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Comment Eva Joly a-t-elle pu 
se trahir à ce point en soutenant 
le syndicaliste Mathieu 
contre le procureur ?
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La semaine Goldnadel

Cette semaine, Gilles-William Goldnadel revient sur le soutien d'Eva Joly à Xavier Mathieu, sur "les pratiques obscures" des responsables de la CFDT de SeaFrance et sur la Hongrie de Viktor Orban.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Naïf que j’étais. Que Mélenchon, Nathalie Artaud ou le gentil Poutou se rendent à Amiens pour manifester leur solidarité envers l’infortuné cégétiste Mathieu, à l’encontre duquel, le procureur général a osé réclamer une amende de 1500 euros pour avoir refusé de se plier à la loi qui oblige tout justiciable, dans les mêmes circonstances, à un prélèvement ADN, me paraissait inscrit dans leur patrimoine génétique. Mais Eva Joly !

Quand la juge Eva Joly encourage à violer la loi

J’ai souvent confessé ma faiblesse pour le magistrat instructeur que j’ai connu et qui, au moins par comparaison avec certains de ses collègues de la section financière de l’époque, ne ressemble pas à la caricature du juge inhumain et borné que j’ai vu dessinée tant de fois. Qu’on m’autorise une anecdote pour montrer qu’elle n’était pas dénuée d’un certain sens de l’humour dont sa sortie offusquée à l’encontre des gausseries sur son accent pourrait laisser douter.

Alors que je lui rendais visite, dans l’intérêt d’un mien client dans la peine, j’aperçois, ostensiblement accrochés aux murs de son cabinet, quelques tableaux de conjugaisons du présent et de l’imparfait du subjonctif. Perplexe, j’interroge alors l’interrogatrice professionnelle qui m’explique que l’un de ses mis en examen a réclamé le concours d’un interprète destiné à lui traduire les questions inintelligibles de sa scandinave de juge… Après nous être regardés en silence, nous sommes partis d’un fou rire irrépressible. Je puis en conséquence témoigner, qu’à l’époque, Eva ne manquait pas d’esprit d’autodérision. Las, il semblerait que la fréquentation des Verts ne lui réussisse que médiocrement.

Retour en Picardie. Je rappelle que le cégétiste avait bénéficié de l’infinie clémence de la juridiction correctionnelle de Compiègne qui l’avait relaxé de toute charge, en dépit du non-respect apparent de la réglementation en vigueur. Assez logiquement, le parquet avait fait appel, ne serait-ce qu’en raison du contexte de violence qui avait précédé l’infraction.

Que les éminences de la gauche extrême ne puissent admettre qu’un des leurs soit un justiciable comme un autre, nul ne peut l’ignorer, et on a pu apprécier leur efficacité, des manquements récidivants de José Bové, le syndicaliste, aux exactions terroristes de Battisti, l’écrivain. Il est vrai que la bienveillance médiatique relativise quelque peu la valeur de l’exploit.

Mais qu’un magistrat instructeur, qui a bâti sa réputation sur sa rigueur à réprimer sans failles la violation de la loi par quiconque, puisse à ce point se trahir lui-même, en dit long sur les ravages d’une idéologie abêtissante qui promeut l’esprit de caste.

"Les pratiques obscures" des responsables de la CFDT de SeaFrance

Compte tenu de leur conception intransigeante de la justice prolétarienne, je suggérerai à nos belles consciences de pousser jusqu’à Calais aux fins de soutenir les responsables de la CFDT de SeaFrance qui risquent de subir eux aussi les foudres de l’injustice.

Ils ne s’en laisseront certainement pas compter par les témoignages de ceux qui ont dénoncé leurs méthodes mafieuses et leurs menaces de mort.

La CFDT nationale vient de condamner, mais un peu tard, « les pratiques obscures et frauduleuses des responsables CFDT de SeaFrance ». Pourtant, dès 2009, la Cour des Comptes avait dénoncé les méthodes douteuses d’un syndicat qui monopolisait les recrutements opaques.

Il est vrai, que là encore, la presse, régionale ou nationale, si prompte à incriminer les politiques et les entrepreneurs, avait respecté l’omerta de rigueur. (Voir mon dernier blog notes : « Cette étonnante indulgence médiatique vis-à-vis des turpitudes syndicales »). Mais qui osera dire que ce sont les syndicats les moins représentatifs d’Europe, qui auront détruit les industries maritimes et portuaires françaises avec plus d’efficacité qu’un bombardement aérien ? Et ici, inutile d’incriminer la finance internationale où la concurrence chinoise.

Viktor Orban, un implacable dictateur ?

A l’étranger, Viktor Orban semble être devenu la nouvelle cible de la détestation obligatoire. Je flaire l’entourloupe. Au-delà de cette réflexion instinctive, il en faudra plus pour me persuader que le premier ministre hongrois s’est transformé en implacable dictateur.

Le fait que son projet constitutionnel prévoit de nommer désormais l’Etat magyar « Hongrie » et non plus « République de Hongrie » ne me révolte que très modérément. Comme le faisait remarquer le ministre hongrois des affaires étrangères, la plupart des pays n’utilisent pas la forme de l’Etat dans leur nom : la Roumanie, l’Autriche ou la Slovaquie pour ne citer que les pays voisins. Quant à la référence, dans le préambule, à la chrétienté, je souhaite, à l’aube de l’an neuf, à tous les pays islamiques du Maghreb et du Machrek de s’en tenir à ce rappel compréhensible de leurs racines culturelles.

Je ne dis pas qu’Orban doit être érigé en modèle démocratique absolu, mais si l’on pouvait éviter à une Europe en crise le psychodrame lamentable qu’a constitué l’entrée du regrettable et peu regretté, mais insignifiant Haider au sein d’une coalition gouvernementale autrichienne, ce serait toujours ça.

Mohamed Al Dabi, bras droit du président soudanais Omar Al Bachir

La mission des observateurs de la Ligue Arabe en Syrie tourne au mauvais vaudeville. Comment pourrait-il en être autrement, s’agissant d’un aréopage qui a toujours considéré les droits de l’homme comme une farce stupide ?

Dans ce cadre tragi-comique, la désignation comme chef de la délégation des observateurs, du général soudanais Mohamed Al Dabi, bras droit du président soudanais Omar Al Bachir, recherché pour crimes de guerre et génocide au Sud Soudan et au Darfour aurait du faire s’esclaffer la presse française.

Je lui souhaite pour 2012, sinon l’esprit critique, au moins le sens de l’humour.

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