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Macron face aux retraités, mais pourquoi tant de haine ?
©GEORGES GOBET / AFP

Atlantico Business

Budget : taper dans le pouvoir d’achat des retraités n’était peut-être pas la meilleure des solutions pour redresser les comptes sociaux. Les retraités de France ont le sentiment d’être les grands perdants de la politique Macron.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les retraités français vont finir par penser qu’ils sont victimes d’un acharnement thérapeutique de la part du gouvernement et surtout du président de la République. La hausse de la CSG à peine digérée, voilà que les seniors vont devoir supporter la non-indexation des pensions à un moment où l’inflation se redresse un peu.

Les retraités savent compter. Si on augmente les pensions de 0,3% alors que l’inflation est attendue à 2,3%, ils vont perdre 2% de pouvoir d’achat. Alors que leur CSG a déjà augmenté de 3,7%.

L’opposition politique a évidemment enfourché ce cheval de bataille pour attaquer le terrain politique. A l’extrême gauche comme à droite avec Laurent Wauquiez, on n’hésite pas à sortir le canon pour tirer à vue sur tout ce qui bouge du côté du gouvernement en se disant que 6 millions de retraités qui vont se sentir en détresse, c’est quelques électeurs de moins pour la France en Marche et quelques votants de plus pour les nostalgiques de François Hollande ou ceux qui sont restés ancre chez les républicains ?

L’argumentaire va marcher mais il est évidemment un peu grossier.

D’abord parce que pour être objectif et cohérent, il faudrait intégrer dans l’équation la suppression de la taxe d’habitation qui doit, dans la grande majorité des cas, compenser les pertes recensées depuis trois jours.

Ensuite, parce que tous les retraités ne sont pas logés à à la même enseigne. Sur 6 millions de retraités, il y en a 550 000 environ qui sont au minimum vieillesse et moins, donc qui sont dans une vraie détresse dont on devrait se préoccuper plutôt que de les pressurer encore davantage.

La grande majorité des retraités sont plutôt mieux traités financièrement que les actifs. La plupart ont beaucoup cotisé, ils ont assez peu souffert du chômage, plus de la moitié sont propriétaires de leurs logements et leurs logements sont pour la plupart suréquipés. Ils ont donc des besoins de consommation moindre que les actifs et surtout différents... alors certes ils ont beaucoup travaillé, pour se constituer cette retraite, mais il y a beaucoup de jeunes qui voudraient avoir la garantie de perspectives aussi claires.

Alors pourquoi Emmanuel Macron donne-t-il l’impression de taper dans la cagnotte des retraités pour financer les efforts de compétitivité et les dépenses budgétaires, au point de s'aliéner cet électorat qui ne l’a pas boudé lors de la présidentielle?

Il tape sur les retraités pour une seule raison : priorité à la compétitivité et au travail. Il pense que le redressement de l’économie française dépend des français productifs, ceux qui créent de la richesse et pas forcément ceux qui touchent des revenus de redistribution, à commencer par les retraités.

Son diagnostic se tient. La France a besoin de renforcer sa compétitivité, mais le remède qui consiste à taper sur les retraités n’est peut-être pas le meilleur, parce que les retraités vivent théoriquement de ce qui leur est réparti, mais en réalité, ils vivent des points de cotisation qu’ils ont accumulés pendant leur vie de travail. Ils vivent donc de leur épargne retraite d’où leur sentiment que cette retraite est inaliénable.

Si Emmanuel Macron avait voulu donner la priorité absolue au travail, il aurait favorisé davantage le revenu du travail, il aurait dû permettre de travailler plus. Et surtout, faire sauter enfin le carcan des 35 heures qui est certes fissuré par un tas de combines mais qui pèse encore sur la culture travail dans le pays. Nous sommes le pays au monde où le travail est le moins long et où il est le moins compétent, d’où l’importance du chômage structurel. L’effort de formation va sans doute améliorer l'expertise et l’employabilité mais ça va demander des années. Restera la durée du travail et l’âge légal de départ à la retraite.

Une des conséquences les plus fortes de cette politique qui a ciblé les retraités sera d’accélérer la pédagogie des jeunes actifs sur les systèmes de retraite par capitalisation. Les professionnels de l’assurance ne manqueront pas d’arguments. En pénalisant les retraités actuels, Emmanuel Macron contribue à tuer les systèmes par répartition qui sont soumis aux contraintes de la solidarité. Donc aux contraintes politiques.

Les régimes par capitalisation dépendent principalement de l’habileté des gestionnaires de fonds et des mandats qu’ils reçoivent de la part de leurs adhérents.

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