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Explosion de la délinquance : voilà pourquoi la situation ne peut qu’empirer
©Valery HACHE / AFP

Insécurité

Un rapport de la cour des comptes alerte les pouvoirs publics sur l'explosion de la délinquance. Violences sur personnes, cambriolages, vols à la tire seraient en forte hausse dans la capitale. Un dérapage qui ne sera pas contrôlé aussi longtemps que les politiques sécuritaires et pénales ne seront pas réformées.

Philippe Bilger

Philippe Bilger

Philippe Bilger est président de l'Institut de la parole. Il a exercé pendant plus de vingt ans la fonction d'avocat général à la Cour d'assises de Paris, et est aujourd'hui magistrat honoraire. Il a été amené à requérir dans des grandes affaires qui ont défrayé la chronique judiciaire et politique (Le Pen, Duverger-Pétain, René Bousquet, Bob Denard, le gang des Barbares, Hélène Castel, etc.), mais aussi dans les grands scandales financiers des années 1990 (affaire Carrefour du développement, Pasqua). Il est l'auteur de La France en miettes (éditions Fayard), Ordre et Désordre (éditions Le Passeur, 2015). En 2017, il a publié La parole, rien qu'elle et Moi, Emmanuel Macron, je me dis que..., tous les deux aux Editions Le Cerf.

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Atlantico : Cette emballement de la délinquance est-il conjoncturel ou semble-t-il s'installer de manière endémique ?

Philippe Bilger : A mon avis il va s’installer de manière endémique. Que ce soit la droite ou la gauche on a vu se renforcer systématiquement la délinquance ou la violence sans réponse judiciaire pour l’entraver.

Cela profite d’un climat ambiant de laxisme. Je ne vois pas cette montée de la délinquance se stopper bien au contraire. Même si elle ne va pas monter de manière spectaculaire, car elle est déjà très élevée, elle va toutefois continuer à monter. C’est la conséquence de la mansuétude pénale, du laxisme judiciaire et de la dégradation de la moralité publique. Quel message envoie-t-on aux auteurs de violences quand leurs victimes sont affichées sur le mur des cons ?

Quelles réponses les pouvoirs publics sont-ils en mesure de donner ?

Je crois qu’il faudrait une bonne fois pour toute une politique pénale digne de ce nom. C’est-à-dire, pour commencer, une police et une gendarmerie assurées de pouvoir faire leur travail sans être entravées par un humanisme abstrait et contre-productif. Par ailleurs nous devrions avoir une magistrature consciente des enjeux des sécurité actuels afin d’assurer l’ordre et la tranquillité publique. Au niveau politique nous aurions besoins, globalement, d’un pouvoir qui permettrait de réprimer la délinquance, d’interpeller les fauteurs de trouble, de les condamner mais aussi de faire appliquer les peines. En définitive de ne pas abandonner les forces de l’ordre !

En revanche la tendance, ces dernières années, est de penser que la solution réside dans de nouvelles lois. C’est une fuite en avant qui fait croire qu’on agit quand on a voté une loi. On a tout dans l’arsenal pénal judiciaire et policier pour réprimer la délinquance de manière efficace. Il faut donc simplement appliquer lois actuelles. Le véritable problème, en définitive, est que malgré leur performance, ces lois ne sont pas appliquées avec rigueur. La raison en est la philosophie pénale qui prévaut aujourd’hui dans la magistrature. Elle est absolument contestable. Elle consiste à faire des délinquants des victimes de la société, des personnes insuffisamment prises en charges….

Quel impact politique cette violence politique pourrait-elle avoir ? Notamment à la veille des élections municipales ?

A court terme elle va continuer à amplifier le discrédit qui plombe le pouvoir macronien sur le plan de la sécurité. Car nous n’avons plus à proprement parler d’autorité de l’Etat. On a déjà connu ce genre de période mais il me semble que le processus s’aggrave.

Tout ce qui réduit l’autorité de l’état va favoriser la montée des phénomènes préoccupants dont on a parlé. Or je crois que le pouvoir politique laisse augmenter la violence et diffuse ce message de faible autorité de l’Etat. Ce qui me fait peur c’est qu’il y a de la délinquance qui progresse mécaniquement du fait du laxisme de la justice mais aussi du fait de l’état qui est de moins crédible à cause de sa fermeté de façade. Car l’état par sa pusillanimité, de fait, permet tout. Dans ses conditions on peut tout se permettre…. Cela va faire de notre pays quelque chose qui ressemblera à un lieu collectif de désordre.

Concernant les élections municipales je ne pense pas que la sécurité soit le principal enjeu. La ville de Paris traverse des problèmes protéiformes très nombreux. La sécurité n’en est, hélas, qu’un parmi tant d’autres.

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