ouvrir.

Le message économique chinois est clair : changer graduellement de modèle.

Moins investir et plus consommer, moins attirer du capital et en exporter plus, c’est faire coup double. D’un côté, beaucoup d’entreprises sont à vendre, surtout en Europe, d’un autre côté, sortir les capitaux de Chine est la meilleure façon de faire baisser le Yuan, la monnaie chinoise, sans que les États-Unis trouvent à y redire !

La stratégie chinoise par rapport à l’Europe est écrite :

  • Passer par des intermédiaires de private equity pour sélectionner les ETI et les start-ups prometteuses en Europe et en France ;
  • Entrer dans leur capital (au début) pour tâter l’eau sans susciter de réactions négatives ;
  • Monter une filiale commune en Chine pour profiter du marché, avec les meilleures introductions (on s’en doute) et accroître la taille de l’investissement côté européen et côté chinois. Ceci va prendre des années, mais pas beaucoup car le modèle est très puissant.

On peut toujours s’inquiéter, mieux vaut réagir...

Un, la Chine cherche des alliés et la France est bien placée. Ceci ne durera pas si nous ne proposons rien parce que nous sommes trop faibles. Il faut donc absolument préparer et renforcer nos entreprises : baisser leur fiscalité et leur faciliter la vie économique, sociale, juridique et fiscale pour les soutenir et les valoriser,

Deux, il faut retenir quelques secteurs stratégiques à épauler, agroalimentaire, énergie propre, économie circulaire (recyclage)… dont la Chine a absolument besoin – et y mettre le paquet,

Trois, il faut monter des task forces franco-chinoises pour défricher ensemble et dans la durée, par la recherche et l’innovation, entre entreprises, lieux de recherche et régions, pour créer un vrai partenariat économique. Autrement…

Cet article a également été publié sur le site de Jean-Paul Betbeze

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