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Tout se passe comme si le FMI travaillait plus pour les politiciens de Washington que pour les économistes d’entreprise.
Tout se passe comme si le FMI travaillait plus pour les politiciens de Washington que pour les économistes d’entreprise.
©MANDEL NGAN / AFP

Atlantico Business

La FED pousse plus haut les taux d’intérêt. Le risque de l’inflation existe, celui de la récession aussi, mais les entreprises ne les voient pas aussi nettement. Les prévisions de résultats ne sont pas mauvaises. Dans ces conditions, pourquoi le FMI est-il si noir ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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24 heures avant la banque centrale américaine qui a annoncé une nouvelle augmentation des taux, le FMI a cette semaine fait peur à tout le monde en décrivant un horizon pour l’économie mondiale très sombre, pour cause d’inflation et de resserrement de la politique monétaire de la FED.

L’organisation internationale annonce un ralentissement aggravé, notamment aux Etats-Unis et en Chine avec une perspective pour 2023 désespérante. Récession mondiale durable et profonde. Le FMI s’appuie sur la hausse des prix aux États-Unis (8% cette année) ce qui va raboter le pouvoir d’achat et freiner les investissements.

Le FMI n’y va pas de main morte. Il décrit une désorganisation des chaines de valeur d’autant que les restrictions liées au covid, à la guerre en Ukraine vont accélérer la dégradation de la situation.

De mémoire d’économistes, pour lesquels le FMI est parole l’évangile, les papes de l’économie mondiale ont rarement été aussi pessimistes.

Du côté des pays émergents, c’est la crise alimentaire qui va leur tomber dessus.

En Europe, les pays membres de l’Union européenne vont subir de plein fouet les effets de l’offensive russe sur l’Ukraine, et notamment les appareils industriels qui vont être désorganisés par les restrictions d’énergie.

Le FMI ne croit pas que l’accord européen pour réduire la consommation sera efficace et s’attend à des mouvements sociaux.

En prime, le FMI s’offre deux commentaires qui feront plaisir aux européens :

-D’une part, les experts précisent que les opinions publiques n’ont pas conscience des difficultés, parce qu’ils ne les ressentent pas. D’ailleurs, le taux de croissance (plus de 2%) ne traduit pas de ralentissement.

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-D’autre part, le FMI pense que la Russie ne souffre pas des sanctions et annonce que l’activité sera meilleure que ce qu’il avait initialement prévu, soit une décroissance de 6,5% au lieu de 8,5 %.

L’hiver sera donc très dur pour ne pas dire « redoutable », avec une croissance mondiale de 1% dans les pays riches. Enfin, ceux qui étaient riches comme les États-Unis, l’Europe, la GB… Pour le FMI, ce sera historique.

Ce qui est historique, c’est le rôle nouveau que peut jouer le FMI dans la diffusion des mauvaises nouvelles qui sont parfois auto réalisatrices.

Parce que si on regarde le calendrier, on a l’impression que tout cela n’arrive pas par hasard.

D’abord, ces prévisions très noires ne correspondent pas à la réalité enregistrée dans les comptes trimestriels des grandes entreprises. Parce que, au même moment ou presque, une vague de résultats d’entreprises déferle dans toutes les capitales du monde. A Paris, on aura eu, mercredi pas moins de 7 très grosses entreprises qui auront donné leur performance du 2eme trimestre : Danone, Eurofins scientifics, St Gobain, Téléperformance, Kering, Worldline, Airbus auxquelles il faudrait ajouter Atos, Eliot, Eramet, Fnac Darty, Nexity etc. etc.

A New-York, on attendait la plupart des grosses valeurs de la tech, puis l’aéronautique Boeing. Des entreprises du digital au luxe en passant par l’aviation, l’immobilier et l’agroalimentaire. L’ambiance était plutôt à se féliciter de croissance à deux chiffres avec des prévisions très zen pour la fin de l’année. Et si les prévisions de fin d’année tiennent jusqu’à Noël dans l’hiver qu’on annonce très froid, c’est que l’année 2023 sera finalement zen.

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Maintenant, c’est sans compter avec les politiques monétaires mais si les banques centrales resserrent toutes les taux d’intérêt sur la foi des prévisions publiées par le FMI, les entreprises ne changeront pas leur fusil d’épaule pour autant. 

Tout se passe comme si le FMI travaillait plus pour les politiciens de Washington que pour les économistes d’entreprise. L’écart entre les premiers et les seconds pose question. Parce que la croissance et l’activité sont quand même fabriquées par les entreprises.

Conséquence : si le FMI est aussi pessimiste, c’est que ça doit rendre service à la maison Blanche qui cherche à relancer la machine économique, à quelques mois des élections de mi-mandat.

Par ailleurs, si le FMI estime que la Russie ne souffre pas des sanctions ou de la guerre, alors qu’avec un recul de croissance de 6,5%, ça doit commencer à faire mal, c’est que la guerre en Ukraine ne doit pas trop gêner les américains. Peut-être même que les américains souhaiteraient, en leur for intérieur, que cette sale guerre se poursuive un moment.

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