Mario Draghi, ce pompier de la zone euro contraint de violer les traités à cause de la passivité des dirigeants politiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Il a suffi que « le pompier de la zone euro » annonce qu’il « ferait tout pour sauver la monnaie européenne » pour que les marchés s’envolent.
Il a suffi que « le pompier de la zone euro » annonce qu’il « ferait tout pour sauver la monnaie européenne » pour que les marchés s’envolent.
©Reuters

Revue d'analyses (financières)

Dans l’œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Malgré les résolutions du dernier sommet, le coût de refinancement de l’Espagne et de l’Italie était devenu intenable. C’est pourquoi, Mario Draghi, patron de la BCE,  s’apprête à violer une nouvelle fois les traités européens, en achetant des obligations d’Etat sur le marché secondaire  par l’intermédiaire du fonds de sauvetage. Il a suffi que « le pompier de la zone euro » annonce qu’il « ferait tout pour sauver la monnaie européenne » pour que les marchés s’envolent. Le bazooka est une excellente arme, mais il ne dispense pas les hommes politiques de faire leur travail essentiel, qui est de diminuer l’importance des Etats dans l’économie, pour libérer le secteur privé, seul capable de créer des emplois durables dans le secteur concurrentiel.

C’est George Soros patron de « The institute for New EconomicTthinking » qui a probablement été le catalyste des annonces de la semaine. Il a signé avec 17 autres économistes (dont Patrick Artus chef économiste de Natixis) un manifeste recommandant aux institutions d’intervenir très rapidement avant qu’il ne soit trop tard.

Pratiquement sur le même ton, Mohamed El-Rian de Pimco à Los Angeles, a lancé un avertissement solennel sur le fait que les non décisions des hommes politiques des deux côtés de l’Atlantique menaient tout droit vers une dépression globale synchronisée, ce qui était bien évidemment le plus mauvais des scénarios.

Marchés actions : même l’Allemagne commence à ralentir

En Europe, l’indice PMI s’est dégradé pour le dixième mois consécutif, ce qui n’est malheureusement pas une surprise. L’accès au crédit toujours restreint. La variation de l’encours de crédit bancaire à destination des ménages a baissé de 2 Mds€ en juin (après une stagnation le mois précédent). En ce qui concerne les entreprises, le crédit bancaire s’est replié de 1 Md€ en juin (après -6 Mds€ en mai) et s’établit à -0.3% d’une année sur l’autre. En Europe, 20% des entreprises ont publié leurs résultats. Il y a eu du très bon pour SAP, EADS, Dassault Systèmes, LVMH, Swatch, Michelin, Vontobel et du beaucoup moins bon pour Saint Gobain Santander, Alcatel Lucent, Anglo American et Vallourec. La saison semble meilleure car les prévisions avaient été sérieusement abaissées. Maintenant, la croissance anticipée des BPA du DJ600 n’est plus que de 0.6% : deux fois plus d’entreprises ont battu les attentes de chiffre d’affaire par rapport à celles qui ont raté l’objectif ; 43.5% des sociétés ont battu les prévisions bénéficiaires et 34% les ont ratées. La pression sur les marges est donc bien réelle.

Pour Mislav Matejka le stratégiste Europe de JP Morgan le marché va continuer d’être écartelé de mauvais chiffres économiques, des résultats décevants et les effets favorables des mesures bazooka….

En France,  la confiance des ménages a baissé en juillet selon l’indice calculé par l’INSEE : -2 points à 87. Elle revient ainsi à son niveau de mars, si bien que la dégradation depuis le début de l’année est seulement légère. Toutefois, les détails révèlent un plus grand pessimisme que de prime abord : les ménages se montrent très inquiets du niveau de vie futur. En effet, le solde d’opinion s’écroule de 13 points, soit la baisse la plus importante depuis novembre 2007. De plus, ils sont nettement plus nombreux à anticiper une hausse du chômage.

Les entrepreneurs qui ont l’habitude de faire des comptes ont  maintenant bien compris que la taxe à 75 % sur les « très riches » complétée par la CSG, la CRDS et l’ISF conduira à un taux de pression fiscale frôlant les 100%. Parallèlement, on assèche l’épargne des ménages et des entreprises, on tue les stock options, on condamne les actionnaires. Il ne restera donc pas grand monde pour investir dans la  création d’emploi et la construction de logements…

Le chômage a monté en juin pour le 14ème mois consécutif.  Les hommes politiques, de droite comme de gauche, qui n’ont pas réussi à équilibrer un seul budget depuis 1973 ne sont pas les mieux placés pour donner des leçons de bonne gestion aux dirigeants de sociétés industrielles.

Si l’objectif de déficit zéro en 2017 est maintenu il faudra expliquer bientôt que cela détruira probablement encore 165 000 emplois de plus dans les  cinq ans qui viennent. Les emplois d’avenir et les contrats de génération ne changeront pas grand chose à la situation du marché de l’emploi. Pour créer des emplois, il faut que des employeurs privés aient envie d’en créer…

Même l’Allemagne est en train de ralentir comme le montrent bien les commentaires de Peter Löscher Président de Siemens  qui a annoncé que la dégradation de la conjoncture ne lui permettra pas d’atteindre ses objectifs 2012. Ses commandes ont baissé de 23% sur la période mars-juin par rapport à la même période de l’année dernière.

