Guerre en coulisses : l'autre bataille de Mossoul<!-- --> | Atlantico.fr
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Des officiels disent que même s’ils sont heureux des résultats, ils ne célèbrent rien avant que les forces irakiennes et kurdes n’entrent dans le centre-ville. Cela montrerait la motivation des troupes de l'EI à se battre pour la capitale de son califat.
Des officiels disent que même s’ils sont heureux des résultats, ils ne célèbrent rien avant que les forces irakiennes et kurdes n’entrent dans le centre-ville. Cela montrerait la motivation des troupes de l'EI à se battre pour la capitale de son califat.
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Pas vue à la télé

La bataille pour reprendre la deuxième ville d’Irak à l'Etat Islamique ne se fait pas seulement sur le terrain. Des officiels à Bagdad, au Kurdistan et à Washington travaillent sur la communication et le récit qui va décrire cette bataille.

Nancy A. Youssef

Nancy A. Youssef

Nancy A. Youssef est une journaliste égypto-américaine. Elle est correspondante pour The Daily Beast.

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Nancy A. Youssef. The Daily Beast

Dès la fin de la première journée de la tant attendue offensive pour libérer la ville irakienne de Mossoul, il y avait déjà deux guerres, l'une sur le terrain et l'autre par des mots prononcés entre officiels qui cherchent à donner sens à la plus importante bataille livrée contre Daesh à ce jour.

Lundi dernier, certains officiels étaient enthousiastes à l’idée de déclarer que les pertes de Daesh seraient inévitables, malgré le fait que les djihadistes ont réussi à ralentir l’avancée des troupes alliées au sol grâce à des tirs de mortiers et à la fumée épaisse dégagée par la mise à feu des champs de pétrole. Des officiels irakiens affirment avoir repris possession de 17 villages. Les officiels américains insistent sur le fait que ce sont les Irakiens qui sont à l’initiative, même s'ils concèdent en privé que la bataille pour Mossoul mettra les troupes américaines en ligne de mire.

Et alors que les combats du jour commençaient à se calmer, les leaders kurdes ont affirmé que les forces arabes et kurdes allaient trouver un terrain d’entente durant cette bataille, malgré les tensions passées. "C’est la première fois que le sang des Peshmergas et des soldats irakiens sera mêlé dans une même bataille. Nous espérons que ça sera une bonne façon de créer un futur radieux pour les deux parties", a déclaré lundi dernier Massoud Barzani, le président de la région kurde.

Pendant ce temps-là, le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a déclaré que la première journée de la campagne était "en avance sur le programme", sans préciser dans quel sens. Un officiel du ministère de la Défense américain a déclaré au Daily Beast qu’il pensait que les forces irakiennes et kurdes allaient faire face à une résistance plus importante dans les prochains jours.

D’autres officiels disent que même s’ils étaient très heureux des résultats de lundi dernier, ils ne célébreraient rien avant que les forces irakiennes et kurdes n’entrent dans le centre-ville. Cela serait la mesure la plus précise pour jauger la motivation des troupes de l'Etat Islamique à se battre pour la capitale de son prétendu califat.

D’après une estimation américaine, les forces irakiennes et kurdes conjointes représentent entre 45 000 et 80 000 personnes qui se battent contre 5 000 soldats de Daesh. La coalition menée par les Etats-Unis conduit également des frappes aériennes pour le compte des forces irakiennes et des Peshmergas kurdes, y compris quatre frappes lundi dernier, d’après un communiqué de la coalition.

Plusieurs centaines de soldats américains au sol sont stationnés à l’arrière de la ligne de front, affirment des officiels de la Défense. Ils conseillent et fournissent des renseignements, du soutien aérien et d’autres formes d'assistance. Pour l’instant, ces forces sont restées derrière la ligne de front, a déclaré un officiel de la défense. Ils restent dans le camp de base des forces spéciales irakiennes, qui se déplacent vers le nord en direction de Mossoul alors que les forces kurdes vont vers l’ouest.

Les officiels américains ne savent pas quel risque prendront les forces américaines dans une bataille de Mossoul qui pourrait durer un mois. Est-ce qu'elles pourraient rentrer dans Mossoul, à côté de leurs homologues irakiens ? Lundi, devant des journalistes, Cook a d’abord déclaré que c’était possible, qu’il ne voulait exclure aucune possibilité. Plus tard, il a déclaré : ''Les Américains jouent de nouveau un rôle de conseiller, un facilitateur pour ces forces irakiennes… La plupart des forces américaines en Irak sont très loin du front. Le rôle des forces américaines aujourd’hui n’ira pas au-delà de ça", parlant de l’engagement américain de ces deux dernières années aux côtés des Irakiens dans la lutte contre Daesh.

Même avant le début de la bataille de Mossoul, il y avait un sentiment de victoire inévitable en faveur des forces irakiennes et des Peshmergas. Le souci concerne ce qui arrivera par la suite : lorsque le butin de cette ville riche en pétrole, à majorité sunnite et kurde, devra être partagé entre le gouvernement chiite, les milices chiites qui rejoignent la bataille, les forces irakiennes, les Peshmergas et des Etats comme la Turquie et l’Iran qui ont joué un rôle dans cette bataille contre Daesh.

C’est peut-être à cause de cela que certains essaient de façonner, par le biais de la rhétorique, la sortie de guerre bien avant que cela n'arrive, espérant que les mots d’aujourd’hui auront un effet sur les tensions de demain dans le Mossoul post-Daesh. Cook a déclaré que dans les deux prochains jours, la coalition larguera sept millions de brochures pour le million de civils piégés dans Mossoul, leur demandant de ne pas quitter la ville et de s’abriter afin de ne pas être pris pour des soldats de Daesh.

Les officiels américains affirment ne pas être au courant de morts du côté des forces arabes ou kurdes, ou même de morts de civils durant la première journée de combats. Mossoul, la deuxième plus grande ville d’Irak, est tombée aux mains de Daesh le 10 juin 2014, lorsque le groupe terroriste a facilement pris possession de la ville. Les forces irakiennes avaient fui la ville en se débarrassant de leurs uniformes. Reprendre Mossoul à Daesh signifierait la fin du mouvement terroriste en Irak, car il a perdu le contrôle de chaque ville qui était auparavant sous ses ordres, comme Falloujah, Ramadi, Baiji, Tikrit et Hit.

Le seul endroit dans lequel Daesh pourrait fuir, si Mossoul tombait, serait la ville voisine de Hawajah. Pour l’instant, les officiels américains indiquent qu’il n’y a aucun signe de mouvement de combattants en direction de cette ville depuis le début des opérations. "Durant les prochains jours, nous saurons à quel point ils ont envie de se battre" a conclu un officiel de la Défense.

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