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Oslo : l'horreur idéologique
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Zone franche

Si Anders Behring Breivik n'était qu'un loup solitaire illuminé, on en serait presque réconforté...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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On donnait les idéologies pour mortes, enterrées sous les décombres du mur de Berlin, terminalement ringardisées par la « fin de l’histoire »… Tu parles ! Comme cadavres, elles se posent là... Et si le type qui vient de massacrer près d’une centaine d’adolescents à Oslo n’est pas un idéologue de compétition, Maurras et Lénine n’ont plus qu’à demander à changer de rubrique dans l’Universalis !

Bon, on aurait du mal à prétendre qu’elles ne se sont jamais aussi bien portées : ce serait faire l’impasse sur d’assez gros morceaux de l’aventure humaine. Disons qu’elles continuent de prospérer gentiment, entre l’islamisme à tendance jihadiste, le trotsko-bolivarisme pétrolier et l’occidentalisme vikingo-saucissonnier…

A ceux qui préfèrent prendre Anders Behring Breivik pour un illuminé au prétexte qu’il joue les loups solitaires et paraphrase John Stuart Mill sur Facebook avec son histoire « d’homme seul qui en vaut 100 000 », proposons de réfléchir cinq minutes : des types convaincus que l’Europe est en passe d’être submergée par des hordes d’affreux basanés et accusent quiconque n’est pas sur la même longueur d’onde d’être un collabo, il n’y en pas quelques uns de moins discrets, de plus connus ?

L’assassin d’Oslo n’est pas un illuminé, c’est un militant, un activiste. Il ne se contente pas d’assister à des meetings ou de bloguer sa haine et son incompréhension du monde tel qu’il va, il fabrique des bombes avec du matériel agricole ou mitraille les rejetons de ses « ennemis ». D’ailleurs, s’il se fait coincer, il ne tourne pas autour du pot mais explique posément qu’il agit par « nécessité ». Les kamikazes du World Trade Center ou les « franchisés » tunisiens d’Al Qaeda ne disent pas autre chose, lorsqu’il enregistrent leurs adieux en vidéo : « On tue le maximum de gens mais c’est pour la bonne cause ».

On aurait pourtant aimé qu’ils soient vraiment passés de mode, ces systèmes de pensée en kit où la fin justifie les moyens, où tout est simple et bien ordonné entre méchants et gentils, entre bien et mal, entre vrai et faux… On aurait pourtant adoré qu’ils aient été remplacés par l’aspiration « fukuyamesque » à une existence pacifiée, entre démocratie sagement libérale et consumérisme un peu vain. Mais Breivik est là, les jihadistes sont là, comme est là la foule des clampins qui n’iraient sans doute pas jusqu’à prendre une mitraillette ou s’encastrer dans un gratte-ciel pour faire triompher leur credo mais se réjouissent discrètement que d’autres le fassent à leur place.

Oui, les idéologies, on aurait adoré qu'elles restent enfouies sous les décombres du mur de Berlin.

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