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La roulette russe, mais à la française
©Thomas SAMSON / AFP

Lutte contre l'épidémie

Alain Rodier revient sur la question sanitaire liée au confinement et aux gestes barrières ainsi que sur l'attitude de certains citoyens ce week-end qui s'exposaient à des risques en pleine journée électorale, à l'occasion des élections municipales.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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Les écologistes urbains ont fait une percée électorale importante dans les grandes villes lors du premier tour des élections municipales en France. Miracle ! Il faut reconnaître que les bobos  écolos (en manque de verdure dans les cités) habituels de ce genre de vote, n’avaient plus de grands choix, tous les partis étant à la ramasse en raison des jeux politiciens bien franchouillards comme la nomenklatura hexagonale sait si bien les développer. Et pour un bobo écolo (pléonasme?), la vision idyllique de la nature manière Walt Disney est le "must". Revenus de leurs propriétés secondaires soigneusement entretenues, ils ne rêvent que petites fleurs dans la ville où ils résident. Certains ont d'ailleurs préféré aller s'y réfugier le temps du confinement décrété par le président Macron, ce qui n'est pas critiquable en soi sauf que cela a provoqué des mouvements de personnes supplémentaires qui, par nature, ne sont pas franchement écologiques. Surtout, cela augmente le risque de propagation du virus sur une superficie plus étendue encore.

Pour bien comprendre leur raisonnement, il convient de visionner quelques reportages de télévision-trottoir concernant le coronavirus. Des jeunes de 30/40 ans semblant - au moins dans leur apparence extérieure - correctement pourvus sur le plan financier, affirment n’avoir rien à faire des consignes données par les autorités qui s’appuient pourtant sur l’avis de scientifiques avertis. Ce week-end, ils ne voulaient pas se priver des rives enchantées du canal Saint Martin ou des pelouses du Bois de Boulogne.

A leur décharge, il est vrai que quelques voix discordantes dans le monde scientifique se sont fait entendre et semblent avoir séduit, au moins initialement, le Premier ministre britannique Boris Johnson. Il avait déclaré avoir décidé de laisser la pandémie se rependre, seuls les plus faibles - et donc les plus inutiles à la bonne marche de la société - pouvant en être les victimes. Mais revenant à la réalité des choses, il a lancé les mesures de protection comme dans le reste de l'Europe.

Pour revenir aux reportages cités plus-avant, les personnes interrogées ne se sentaient donc pas concernées (voire irritées par les questions jugées attentatoires à leur sacro-sainte liberté individuelle) car, selon certains avis médicaux aujourd'hui contestés, leur jeunesse les immuniserait du mal endémique actuel.

Ils nous donnent là une belle leçon de vie qui peut s’appeler "la roulette russe" à "la française". Précisons que la "roulette russe" consiste à mettre une cartouche dans le barillet d’un révolver et de le faire tourner sans vérifier si la balle est en face du canon puis de l’appuyer sur sa tempe avant de presser la détente. Pour ceux qui ne connaissent pas ce jeu fou et morbide, revoir le film Voyage au bout de l'enfer (The Deer Hunter en version originale) de Michael Cimino sorti en 1978. La différence de "la roulette russe" à son homologue "française" réside dans le fait que dans le premier cas, l’arme est pointée vers la tête du tireur, dans le second, c'est vers autrui. Car les "jeunes bobos" peuvent être porteurs du virus qui - selon les premières constatations médicales reste effectivement "relativement" peu dangereux pour eux -, mais ils ne sont pas moins des porteurs potentiels qui risquent de transmettre le mal aux autres qui, eux, peuvent en être sévèrement affectés voir en mourir (3% selon les statistiques officielles diffusées).

Ces jeunes privilégiés - amoureux d’une nature fantasmée qui ne tient pas compte de la ruralité ni des populations pauvres de la planète en pleine expansion qu’il va falloir nourrir dans les années à venir (les OGM font peut-être de la m… mais au moins, ceux qui la consomment ne meurent pas de faim en regardant les privilégiés se bâfrer de nourriture labellisée écologique) -  ne pensent bien sûr pas qu’à eux mais aussi à leur descendance, ce qui est parfaitement légitime. Ils affirment que c’est pour elle qu’ils souhaitent une planète écologique où l’on ne parle pas de la mort. Ce qui est gênant, c’est le fait qu’ils ne considèrent pas leurs semblables (sauf leurs proches) sur un même pied d’égalité. A souligner que certains apprécient - bien sûr sans le dire - une interdiction : celle d'aller visiter leurs anciens dans les EHPAD où ils ont eu tant de mal à les placer. Cela fait une corvée en moins!  

Mais le coronavirus risque de leur rappeler qu’ils sont, eux aussi, mortels ce qui est, à leurs yeux tout à fait inadmissible au moment où la société ne met en avant que des BCBG bronzés, en pleine forme physique et mentale. Pour ce dernier critère, il est légitime de se demander si cela est bien exact.      

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