Et si contrôler ses émotions était le premier pas pour vraiment perdre du poids ? <!-- --> | Atlantico.fr
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L'ennui, la colère, les chagrins d'amour peuvent pousser une personne à manger d'autant plus.
L'ennui, la colère, les chagrins d'amour peuvent pousser une personne à manger d'autant plus.
©Allociné

Psycho avide

Déprime, chagrin d'amour, ennui... Nos émotions sont parfois l'une des principales sources de nos envies de grignoter. Faut-il aussi aller chez le psy pour maigrir avant l'été ?

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard est psychanalyste. Elle est l'auteur du livre Comprendre l'obésité chez Albin Michel, et de Obésité, le poids des mots, les maux du poids chez Calmann-Lévy.

Elle est membre du Think Tank ObésitéS, premier groupe de réflexion français sur la question du surpoids. 

Co-auteur du livre "La femme qui voit de l'autre côté du miroir" chez Eyrolles. 

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Atlantico : Selon une enquête de l'Association américaine de psychologie, sur 1500 sondés, la moitié disent devoir accorder autant d'importance à la gestion de "l'alimentation émotionnelle" qu'à la réduction des apports caloriques ou à la pratique d'une activité physique. Que définit-on par alimentation émotionnelle ? Comment la différencier d'une alimentation "plaisir", nécessaire à un bon équilibre alimentaire ?  

Catherine Grangeard :L’alimentation émotionnelle n’est même pas forcément un plaisir ! Il ne faut pas confondre le fait de saliver en passant devant une boulangerie, lorsque de bonnes odeurs éveillent une envie de manger tenace car, comme son nom l’indique, l’alimentation émotionnelle découle d’émotions. Elle répond à l’appel de l’émotion. Il y a l’appel de la faim qui tout à fait différemment exige que l’on se nourrisse parce que l’estomac crie famine. Ainsi, lorsqu’une émotion envahit quelqu’un, elle la domine. Alors, il se peut que les réponses habituelles deviennent la nourriture. Car la nourriture apaise… Mais c’est une réponse « à la place » d’une autre que l’on s’interdit.

A quels facteurs ces épisodes d'alimentation émotionnelle sont-ils liés ? 

Les origines du recours à la nourriture émotionnelle sont singulières et se retrouvent inscrites dans l’histoire de chacun. Il suffit de les chercher ! Les facteurs déclenchant sont eux aussi individuels. Lorsque la personne peut les repérer, elle ne sera pas prise au dépourvu et pourra en éviter les effets. Bien sûr, s’ennuyer, être en difficulté, déprimer, tout ce qui est dans le négatif induit des compensations. Mais il peut aussi s’agir de moments agréables trop intenses, le plaisir est parfois aussi mal vécu, aussi curieux que cela paraisse comme cela, rationnellement.

On a repéré que lorsque les émotions dépassent un certain seuil (différent pour les uns et les autres, et c’est à chacun de connaître le sien), alors cet excès d’émotions entraîne des réactions psychiques et de là des réponses comportementales, dont le recours à la nourriture sans raison. Il s’agirait presque de se punir de tant de bonheur ! Comme vous le dites dans la question, il faut considérer à quoi ces épisodes sont liés, et revenir à la source.  

Quelles sont les thérapies qui ont fait leurs preuves ?

Chaque thérapie a ses avantages et ses inconvénients. Il y a aussi des modes, des moments où telle a le vent en poupe, ce sont des mouvements de balancier ! Ce qui est peut-être le plus essentiel, c’est le thérapeute ! Il est impératif qu’il convienne à la personne qui y a recours.

Il faut privilégier le repérage de ce qui est agissant, à l’insu de la personne et dans divers domaines de la vie. Il n'est pas utile de rester le nez sur le guidon et uniquement s’occuper des petites assiettes et des baskets. Arrachons, à la racine, les causes pour éviter la reproduction de comportements dont on regrette les conséquences.

Au quotidien, quelles sont les astuces faciles permettant de mieux gérer ses pulsions alimentaires émotionnelles ? 

Lorsque l’on est en mesure de repérer qu’il ne s’agit pas d’une vraie faim mais que des émotions se cachent derrière l’envie irrépressible de se nourrir, alors il devient possible de différer la réponse alimentaire : réintroduire de la temporalité permet de passer à autre chose. Alors que lorsque l’on a réellement faim, ça ne marche pas du tout, l’estomac continue à tirailler. Une fois que l’on sort de la pulsion, on peut faire intervenir la raison… on peut aller faire un tour ou prendre un bain, comme on veut, comme on peut ! On peut prendre une pomme pour attendre le dîner ou passer l’aspirateur… On peut se mettre en colère plutôt que le nez dans le frigo… On peut s’autoriser à pleurer. On peut refuser d’être le putching ball de la personne avec qui on vit, de son chef.

Si on sait ce qui origine cette pulsion, on sera d’autant capable de remettre les choses/les gens à leur place. Si on l’ignore, ça ne risque pas ! Tout ne se règle pas pour autant, comme par miracle, mais c’est déjà une ouverture pour commencer à s’y atteler. Il n’existe pas de recettes simples pour des problèmes complexes. Mais on évite la confusion. Alors, on n’est plus autant l’objet de ses émotions. C’est pour cela qu’il s’agit de ne pas sauter l’étape de savoir ce qui est aux commandes et d’en passer par le repérage de ce qui nous agite de l’intérieur et à notre insu. Lorsque les raisons pas raisonnables, inconscientes, prennent les commandes, elles sont trop fortes pour espérer les maîtriser, il faut agir en amont, au préalable et penser le long terme plutôt que rester dans l’immédiateté… C’est comme cela que l’on avance durablement. Et comme c’est plus efficace sur la durée, on peut comprendre pourquoi il vaut mieux se méfier de qui promet tout, tout de suite.

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