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nouvelle année 2021 prospective saint-sylvestre science médecine technologie géopolitique
nouvelle année 2021 prospective saint-sylvestre science médecine technologie géopolitique
©ARMEND NIMANI / AFP

Nouvel An

Alors que l'année 2020 a été marquée par la pandémie de Covid-19, des attentats et la crise économique, l'an 2021 qui débute pourrait être annonciateur de motifs d'espoir sur le plan scientifique, géopolitique, économique et médical.

Jean-Paul Oury

Jean-Paul Oury, Docteur en histoire des sciences et technologies, auteur de La querelle des OGM (PUF)

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Mathieu  Mucherie

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie est économiste de marché à Paris, et s'exprime ici à titre personnel.

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Florent Parmentier

Florent Parmentier

Florent Parmentier est enseignant à Sciences Po et chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC. Il a récemment publié La Moldavie à la croisée des mondes (avec Josette Durrieu) ainsi que Les chemins de l’Etat de droit, la voie étroite des pays entre Europe et Russie. Il est le créateur avec Cyrille Bret du blog Eurasia Prospective

Pour le suivre sur Twitter : @FlorentParmenti

 

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Collectif Du Côté de la Science

Collectif Du Côté de la Science

Le collectif Du Côté de la Science, groupe indépendant de scientifiques, alerte et conseille sur la lutte contre le COVID-19, et appelle à ce qu’elle soit fondée sur les données de la science et débattue avec des citoyens informés.

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Les raisons d'espérer sur le plan médical pour 2021

Collectif Du Côté de la Science : Que peut-on espérer pour 2021, après une année 2020 qui a plongé notre monde dans la sidération et la peur, après l’arrivée d’une grippe qui ne devait pourtant tuer “que 3 chinois et faire moins de décès que les accidents de trottinette ?” Une pandémie qui a tué à ce jour 1,6 millions de personnes et a touché plus de 75 millions d’êtres humains.

Les vaccins, en cours de livraison, ou en fin d’étude, seront l'un des éléments clé de l’année à venir. Ils seront, non pas le moyen de revenir immédiatement à la situation d’avant, mais de s’en approcher, en particulier dans les pays les plus riches et les plus organisés. Ils seront le moyen de limiter les mesures de restriction, si difficile à supporter depuis des mois, et pourtant nécessaires. 

La technique ARNm utilisée est aussi source d’espoir car elle peut être déclinée dans d’autres domaines, et il est possible qu’en 2021 nous puissions assister à de nouvelles avancées, comme celle, passée assez inaperçue en 2020, et qui portera ses fruits en 2021: le vaccin contre Ebola.

Mais ce ne sera pas pour le début de l’année, qui s'annonce très difficile, avec un possible échappement incontrôlé, comme l’indique le Pr JF Delfraissy, sans être écouté. C’est aussi pour cela qu’il faudra tenir bon, au moins un ou deux trimestres. Et puis l’été sera là.

Alors les courbes devraient être favorables, et si de nouveaux variants n'émergent pas, la vie devrait reprendre presque son cours, d’autant que de nombreux protocoles de traitements (hors vaccin) sont encore en cours, et que nous avons beaucoup appris de nos erreurs ; il n’a fallu que 4 mois pour que RECOVERY apporte la preuve que les corticoïdes sauvaient des vies, par exemple.

La voie des anticorps monoclonaux semble aussi prometteuse, si l’on peut améliorer les contraintes de fabrication, diminuer les doses nécessaires, et les administrer très précocement. L’interféron béta, autre solution à l’étude, sera à surveiller en 2021.

Notre vie devrait aussi être facilitée par la généralisation de tests moins invasifs et rebutants, plus rapides, tels que tests salivaires, permettant des décisions de vie plus adaptées. 

Enfin, tous les patients devraient pouvoir reprendre un suivi plus habituel et adapté, les personnes isolées et vulnérables devraient pouvoir reprendre une vie mise entre parenthèses depuis de longs mois, et les plaies psychologiques et économiques devraient être mieux pansées. 

Dans le monde, les avancées sur l’accès à l’IVG, notamment en Amérique du Sud, amélioreront la vie des femmes en 2021, et leur recours à un médecin, plutôt qu’à un cintre.

Tout cela peut avoir lieu, en particulier si nous continuons à nous inspirer des méthodes et des données des sciences pour débattre, dépasser les conflits et décider en confiance, en refusant les clivages stériles, et les théories farfelues de ceux qui veulent instiller une défiance systématique et paralyser notre société.

L’année 2020 a été difficile, mais de nombreuses avancées ont aussi eu lieu. 2021 permettra de les mettre en application. 

Les raisons d'espérer sur le plan économique pour 2021

Mathieu Mucherie : La rédaction d’Atlantico exagère : elle me demande de parler des choses positives à venir en 2021 ! Dans l’économie, de la zone euro !! Je vais essayer, mais, il faut une bonne dose de foi, et surtout de mauvaise foi :

1/ comme en 2020, il n’y aura plus de morts par la grippe. Officiellement, on ne meurt plus que du Covid, cela simplifie les choses et c’est déjà ça,

2/ il y a de la marge pour améliorer les politiques monétaires et sanitaires en zone euro, marquées par le « stop and go » le plus improvisé et le plus keynésien. Comment faire plus nulle que la réunion BCE de décembre dernier, et comment faire une campagne vaccinale plus lente que celle du gouvernement français cet hiver, sponsorisée par Dunlopilo ? 

3/ même remarque pour le pseudo-plan de relance budgétaire pseudo-européen, ce gloubi-boulga de 750 milliards à la charge de nos enfants, discuté pendant des mois, décidé en juillet, ratifié cet hiver, et qui arrivera quand on n’aura plus besoin de lui. Comme on ne peut pas faire plus lent, plus clientéliste et plus hors-sujet, le plan européen ne peut que s’améliorer, idem pour les plans nationaux ; encore faudrait-il s’inspirer des bonnes pratiques. Il faut 3 choses dans un projet : un objectif (sinon, c’est du vagabondage), un responsable (et non un comité), un budget (si possible financé, qui peut croire une seconde que le tarif extérieur comment et une taxe sur les GAFA va financer ce plan ?) ; qu’un seul de ces éléments manque, et il ne peut y avoir d’évaluation sérieuse, donc pas d’amélioration possible. Où est l’objectif (l’emploi ? la réduction des émissions de carbone ? la demande, l’offre ?) ? Où est le responsable (la Commission ? les pays ? et quid de la BCE ?) ? Où est le budget crédible (qui va payer ? quand ? comment ?) ?      

4/ comme depuis des années, les chinois travaillent pour nous. Tant que leur économie carbure, tant que le commerce international rebondit, nous sommes sauvés et nous pouvons continuer notre vie de passagers clandestins. Bien entendu à moyen-terme il y a leur montée en gamme, qui ne nous laissera plus que quelques niches (situation radicalement incompatible avec l’égalitarisme que nous revendiquons), mais le déluge n’est pas pour 2021,

5/ et puis au moins nous serons débarrassés de la saga du Brexit, qui servait de diversion depuis 5 ans. Il parait que le Royaume-Uni devait péricliter, nous verrons bien. Pour l’heure ils éviter l’euro trop cher, ce qui devrait les autoriser à faire mieux que nous en 2021,

6/ le thème de l’annulation des dettes dans le bilan de la banque centrale avance un peu ces derniers temps. En 2021 il va encore avancer avec les dettes étudiantes américaines ; il n’est pas interdit d’espérer en zone euro avec un bilan gargantuesque à Francfort et des dettes Covid manifestement surnuméraires et dénuées d’aléa moral. Mais c’est peut-être aller un peu vite et un peu loin dans l’optimisme.

Les raisons d’espérer sur le plan scientifique et technique pour 2021

Jean-Paul Oury : Tous les zélotes de l’écologisme (défini comme idéologie politique) ont vu dans la pandémie de 2020 une confirmation de leurs thèses : ainsi Nicolas Hulot, par exemple, a parlé d’un ultimatum que la nature envoyait à notre civilisation. Les déclinistes voudraient ajouter de la décroissance volontaire à la décroissance subie. Mais l’homme de la rue risque de s’apercevoir que ces thèses ne tiennent pas la route. Et si comme nous le montrons dans Greta a tué Einstein, la vision prométhéenne de la science et de la technologie a pris du plomb dans l’aile, cette crise pourrait bien être finalement salutaire. Car l’opinion va se rendre compte que l’idéologie verte est loin d’être une planche de salut qu’on lui a vendu et que le progrès amené par la civilisation des Lumières a tout de même du bon. Le retour à la réalité s’est déjà fait sentir et le besoin d’avoir une recherche toujours plus performante ne s’arrête pas à la médecine et la course au vaccin. C’est un tout et dans les circonstances graves qui ont frappé notre société, il était plus que jamais important d’avoir une agro-industrie performante capable de subvenir aux besoins des citoyens confinés pour empêcher les pénuries, ainsi qu’un système de fourniture d’énergie qui tienne la route pour éviter les black-outs. Sans cela, nos malheurs auraient été pires.