Aux Etats Unis, la situation est toujours contrastée.La croissance du PIB reste limitée mais en ligne avec les attentes. Le début du troisième trimestre ne laisse pas entrevoir un fort rebond de l’activité comme en témoigne les enquêtes manufacturières régionales pour le mois de juillet. Pour Nouriel Roubini patron de Roubini Economics,  l’économie américaine va aller de mal en pis. Il ne faut pas croire au conte de fée : baisse des prix du pétrole, remontée des prix de l’immobilier et réindustrialisation de l’Amérique. Un gros trou d’air devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année sur le marché américain selon Michael Riesner et Marc Müller analystes techniques chez UBS. Si le S&P 500 casse 1325 à la baisse on irait selon eux directement à 1100. L’indice Dow Jones a entamé une séquence de baisse qui devrait durer vingt ans. Pour Richard Russell éditeur de la « Dow Theory Letter » c’est le temps qui sera nécessaire pour réparer toutes les bêtises commises au cours des cinquante dernières années. Ces prises de position expliquent le succès rencontré par les trackers de la société Universa qui permettent de prendre une position à la baisse sur le marché américain : Horizons Universa Canadian Black Swan ETF (HUT) et Horizons Universa US Black Swan ETF (HUS). La société canadienne qui gère ces trackers bénéficie des conseils de Nassim Taleb,  professeur de l'ingénierie du risque a l'Institut Polytechnique de New York University. Spécialisé dans le risque d’événements rares et imprévus, Il est notamment le créateur de la théorie du cygne noir.

Comme on peut le voir l’optimisme n’est pas le sentiment le plus répandu parmi les stratégistes. En revanche, Cullen Roche, le patron du Think Tank Pragmatic Capitalism est positif sur les Etats Unis pour quatre raisons : 1/baisse du prix de l’énergie grâce au gaz de schiste qui va libérer du pouvoir d’achat, 2/des statistiques économiques qui s’améliorent lentement, 3/des mesures de stimulation qui vont être prises dans les marchés émergents, 4/une amélioration du marché de l’immobilier qui va resolvabiliser de nombreux ménages

Secteurs : avalanche de mauvais résultats dans la technologie

Dans le secteur de la technologie les résultats de Facebook ont déçu, ce qui a été sanctionné par une baisse du cours  de 8,5%, prenant la suite dans le domaine des medias sociaux de Groupon, Zynga et Yelp.

Apple a annoncé des résultats pour son T3 inférieurs aux prévisions des analystes, ce qui s’est traduit, une fois n’est pas coutume, par une baisse de 4,5% du cours. Le ralentissement des ventes de iPhone s’est immédiatement répercuté sur les fournisseurs de semi conducteurs (Qualcomm, Broadcom, Sandisk)

Zynga, le concepteur de jeu en ligne installés sur Facebook s’est effondré de 40%.Cela ne fera pas trop plaisir aux actionnaires de savoir que les dirigeants de l’entreprise, dont Marc Pincus le PDG,  ont vendu à 12$ en avril dernier des actions de leur entreprise qui ne valent plus aujourd’hui que 3$ !

Amazon a vu son bénéfice plonger de 96%. Le chiffre d’affaires a baissé pour le cinquième trimestre consécutif.  Netflix a baissé de 14%

Cisco a sorti de mauvais résultats et  Alcatel Lucent  a annoncé la suppression de  5000 postes d’ici fin 2013 soit 6,4% de ses effectifs.

Seul Juniper Networks dans le cloud computing a monté de 5%

A noter de bons résultats pour Philips a progressé de 5% et le fait que IBM ait pu emprunter de l’argent à 10 ans à 1,875% !

Dans cet environnement compliqué Max Kamir de Louis Capital, qui reste courageusement derrière ses écrans pour surveiller l’évolution de « La guerre des tablettes » pendant que d’autres sont à la plage, recommande deux valeurs : Dialog la meilleure société européenne selon lui et Nvidia le fabricant du semi conducteur Tegra et bientôt du Miracast….

Automobile : le « Plan Montebourg » pour l’automobile a accouché d’une souris. Une fois de plus, l’Etat va devoir subventionner avec de l’argent qu’il n’a pas, les Français qui achèteront une voiture neuve électrique ou hybride (1% du marché actuellement). A aucun moment le mot compétitivité n’a été prononcé…Il n’est pas du tout sûr que face à Toyota leader mondial en véhicules hybrides, la stratégie du tout électrique des constructeurs français pourra être efficace. Pour bien rappeler que le problème de PSA ne concernait pas que la famille Peugeot il suffisait de regarder les résultats des entreprises du secteur : Renault a vu ses bénéfices reculer de 39% au premier semestre. Ford dont les résultats ont baissé de 57% a annoncé que le montant de ses pertes en Europe allait doubler. Leif Östling le patron de Scania ne voit pas de lumière au bout du tunnel.

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