L’inquiétude et le doute, les derniers (et meilleurs ?) moyens de défense de Patrick Buisson

« Le vrai pouvoir n’est pas celui dont vous disposez mais celui dont votre adversaire vous crédite ». Même s’il ne vient pas d’une école de pensée particulièrement chère à Patrick Buisson, ce principe de communication issu de l’Agit Propaganda soviétique semble avoir été fort bien intégré par l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Avec les preuves de l’existence de ces enregistrements pirates publiées par Atlantico et Le Canard Enchaîné, Patrick Buisson vient d’être pris en flagrant délit de trahison. Cela ne l’empêche en rien de s’enfoncer dans le mensonge en prétendant ces dernières heures, par la voix de son avocat, n’avoir jamais nié l’existence de ces enregistrements et d’avoir détruit au fur et à mesure ces "prises de note" destinées à faire des "contre-propositions de travail". Les informations réunies par Atlantico confirment au contraire que Patrick Buisson conservait précieusement ces très nombreux enregistrements comme autant de moyens de pression potentiels sur les protagonistes espionnés et donc de protection pour son auteur, perpétuellement inquiet de se voir reprocher son parcours idéologique au sein de l’extrême-droite. Plus encore, maniant doctement des "éléments de langage" minutieusement ciselés - c’est bien le moins de la part de celui dont c’était l’une des fonctions auprès de Nicolas Sarkozy - Patrick Buisson via son avocat, Me Gilles-William Goldnadel, répète depuis hier soir de plateaux télé en studios de radio, qu’il est "combatif", qu’il n’est "ni un François de Grossouvre, ni Pierre Bérégovoy" - comprenez qu’il ne se laissera pas abattre - et surtout qu’il "rendra coup pour coup".

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Condamné ce matin par l’intégralité de la classe politique française et acculé à une défense pour le moins insolite qui consiste à nier l’évidence et parler de faits "sans réelle importance", Patrick Buisson envoie ainsi un message très clair à l’ensemble de ceux qui ont, à un moment ou un autre entre 2007 et 2012, croisé son chemin.

Et c’est bien là la dernière cartouche dont dispose l’ancien conseiller désormais honni : l’inquiétude et l’interrogation de tous ceux qui ce matin se demandent si telle ou telle conversation ou réunion à laquelle ils ont participé a été ou non enregistrée, ou tout simplement ce qu’ils ont pu dire – et la façon et les mots avec lesquels ils l’avaient fait – tel ou tel jour où Patrick Buisson faisait partie des protagonistes assis autour de la table…

Il suffit de songer à la quantité des interlocuteurs reçus en plusieurs années par le président de la République ou par les membres de son cabinet, mais aussi à leur variété - responsables politiques, grands patrons, membres de la société civile, journalistes… - et celles des sujets évoqués - analyses politiques du moment, nominations dans les entreprises publiques ou l’administration, contrats… - pour comprendre le frisson qui glace des dizaines de personnes aujourd’hui.

Patrick Buisson parle de faits "anodins". S’il persiste dans la voie qu’il semble avoir choisi, il pourrait les transformer en authentique scandale d’Etat.