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Mon fils est schizophrène : les terribles symptômes de sa maladie
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Bonnes feuilles

"Mon fils est schizophrène" est l’un des rares documents de langue française traitant des relations et du quotidien de parents avec leur enfant schizophrène. Toute la vie familiale a basculé lorsque l’auteur a découvert la schizophrénie de son fils, Xavier à l’âge de 19 ans. Extrait de "Mon Fils Est Schizophrène", de Dominique Laporte, publié chez François Bourin éditeur (1/2).

Dominique  Laporte

Dominique Laporte

Dominique Laporte est comédienne de théâtre et se consacre à la prise en compte de la schizophrénie par les pouvoirs publics.

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Très vite pourtant ses démons réapparurent. Il se sentait persécuté en permanence : « on » voulait le tuer, les voisins avaient de mauvais regards, sa soeur lui envoyait de mauvaises ondes… Il faisait semblant de prendre ses médicaments, jurait tous ses grands dieux qu’il les avalait. Mais nous les retrouvions coincés derrière un tableau, cachés sous un meuble. Il ne les jetait jamais, il voulait que nous les trouvions ; c’est un des nombreux paradoxes de la maladie, parmi tant d’autres !

Très vite, il refusa de faire la moindre toilette, restait au lit, rideaux tirés, toute la journée. La nuit, il se levait et fourrageait dans les placards à la recherche de boîtes de sardines, de pâté et d’alcool… La négligence de soi et un comportement alimentaire absurde, nous avait-on prévenus, faisaient partie des manifestations de la maladie. Mamie laissait bien en vue des quantités de biscuits et de friandises qu’il aimait particulièrement, mais elle avait pris soin qu’aucune bouteille de vin ou d’apéritif ne puisse être atteinte. On les cacha dans les endroits les plus inattendus ; il nous arrive, encore aujourd’hui, d’en retrouver, oubliées à l’intérieur d’une cheminée ou ailleurs.

Si par hasard Xavier sortait « pour faire un tour », nous savions pertinemment que c’était pour aller boire de la bière ou pour en acheter. Il parvenait à faire pénétrer des canettes dans l’appartement après les avoir cachées dans les escaliers. Nous passions notre vie à l’espionner, à être sur le qui-vive. Nous n’étions jamais au bout de nos surprises. Il pouvait disparaître une journée entière et ne pas quitter l’appartement, voire sa chambre, pendant une semaine entière.

Un matin, alors que j’attendais l’autobus, je le vis faire la manche au coin de notre rue. Je n’ai pas bronché, je suis montée dans mon bus au bord du malaise, me promettant de n’en parler à personne, sauf au docteur Frébault, à qui je n’ai jamais rien caché. Celui-ci ne s’en étonna pas, connaissant les trésors d’ingéniosité de ses patients pour arriver à leurs fins. Il ajouta que Xavier était passé maître dans ce genre d’exercice. C’était l’anéantissement de tous nos efforts. Aucun d’entre nous n’aurait pu imaginer que Xavier irait jusqu’à mendier dans la rue. Rien ne l’arrêtait, pour trouver l’argent dont il avait besoin afin de s’acheter drogue ou alcool…

Extrait de "Mon fils est schizophrène", de Dominique Laporte, publié chez François Bourin, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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