Le pétrole baisse, l’euro et les matières premières aussi… Elisabeth Borne a présenté des mesures qui sont déjà obsolètes<!-- --> | Atlantico.fr
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Elisabeth Borne a proposé un certain nombre de mesures pour la sauvegarde du pouvoir d'achat lors de son discours de politique générale le mercredi 6 juillet.
Elisabeth Borne a proposé un certain nombre de mesures pour la sauvegarde du pouvoir d'achat lors de son discours de politique générale le mercredi 6 juillet.
©Ludovic MARIN / AFP

Atlantico Business

Les marchés sont plus efficaces pour rétablir les grands équilibres que les promesses politiques. Avant même que la Première ministre présente un plan de lutte pour le pouvoir d’achat, le pétrole et les matières premières ont amorcé leur baisse.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La réalité des marchés se venge toujours des promesses politiques. Au moment même où la Première ministre présente des solutions pour amortir le choc de linflation sur le pouvoir dachat, à ce moment-là, les chiffres et les indicateurs commencent à décrire une décrue possible de linflation. Me Elisabeth Borne a donc présenté un projet de redressement qui ne sera probablement plus dactualité dans deux mois.

Leuro est tombé hier au niveau du dollar, le pétrole sest effondré sur les marchés internationaux.Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, a encore dégringolé de 9,05% à 103,23 dollars, alors quil avait déjà dévissé de près de 10%. Plus fort encore, le baril américain, pour livraison en août, chutait quant à lui de 8,48% à 99,24 dollars, glissant sous les 100 dollars le baril. Ajoutons à cela le retournement du prix des matières premiers, et notamment du blé comme de toutes les céréales. Tout cela signifie que dans moins dun mois, ces retournements devraient se ressentir au niveau du consommateur. Tout cela signifie que la planète est traversée de mouvements parfois violents mais qui sont le plus souvent le résultat de la pression des marchés.

Leuro est tombé hier à 1 dollar 026 à son plus bas niveau depuis 20 ans. Mais cette évolution du change na pas que des inconvénients. Elle est logique. Pour la majorité des économistes ; la faute en revient à linflation et linflation en revient à la guerre.


Depuis février, la chute de la monnaie est réelle, sans discontinuer. On est passé de 1 dollar 12 à moins de 1 dollar 03 au plus bas depuis de décembre 2002. L
euro pourrait arriver à la parité avec le dollar assez rapidement avant la fin d’août.

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L
euro a aussi baissé face au franc suisse. Il ne gagne du terrain que face à la livre sterling ou au yen.

Mais tout cela sexplique. Dans une situation internationale un peu bousculée, le dollar joue son rôle de valeur refuge…Parce que la zone est très éloignée de la guerre en Ukraine, alors que lEurope voisine de lUkraine est en risque. Par ailleurs, lAmérique est moins touchée par la hausse des prix de l’énergie, parce quelle est autosuffisante. Surtout, la banque centrale américaine a démarré son cycle de hausse de taux. Or, quand les taux montent, la confiance dans la monnaie se renforce, et les investisseurs se frottent les mains. Comme la Fed devrait continuer d’être plus agressive que la BCE. Avec des taux plus élevés, elle attire aussi les capitaux, qui sont alors mieux rémunérés. Les marchés arbitrent, achètent du dollar et revendent de leuro.

Reste que ce mécanisme est aussi porteur de risques de ralentissement économique, voire de récession. Et les craintes sont présentes des deux côtes de lAtlantique.

Aux États-Unis, le PIB a déjà reculé de 1,5 % avec une économie qui paie là la conjugaison entre reprise de laprès covid, les mesures de relance de Joe Biden et la politique restrictive de la FED. Tout se passe comme si, dans une voiture, on avait conduit avec un pied sur le frein et un autre sur laccélérateur. Le moteur sessouffle, doù le ralentissement.


L
Europe avait été plus résiliente mais la crise du gaz similaire à la crise du pétrole dans les années 70 pourrait lentrainer plus vite et plus fort dans la récession. Les indicateurs dactivité qui montrent un fort ralentissement de la croissance en zone eur, surtout si on la compare à ce qui s’était passé au lendemain du covid ou lactivité avait explosé. On était moyen avant, on est reste moyen après. Pas dexploit mais pas de catastrophe.

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Leuro est faible parce que l’économie est faible.

Ce qui est intéressant, cest que le risque de récession lié à la guerre mais aussi à la gestion toxique du covid en Chine va, qu’on le veuille ou non, calmer les prix des produits énergétiques et des matières premières. Le mouvement a déjà commencé.

Le WTI américain a déjà glissé sous la barre symbolique des 100 dollars le baril, une première depuis près de deux mois. Le pétrole ayant franchi cet important "seuil psychologique", les analystes évoquent la possibilité d'une baisse des cours jusqu'à 85 dollars le baril. Les analystes de Citi attendent même des prix du pétrole à 65 dollars le baril d'ici à la fin de l'année, puis à 45 dollars en l'absence d'intervention de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Le même phénomène existe désormais sur beaucoup de matières premières quelles soient alimentaires ou pas. Le spectre de la récession mondiale a pris le pas sur les risques dapprovisionnement.  Le ralentissement de la demande est plus puissant que la pression exercée sur loffre par les affres de la guerre.  Doù le retour au calme probable sur les prix.

A trop vouloir réguler lactivité économique, les gouvernances agissent à contre coup des marchés. Joe Biden, à son arrivée au pouvoir, a voulu relancer l’économie américaine alors quelle couvait déjà une mauvaise fièvre. Le résultat, cest que la FED a durci sa position.

En France, à cause dune campagne politique un peu agitée, on sest polarisé sur des questions de pouvoir dachat grignoté par linflation. Très bien. Sauf que ce qu’on a pris pour une inflation généralisée n’était encore quune hausse de prix sur des produits très identifiés, particulièrement incontournables pour les revenus modestes. Les hausses de prix très ciblées appelaient des mesures ciblées. Pour des raisons politiques, sociales et techniques, le gouvernement a cédé à des remèdes généraux …Le marché opère les rééquilibrages, ce quil va faire. Cest sa fonction.

Mais le marché a besoin dautre chose. Il a besoin de réformes en profondeur sur les structures pour éviter les terrains inflationnistes. Au niveau international, les guerres sont inflationnistes, les régimes autoritaires aussi. Mais au niveau national, lampleur des dépenses publiques de fonctionnement combinée à leur inefficacité sont autrement plus inflationnistes.  Il sera presque plus facile darrêter la guerre que de guérir lobésité de ladministration française.

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