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L’économie française a rebondi de 18 % au 3ème trimestre, preuve que le système de production peut tenir, à condition qu’on lui fiche la paix...
©PHILIPPE MERLE / AFP

Atlantico Business

De quoi donner du baume au cœur des Français qui n’ont pas d’autre choix que de se confiner. L’Insee le reconnaît, l’économie française est capable d’un redémarrage sur les chapeaux de roues, encore faut-il qu’elle ne soit pas freinée sur sa lancée.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’économie française a rebondi de 18% entre le mois de juillet et la fin septembre. Rebond assez incroyable pour tous ceux qui prédisaient la ruine du système mais rebond qui correspond à la reprise générale en Europe puisque l’Allemagne, l’Europe du Nord et l’Italie ont connu des reprises un peu moins violentes, mais tout aussi spectaculaires.

Cette reprise prouve au moins une chose. Le système français a la capacité de repartir très vite dès que la confiance revient et que l’horizon s’éclaircit, si on a le sentiment que la bataille contre le Covid peut être gagnée.

Ce rebond prouve aussi que cette crise sanitaire historique n’a pas eu les mêmes effets que les autres. Cette crise, qui n’est malheureusement pas terminée n’est ni la guerre, ni le début de la fin du monde.

Ce rebond n’a été possible que parce qu’aucun actif de production n’a été détruit. Aucun. Pas même les contrats de travail. Le virus n’a pas démoli les usines, les routes ou les voies de chemins de fer, le virus n’a pas touché les bâtiments publics, il a simplement arrêté l'activité, stoppé net les moteurs, les camions, les avions. Dès qu’en juillet, on a retrouvé les clefs des moteurs, la machine est repartie.

La bourse, comme toujours, a pressenti cette résilience parce que jamais la bourse n’a craqué. Les boursiers ont dû faire des cauchemars pendant deux ou trois jours, mais pas plus, contrairement à ce qui s’est passé lors des grandes crises. De 1929 à 2008, on a toujours dû assumer la tempête boursière sur plusieurs années. Depuis le début de l’année la bourse a regardé le virus circuler autour de la planète et la baisse de mars a très vite été en partie effacé. Ça a semblé bizarre à tellement de chroniqueurs que bien peu ont osé en parler.

Alors divine surprise, erreur de calcul ou évolution attendue par quelques rares économistes ? Le ministre de l’Economie, de son côté, avait pressenti cette capacité de rebond mais Bruno Le Maire aujourd'hui ne doit plus savoir sur quel pied danser. S’enchanter des bons résultats annoncés sur la croissance réalisée au 3ème trimestre ou prévenir des nouveaux dommages possibles à l’économie pour le reconfinement du mois de novembre ? Avec une prévision qu’il faudrait réviser à la baisse et qui s’établira sans doute autour de -5% pour le dernier trimestre de l’année, ce qui donne au total -11% pour l’ensemble de l’année 2020.

Le ministre de l’Économie doit donc compter sur des résultats en dents de scie, mais il peut au moins se satisfaire du potentiel de redémarrage démontré par l’économie française. Lui comme beaucoup d’autres doit pester en silence que la France ait raté son déconfinement sanitaire parce que le déconfinement économique a été plutôt réussi.

Aujourd’hui, on revient comme au Monopoly à la case départ en passant par la case prison.

Ce qui est rageant dans cette affaire, c’est que la France suit le mouvement de la zone euro et dépasse même la moyenne européenne, qui est à +12,7% au 3ème trimestre par rapport au 2ème trimestre. Plus précisément, le PIB de la France a rebondi de 18,2% de juillet à septembre, celui de l’Allemagne de 8,2%, l'Italie de 16,1% et celui de l'Espagne de 16,7%.

Alors, personne ne se fait trop d’illusion. Le rebond français est deux fois plus fort que le regain d’activité en Allemagne, mais tout simplement parce que la France avait plongé deux fois plus. La France avait connu une dégringolade de 13,2% de sa croissance au 2ème trimestre.

Dans le détail, dans la reprise de l’activité au 3ème trimestre, on peut voir que les ménages ont recommencé à dépenser, la consommation s’est élevée de +17%, mais ce n’est pas encore ce qui constitue le cœur du rebond. C’est bien mais ce n’est pas le niveau d’avant-crise. Les particuliers restent très prudents quant à l’utilisation de leur épargne accumulée au cours des derniers mois.

Les dépenses des administrations publiques ont en revanche légèrement dépassé le niveau pré-Covid.

Plus surprenant, c’est l’investissement des entreprises, que l’on mesure par l’acquisition de nouveaux biens de production, qui a grimpé en flèche de +23% sur ces trois mois, alors qu’on pensait qu’on était planté. Ce qui veut dire que l’horizon se dégage un peu pour les anticipations de production des entreprises.

Tout cela signifie qu’une fois de plus, l’économie française dispose encore d’une cartouche de reprise, puisque c’est ce qui avait le plus diminué pendant la crise.

Et enfin, la France a pu compter sur ses exportations au 3ème trimestre. Elles ont bondi de 23% également, et le commerce extérieur devient un contributeur de croissance, c’est-à-dire qu’il n’y a pas eu de déficit commercial au 3ème trimestre, alors même que les gros moteurs de ce commerce extérieur sont en temps normal le tourisme et l’aéronautique. Avec le tourisme en panne et l’aéronautique en vrille, on s’aperçoit que l’économie française a quand même survécu.

Alors, la vigueur de ce commerce extérieur est principalement imputable à la reprise des économies, en Asie. Après le désastre du Covid lors de la saison 1, la Chine apporte une sorte de salut et de solution.

Le problème, c’est que la France aujourd’hui, tout comme la plupart des économies européennes, est retombée dans le trou noir du confinement. Le problème est que la France et son gouvernement ont fait tellement d’erreurs depuis le début qu’on a peine à croire que ce gouvernement n’en fera plus.

Tout ce qui s’est passé nous a appris au moins trois choses :

Premier point, un confinement presque total est sans doute le seul moyen d’arrêter levirus. C’est assez facile à réussir. Il suffit de semer la peur.

Deux, un déconfinement est nécessaire mais il faut beaucoup de talent et de compétences pour le réussir. On sait que la France a complètement raté le sien.

Trois, on sait désormais que la France a une capacité de résilience extraordinairement forte. Cette résilience n’est certainement pas la qualité première de l’administration, ni du gouvernement, ni même de ses services publics qui sont pourtant les plus chers du monde. Cette résilience est propre aux entreprises en situation de se battre. Ce sont les entreprises qui ont sauvé la fin de la saison 1 avec la preuve de ce rebond. Les entreprises dans toutes leurs composantes :

Les chefs d’entreprises qui n’ont pas baissé les bras, qui ont certes profité du PGE (une invention allemande) et qui ont eu raison.

Les salariés qui ont été protégés par le chômage partiel (une autre invention allemande). Les syndicats qui se sont montrés responsables, y compris la CGT. Parce que tous avaient compris que le pouvoir central coincé dans les contraintes administratives marchait à côté de la réalité.

Et les actionnaires français et étrangers qui ne se sont pas tirés avec l’oseille, comme disait Jean Gabin dans ce magnifique film sur les grandes familles.

La saison 2 du film du Covid commence, si on pouvait pour une fois laisser faire les chefs d’entreprise, on aurait peut-être une petite chance de ne pas rater le déconfinement. Les tests existent, ils sont fiables. Les vaccins se préparent et les traitements aussi. Il va falloir attendre encore six mois ou un an avant de pouvoir respirer, mais que l’administration pour une fois, une seule petite fois, laisse les gens de terrain travailler.

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