Qui arrêtera Rihanna dans son foudroyant succès ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Media
Rihanna a déjà vendu plus de 37 millions d'albums dans le monde.
Rihanna a déjà vendu plus de 37 millions d'albums dans le monde.
©Reuters

Icône

Alors que Rihanna vient de fêter son 25ème anniversaire, elle a déjà vendu plus de 37 millions d'albums dans le monde et son succès ne semble pas se démentir d'un iota.

Talia Soghomonian

Talia Soghomonian

Talia Soghomonian est une journaliste américaine basée à Paris, ex-Metro et New-York Times, aujourd'hui freelance. Elle écrit sur le cinéma, la mode et la musique, et a été publiée dans Rolling Stone, InStyle, Marie Claire.

Voir la bio »

Atlantico : Rihanna vient de fêter son 25ème anniversaire. A l'âge où certains finissent à peine leurs études, elle a déjà sorti 7 albums en 7 ans, en a vendu plus de 37 millions dans le monde et est selon Forbes une des personnalités les plus influentes de la planète. Comment peut-on expliquer qu'à seulement 25 ans, elle soit arrivée aussi vite à une telle réussite ? 

Talia Soghomonian : Tandis que Madonna a ramé pendant quelques années a New York - à 25 ans, elle ne sortait que son deuxième album Like a Virgin - Rihanna a eu la chance d’être tombée sur Jay-Z avant même de fêter ses 18 ans. Il a vu son potentiel – jolie fille, avec une personnalité et une attitude affirmées, et un zeste de provocation, qui a pris de l’ampleur au fil des années. Et quand on veut pousser une artiste, on le fait jusqu’au bout.

Peu importe si sa voix n’est pas extraordinaire – celle de Madonna ne l’est pas non plus – ou que ses chansons sont surproduites, elle vend grâce à son image et son style, plus facile à copier pour les fans que celui de Lady Gaga. Elle est différente de Britney, qui vendait une image lisse alors qu’elle était troublée. Riri ne ment à personne, elle est elle-même. C’est une machine à sous pour sa maison de disques, Universal, qui ne voit pas d’inconvénients à tous ses tweets provocants ou photos dénudées sur Instagram.

Certains voient déjà en Rihanna la remplaçante de Madonna, n'hésitant pas à rapprocher leurs deux parcours. Une telle comparaison est-elle vraiment justifiée ? 

En réalité, ce que Rihanna fait, c’est du déjà-vu. Et elle avoue que Madonna a été une grande source d’inspiration. Madonna a inventé un style, véhicule une attitude jamais vue auparavant chez une femme publique, elle a su faire de la provocation et du sexe un outil de marketing. C'est une femme qui pense comme un homme. Une vraie businesswoman.  

Et Riri a bien étudiée son modèle. Comme Madonna, Rihanna aime bien expérimenter en collaborant avec différents producteurs et faire des clips vidéo percutants. Ils sont aussi esthétiques que provocants et parfois porteurs de messages. Et elle a compris que pour survivre dans le jungle médiatique, il faut se différencier. Elle a compris le potentiel de la provocation. Et comme Madonna, elle s’intéresse au cinéma. Elle avait un tout petit rôle dans le flop Battleship, sorti en 2012, et jouera son propre rôle dans This is the End, qui sortira le 11 septembre prochain.  

Mais elle a surtout compris qu’il ne faut pas trop s’absenter des médias car on risque d’être oublié assez rapidement. Rihanna n’arrête pas de maintenir sa présence. 

Sa vie amoureuse, et notamment sa relation tumultueuse avec Chris Brown n'a-t-elle pas aussi contribué à sa popularité, en offrant d'elle l'image d'une femme soumise, en opposition avec son image de "guerrière médiatique" ? 

C’est certain qu’à la suite du fameux soir ou Chris Brown l’avait défigurée, Rihanna a suscité de la sympathie, et c’est bien normal. Pour le public, elle a pris une apparence plus humaine, moins star, moins glamour. On s’est rendu compte qu’elle aussi est faite de chair et d’os. Même Madonna a eu une relation mouvementée avec son premier mari, l’acteur Sean Penn, qui l’avait frappée avec une batte de base-ball. Mais cet événement tragique l’a également fait connaître à un plus large publique qui ne s’intéressait pas forcément à elle auparavant. 

Je ne pense vraiment pas que Rihanna s’est servie de cette violence pour susciter encore plus de sympathie ou pour se faire de la pub, mais c’est arrivé malgré elle. Et peut-être grâce à cela la violence conjugale a suscité la discussion sur un sujet délicat, ainsi que du courage chez certaines victimes pour en parler à leur tour. Elle a d’ailleurs évoqué son expérience avec Chris Brown dans son quatrième album Rated R, sorti en novembre 2009, quelques mois plus tard après le drame. Cependant, même si elle ne s’en servait pas directement pour se faire de la pub et disait que l’album était exutoire, elle était parfaitement consciente que son image avec le public avait pris une tournure différente, qu’on pouvait pardonner presque tout à une victime. Et victime est une étiquette dont elle tente de se débarrasser en se montrant comme une femme forte, la provocatrice, celle qui choque, la nouvelle Madonna. Lors de notre rencontre en 2009, elle a confié qu’elle voulait véhiculer une image très sexy, aussi sexy qu’elle le pouvait. Depuis, elle n’hésite pas à porter des tenues très provocantes et de nous les montrer sur le web. On se demande ce que Madonna aurait fait si les réseaux sociaux avaient exister à l’époque. De la provocation, c’est sûr. 

Un succès très rapide n'est pas toujours signe de longévité, au contraire. Qu'est-ce qui pourrait causer sa chute ? 

La grande époque de la musique est terminée. Le public ne consomme plus la musique de la même manière. Il veut du rapide, de la McMusique. Il n’a plus d’attaches à long terme à la musique. Il consomme et il passe à autre chose. Rihanna a certes fait des tubes et vendu des millions d’albums, mais qu’en est-il de la qualité des chansons ? La production est certes du haut niveau, mais va-t-on la considérer comme une autre grande artiste ? Mais ce n’est pas que la manque de bonnes mélodies qui risquent de causer sa chute. Ce serait plutôt la fatigue (Riri n’arrête pas de tourner, de travailler, de faire la une des magazines de mode) ou un bébé… Pour le moment, on dirait qu’elle ne veut pas qu’on la quitte des yeux un seul instant. Elle s’impose, les médias l’imposent, Universal et tout le reste veulent leur part du gâteau. Le public finira un jour par s’en lasser – deux Madonna, c’est suffisant. Ou l’oublier quand elle voudra enfin se reposer. On parle déjà moins de Lady Gaga, non ?

Dans le monde cruel de la musique d’aujourd’hui, il faut être une légende ou donner l’illusion qu’on en est une. Madonna est une légende, Riri est une icône… du style.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !