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Les habitants et entrepreneurs de Floride à la plage, les nôtres enfermés
©SAM GREENWOOD / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Tout, dans la gestion de cette crise, flotte entre l’amateurisme et le scandale d’État. Il est facile de critiquer, et l’exercice du pouvoir en pleine crise est un art incertain. Mais il y a le flottement et le naufrage, malheureusement pour la France, nous coulons. Pourquoi nous ?

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Hier, le 19 avril, les baigneurs retrouvaient le plaisir d’aller à la plage, de surfer, de nager, mais pas de bronzer, ni de faire griller sa pièce de bœuf néanmoins. Ce spectacle d’un État dans lequel on compte seulement 700 morts du covid19, malgré la présence il y a 1 mois des « spring-breakers » qui apportèrent leur insouciance, leur envie de fêter le printemps, mais aussi une quantité généreuse de covid19 dans leurs bagages, a déclenché 2 types de réaction. Ceux qui ont créé un #tag « floridmorons » (les débiles, les abrutis), déclarant que se faire bronzer uniquement pour être plus beau dans son cercueil était indécent. Une autre, indiquait qu’avec 700 morts, rien ne justifiait de confiner une économie, qui pousse à la pauvreté, à la violence, au chômage non indemnisé, des millions de personnes. Je dois avouer que je penche pour la seconde attitude et que la France, aurait dû avoir le courage d’en faire autant.

Trump appelle à la reprise ? Un fou sans humanité, obsédé par sa réélection qui pourrait être mise en péril par une récession. Peut-être. Mais à nouveau, c’est lui qui sent mieux les américains que ses concurrents. 

Il sait qu’une large partie de la population, constituée de travailleurs illégaux, n’a plus de ressources financières, ne pourra bientôt plus manger. Oui, manger ! Et viendra bientôt rôder autour des maisons pour voler, jusqu’au jour, où, désespéré, la situation sombrera dans la violence. Car un ventre vide ne connaît pas de limite, d’interdit, seule la loi du besoin fondamental, manger, l’emporte.

Il sait, lui, que rien ne remplace le chiffre d’affaire. Contrairement à nos énarques, qui ont pris de bonnes mesures, au moins à très court terme, en injectant dans l’économie en panique, de sommes dont personne ne connaît la provenance, ou plutôt le sait trop bien (la planche à billet), il sait que le seul antidote à la détresse respiratoire de l’économie, c’est le chiffre et rien d’autre. Reporter des charges, c’est reporter la détresse au lendemain. Aucun ou peu d’intérêt pour ceux qui ne se relèveront jamais. Pense-t-on vraiment en haut lieu que 2000 ou 5000€ empêcheront une société d’échapper à la faillite ? La méconnaissance de ce mécanisme de base, est pitoyable. Les restaurants qui seront fermés au-delà du 15 mai, pour la majorité, ne se relèveront pas. Jamais. 5000euros ? Cela paiera une partie des frais d’avocat de leur dépôt de bilan. Un enterrement de première classe. Trump le sait. Il est passé par là, en frôlant la faillite il y a quelques années.

Trump a compris, contrairement à nous, qu’il n’y avait aucune raison que les Etats totalement intouchés par le virus soient confinés. Les Gouverneurs des Etats concernés également. L’Arkansas a quelques morts et 8000 lits disponibles. Le confiner n’a aucun sens. C’est pourtant le choix fait par la France. Toute la France confinée, y compris dans les territoires les plus reculés, qui n’ont jamais vu l’ombre d’un virus, mais qui voit déjà planer l’ombre de la mort économique. Pourquoi confiner 36 000 communes pour moins de 10 dont les hôpitaux sont embouteillés ? Et encore, de moins en moins chaque jour. L’unité supplémentaire de 25 lits de l’hôpital St Joseph est ainsi supprimée depuis plusieurs jours déjà. La maladie tue peu, ou pas beaucoup plus que la grippe (elle est plus contagieuse et recèle plus d’effets secondaires), mais c’est le débordement de nos hôpitaux, son sous-équipement, le manque de masques, de respirateurs, de lits, et un personnel débordé, qui explique que des gens que l’on sauverait habituellement, ne sont pas sauvés cette fois. Nous refusons que les caméras du journal de 20H ne s’immobilisent sur des hôpitaux, qui refuseraient des patients, et préférons même affréter des hélicoptères ou des trains pour les traiter. « No comment ». 

