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Mais pourquoi assimiler 
Mohamed Merah au Maghreb ? 
C'est un problème franco-français
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Pas d'amalgame

Alors que les Marocains ont enterré dans la douleur Imad Ibn Ziaten, le parachutiste abattu le 11 mars dernier par Mohamed Merah, la polémique enfle a propos de la sépulture de ce dernier qui pourrait être en Algérie. Et pourtant vu du Maghreb, il s'agit de deux Français.

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui est directeur général du cabinet de communication d'influence Guepard Group.

Il est l'auteur du livre Intelligence Economique et guerres secrètes au Maroc (Editions Koutoubia, Paris).

 

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Au delà de la polémique sur un éventuel lieu de « pèlerinage », le double enterrement d'Imad Ibn Ziaten et Mohamed Merah permet de revenir sur les deux extrêmes de la politique d’intégration poursuivie par la France et ses effets : l’assimilation quasi parfaite, au point de porter l’uniforme pour Ibn Ziaten, et le rejet total de la République et de ses valeurs pour Merah, au point de perpétrer des attentats terroristes.

Pourtant, au sud de la Méditerranée, l’on veut croire que le cas de Merah est unique, et la rue marocaine, comme la rue maghrébine dans son ensemble, se refuse à faire de la folie meurtrière de Mohammed Merah une conséquence d’une politique d’intégration dans la tourmente depuis près de 30 ans. En effet, comme le rappelle avec talent un sociologue marocain, interrogé à ce sujet : « la première victime de Merah après les sept personnes qu’il a assassinées, c’est le Maghreb, qui sera à nouveau stigmatisé comme terreau du terrorisme islamiste ».

Or, la première crainte des Maghrébins dans ce climat post attentat très particulier, c’est que l’opinion publique française cède à la tentation d’amalgamer les Maghrébins comme potentiellement dangereux. A cet égard, les propos tenus par Marine Le Pen sont non seulement irresponsables, mais surtout faux, car Mohamed Merah, et Khaled Kelkal avant lui , étaient avant tout des enfants des banlieues françaises. Leur parcours était ainsi à mi chemin entre « La Cité de Dieu » et « Scarface », fascinés tous deux par la violence et trouvant dans l’endoctrinement néo-islamiste le véhicule adéquat pour porter leur frustrations. C’est là le véritable nœud de cette trajectoire sanglante de Mohammed Merah, qu’il convient d’appréhender pour ce qu’elle est : l’aboutissement d’un délire nourri au djihadiste internet et à la violence extrême des cités.

C’est pourquoi les Maghrébins, bien que blessés par les actes innommables de Mohammed Merah, voient plutôt cette question comme un problème franco-français, dont ils se solidarisent surtout pour en avoir été les victimes auparavant.

Ainsi, au Maroc, il faut rappeler que les attentats terroristes du 16 mai 2003, qui ont fait plusieurs dizaines de victimes, étaient aussi, en quelque sorte, issus des « banlieues » de Casablanca, puisque les auteurs étaient tous originaires du même quartier de Sidi Moumen, qui a fait l’objet depuis d’un gigantesque chantier de réhabilitation.

Ceci ne signifie pas pour autant que la misère sociale soit le seul facteur qui entre en ligne de compte dans la fabrication d’un candidat au terrorisme, mais la plupart des experts conviennent qu’il s’agit là d’un environnement « favorable » à l’installation d’une logique extrémiste. Ajouté au passage par la case prison, qui est commun à Kelkal et à Merah, ce chemin a permis la mise en branle de cette « machine infernale ».

Cette dernière a débouché sur cette image très forte qui fait que Imad Ibn Ziaten et Mohamed Merah sont enterrés à quelques jours d’intervalles. L’un pour avoir aimé la France. L’autre pour l’avoir haïe de toutes ses forces.

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