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Ingenico, très (trop ?) spéculatif
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Atlantico Bourse

Ils sont bien loin les 130€ atteints mi-2015 sur le titre Ingenico : depuis quelques semaines le cours du leader mondial des solutions de paiement intégrées se traine vers 65-67€.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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L’annonce des résultats de 2017 a fait effet d’une douche froide pour les investisseurs qui ont massivement vendu leurs actions Ingenico. Pourtant les résultats étaient en ligne avec les attentes…mais ce sont les perspectives pour 2018 qui ont  déçu.

L’impact de l’évolution négative des changes est estimé par la Direction du groupe à une trentaine de millions d’euros, et les acquisitions récentes comme Bambora ou Techprocess devraient encore peser sur les marges de 2018. Par ailleurs les ventes prévues cette année dans le secteur banque sont une nouvelle fois un peu décevantes ; le problème est que cette division pèse 53% des ventes annuelles d’Ingenico. Les autres divisions devraient réaliser de meilleures ventes mais les marges y sont plus faibles. On comprend mieux à la lecture de ces éléments que les investisseurs aient liquidé une partie de leurs positions.

Plus qu’une réaction épidermique et passagère concernant Ingenico, il est probable que la déception soit plus profonde et incite à une plus grande prudence. En effet, comme cela arrive parfois, une entreprise peut changer de statut en bourse. Un leader de son secteur, annonçant une croissance régulière, dirigée par des personnes n’ayant jamais déçu les marchés voit généralement son titre bénéficier d’une surcote. Ce fut longtemps le cas d’Ingenico : beaucoup de gérants et d’investisseurs privés intégraient systématiquement la valeur dans leur portefeuille et année après année la croissance étant au rendez-vous, le cours progressait. Lorsqu’une entreprise de ce type déçoit, la sanction est encore plus forte : la surcote disparaît et l’ajustement est très violent et très rapide.

A court-terme, il n’y a pas grand-chose à attendre sur le titre. En effet, la méfiance entoure désormais la valeur et ce d’autant plus que les résultats du premier semestre ne devraient pas inverser la tendance récente. De plus, les valeurs liées à la « technologie » subissent actuellement de fortes prises de bénéfices un peu partout dans le monde. Ingenico devrait donc logiquement restées sous pression encore quelques semaines au moins.

A plus long terme, d’après des communications récentes du PDG du groupe, M.Lazare, Ingenico reste une valeur de croissance. Il confirme que, même si les investisseurs s’inquiètent au sujet des ventes des terminaux de paiement (activité historique du groupe), l’activité autour du commerce numérique poursuit sa croissance. D’après lui, les investisseurs n’ont pas nécessairement encore pris en compte le fait qu’Ingenico est devenu un acteur crédible dans les paiements digitaux au niveau mondial.

Il est vrai que l’environnement reste favorable à Ingenico. L’évolution vers un monde « sans cash » constitue indubitablement un terreau favorable pour Ingenico que ce soit pour la partie terminaux de paiement et bien sûr pour la partie digitale.

Que faut-il faire sur le titre ? 

Comme nous l’avons vu plus haut, à court-terme, il y a logiquement peu à attendre. Les investisseurs patients confiants dans l’évolution des paiements digitaux pourront commencer à constituer des lignes…mais il faut s’attendre à des soubresauts sur le titre dans le sillage des valeurs du secteur de la technologie.

La baisse de 30% du titre sur les 3 derniers mois et la petite crise de confiance autour du management ont fait que des rumeurs d’OPA ont ressurgi. Atos/Worldline serait, d’après certains médias, sur le point de lancer une opération. Cette rumeur nous paraît peu réaliste pour le moment : une fusion se heurterait à de nombreux écueils opérationnels et financiers. Pour Atos/Worldline en particulier, la division « terminaux de paiement » pose problème : elle ne s’intègre pas vraiment à la stratégie de l’entreprise alors qu’elle pèse plus de la moitié des ventes. Le seul avantage tangible de ce type de rumeurs est que le titre revient sur le devant de l’actualité et bénéficie d’une « prime » spéculative.

Etant par nature des investisseurs patients, nous avons pris quelques positions de manière marginale sur le titre ces dernières semaines. Pour les investisseurs privés, l’investissement Ingenico  nous paraît par contre très voire trop risqué à court-terme du fait des incertitudes fondamentales autour du titre pour le premier semestre.

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