Donc nous tuons notre économie, principalement pour éviter à la classe politique la honte que révèle la situation pitoyable de notre système hospitalier. Pour quelques centaines de personnes supplémentaires sauvées ou non, on préfère détourner la tête des dizaines de milliers que l’on condamne certainement à mort. Trump a décidé d’en faire autrement, bien que cela ne soit pas supporté par les sondages. Mais il sait que l’émotion du moment, qui soutient les sondages au profit de la lutte contre le virus et le fait de diminuer le nombre de mort, sera oubliée le jour où les gens réaliseront qu’ils y auront perdu leur emploi, et oublieront d’un coup, leur réponse d’un jour, « poétique », au sondage sur les priorités de la vie sur l’économie. Il faut parfois avoir le courage, de faire passer l’intérêt de la majorité, au prix de la vie de quelques-uns. 

Bien entendu, pas à n’importe quel prix. Il faudrait que les masques soient distribués à toutes et tous. Mais voilà, pour moi qui depuis quelques jours ait monté une opération de sauvetage des PME françaises, et découvre le monde de l’importation et de la vente des masques, je découvre un système que le président Macron qualifiait pendant son discours de « dysfonctionnement ». La réalité, c’est que c’est un scandale. Une gestion calamiteuse, terrifiante, gangrénée par une absence de stratégie, des normes qui changent de semaine en semaine, qui réquisitionne, mais n’en fait rien, des millions de masques bloqués derrière nos frontières, par manque de décision, pour un papier mal rempli. La douane préfère le formalisme, à la vie des hommes. Cela mériterait une enquête approfondie. C’est à l’avenant de toutes les décisions de nos élus et administration. L’exemple type était l’hérésie totale du jogging interdit entre 10 et 19H. Des milliers de sportifs ou simplement des hommes et femmes épuisés par un confinement à rallonge, qui désormais courent tous avant 10H ou après 19H, entassés par centaines ou milliers, là où ils étaient quelques dizaines avant. Toussant, respirant, crachant, postillonnant, à quelques centimètres les uns des autres, là où ils étaient bien espacés auparavant. La banlieue a renoncé 5 jours après avoir édicté cette mesure dont le premier imbécile de base aurait prédit l’effet. Paris l’applique encore. Hidalgo et Castaner. Des Champions !

Hong Kong, 8000 personnes au KM2, et moins de 100 morts. Pas de confinement. Des masques, des tests, des lits d’hôpitaux. Une discipline forte. Des applis et pas de « malades mentaux » pour estimer qu’il faut faire des recours devant la cour des droits de l’homme ou du conseil d’État, pour annuler l’obligation de porter un masque, ou lutter contre une appli signalant les malades. Tous ces gens qui portent ces recours, donnent pourtant leurs données à google ou à FB tous les jours. Trouver des politiques ou des juges pour leur donner raison, donne vraiment envie de s’expatrier aux USA au plus vite, pour reprendre le travail.

Nous sommes fous. Pour permettre aux gens de travailler et éviter la maladie il faudrait pouvoir connaître les comorbidités de nos salariés. C’était oublier la magie de la RGPD. On ne peut pas le savoir. Mieux vaut garantir la confidentialité des données, que la vie des hommes.

Nous sommes malades, non pas du virus, mais de notre incapacité à faire les bons choix, de notre engluement dans les procédures et les normes. Cette crise est un révélateur terrifiant de nos erreurs des 20 dernières années. La glace fond et révèle les cadavres. Ils sont nombreux, nous ferions donc mieux de nous occuper des vivants. Ils ne doivent pas être confinés.

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