Nous avons donc toutes les raisons d’espérer que l’opinion, récemment sous l’influence des collapsologues et prophètes de malheur, se ressaisisse et se mettre à croire de nouveau aux avantages que lui procure la science. Mais comme nous l’expliquons, cela ne se fera pas tout seul. Il faut  un effort de la part des scientifiques  pour mieux communiquer sur les technologies et notamment montrer que celles-ci ne vont pas à l’encontre de la Nature. Concrètement, dans le secteur des NBT, il faut expliquer que Crispr-Cas9 permet de modifier plus facilement le vivant à des coûts moins onéreux et sans nécessairement transgresser la barrière des espèces (ce qui repoussait les anti-OGM). Dans le secteur du nucléaire, les chercheurs doivent montrer que cette source d’énergie est la plus efficace et qu’elle nous permettra d’atteindre les objectifs climatiques, tout en démontrant à l’opinion,  marquée par des accidents spectaculaires, que les autres systèmes sont moins efficients, voire plus dangereux. Dans le secteur de l’agriculture intelligente, il faut montrer que la maîtrise de nombreuses technologies (drones, système d’arrosage, blockchain...) permettent de produire davantage tout en respectant l’environnement. Enfin, il faut arrêter de fantasmer sur l’IA (va-t-elle nous faire perdre nos emplois, va-t-elle nous contrôler ?) et la considérer comme un outil dont nous avons le contrôle et permet d’accomplir plus précisément et plus rapidement certaines tâches - par exemple la découverte de certains médicaments -. Au travers de tous ces sujets, c’est la question de la politique scientifique qui est en train d’émerger. Pendant des années on a délégué celle-ci à l’écologisme. Il est tant que les défenseurs de la vision prométhéenne de la science s’engagent davantage au service de ces causes et réussissent à convaincre l’opinion de leurs bien-fondés tout en challengeant l’idéologie écologiste sur sa vision monopolistique et biaisée du concept de Nature. Le COVID a suscité une prise de conscience dans l’opinion : notre bien-être n’est pas acquis et repose plus que jamais sur le progrès scientifique et technique. C’est une chance inespérée pour faire comprendre qu’il s’agit d’un chantier perpétuel et qu’il n’est jamais  temps de baisser la garde, surtout en période de pandémie.

Jean-Paul Oury est docteur en histoire des sciences et technologies et consultant. Il est l'auteur de La Querelle des OGM (PUF, 2006) et Greta a tué Einstein (VA éditions, 2020).

Les raisons d'espérer sur le plan géopolitique pour 2021

Florent Parmentier : "Si l'optimisme n'est guère de saison, il faudra néanmoins suivre l'année 2021 avec intérêt et rester avide de bonnes nouvelles. 

Les Européens se sont engagés, depuis la fin de 2019, dans la voie exigeante d'une souveraineté technologique plus forte. Il leur faut pour cela compter sur leurs propres forces, et l'on peut espérer que les dépendances qu'ils ont constaté dans cette voie en 2020 les guideront pour l'avenir. 

En outre, le multilatéralisme, malmené depuis plusieurs années, devrait regagner un peu de vigueur pour l'année à venir. Le simple départ de Donald Trump n'y suffira pas : les Etats-Unis défendront les intérêts devant ceux de leurs alliés, il convient donc juste pour les Européens de s'adapter à cette nouvelle donne moins défavorable sans nourrir de naïveté dont ils sont coutumiers. Dans une montée de tensions sino-américaines, les Européens ne doivent pas apparaître comme les sacrifiés de cette histoire, délégant leur souveraineté à Washington, à Pékin, à Moscou ou ailleurs. Ils ont d'ailleurs montré avec le Brexit qu'ils pouvaient former un tout cohérent, même dans une négociation compliquée où ils ont parfois montré plus de continuité et de solidité que le Parlement britannique lui-même !

Enfin, les combats pour plus de justice et de libertés continuent. Là où les femmes argentines ont conquis le droit de l'IVG, les femmes polonaises ont montré leur détermination à le conserver. Les Biélorusses continuent à manifester courageusement semaines après semaines. A différents endroits de la planète, leurs combats sont les nôtres. Sachons les reconnaître - et ayons le courage de changer ce qui doit l'être !"

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